La dimension chronique sociale est l’aspect le plus intéressant du film, avec l'évocation du quotidien de ces agents d'entretien, principalement des femmes... Mais adapter en film le livre de Florence Aubenas, qui était une enquête journalistique en immersion, passe par une fictionnalisation que je n’ai pas trouvé toujours très convaincante.
(critique complète ci-dessous ou ici)
Marianne Winckler est écrivaine. Pour préparer son prochain livre et comprendre de l’intérieur le travail précaire, elle s’installe près de Caen, sans rien dire à personne, et rejoint incognito une entreprise de nettoyage. Elle va découvrir le monde de ces travailleuses de l’ombre, sa précarité mais aussi la solidarité qui les unisse, et va se lier d’amitié avec plusieurs d’entre elles.
Le film est inspiré du livre Le quai de Ouistreham de la journaliste Florence Aubenas, qui avait vécu six mois en immersion le quotidien d’une femme de ménage. La dimension chronique sociale est l’aspect le plus intéressant du film, avec l'évocation du quotidien de ces agents d'entretien, principalement des femmes : horaires éprouvants, cadences infernales, travail pénible, humiliations, le tout pour un salaire de misère. Le film met ici bien en valeur ces femmes, et parfois ces hommes, invisibles, avec un regard bienveillant et touchant. Pour ajouter à l’authenticité du récit, autour de Juliette Binoche, le casting est constitué de non-professionnels qui travaillent ou ont travaillé comme agent d’entretien.
Mais adapter en film le livre de Florence Aubenas, qui était une enquête journalistique en immersion, passe par une fictionnalisation que je n’ai pas trouvé toujours très convaincante. La journaliste devient romancière et une histoire d'amitié est au coeur du récit. C’est le ressort par lequel le film entend poser des questions autour de l’éthique de l'écrivaine, obligée de mentir pour préserver sa couverture, tout en se liant d’amitié avec d’autres femmes, dans leur vrai quotidien. Et je n’ai pas été convaincu par cet aspect de l’histoire.
Le film est donc intéressant, mais on est loin du souffle d’un film social à la Ken Loach, ou même de l’originalité et de la force d’un film comme Les Invisibles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire