lundi 25 septembre 2017

Barry Seal : Action Movie fun et caustique

Le film raconte l'histoire vraie de Barry Seal, pilote de la TWA recruté par la CIA pour mener à bien l'une des plus grosses opérations secrètes de l'histoire des Etats-Unis an Amérique centrale. Tour à tour (et à la fois !) au service des services secrets américains, du cartel de Medellin, du général Noriega, et... Barry Seal va finir par se retrouver avec tellement d'argent qu'il ne saura plus quoi en faire... Jusqu'à ce que la mécanique s'enraye.

Les faits réels sur lesquels le film est basé sont assez dingues et Doug Liman en tire avant tout un Action Movie fun et caustique. Fun par ses scènes d'action, ses rebondissements incroyables (mais vrais !), son montage nerveux, ses dialogues pleins d'humour, sa bande originale d'époque... Mais caustique aussi à l'égard des opérations secrètes américaines pour qui la fin justifie toujours les moyens, écorchant au passage l'image de l'Oncle Sam (à commencer par la CIA et Ronald Reagan !).

Ce n'est certes pas le film de l'année mais, assurément, Barry Seal est un vrai divertissement de qualité.

Nos années folles : avis express

On ne croit pas vraiment à cette histoire... et c'est d'autant plus regrettable que le film fait référence à la véritable histoire de Paul Grappe qui se travestit en femme pour se cacher alors qu'il a déserté l'armée au cours de la Première Guerre Mondiale. C'est une histoire vraie... et le film parvient à la rendre factice, avec une réalisation qui ne m'a pas convaincue et une reconstitution historique assez faible (les tranchées !). Dommage, les deux acteurs principaux (Pierre Deladonchamps et Céline Sallette) sont excellents...

Ca : un film d'horreur formellement très réussi

Dans la petite ville de Derry, un terrible prédateur sévit, émergeant des égouts pour s'attaquer aux enfants, dont il se nourrit des terreurs. Il apparaît sous la forme d'un clown mais peut aussi changer de forme et devenir une matérialisation des cauchemars de ses victimes. Une bande de gamins, souffre-douleurs des gros durs de l'école, le "club des losers", sont bien décidés à rester soudés pour lui faire face. D'autant que pour l'un d'entre eux, le petit frère a été la victime du clown quelques mois auparavant.

Ca est un film de genre, le film d'horreur, avec ses codes (tension, musique angoissante, une bonne dose d'hémoglobine et d'autres images dégoûtantes...). Ce n'est pas le film le plus flippant que j'aie vu... mais formellement, c'est vraiment très réussi : la mise en scène, la photo, l'esthétique générale. Et le clown est quand même bien inquiétant.

C'est aussi un film sur l'adolescence, un récit d'apprentissage où il s'agit de surmonter ses peurs de l'enfance, s'affranchir de ses parents (et parfois des traumatismes dont ils sont responsables), où l'amitié joue un rôle central, et où surgit la naissance de l'émoi amoureux.

La bande jeunes acteurs au casting est impeccable. Le réalisateur a choisi de faire se dérouler l'action à la fin des années 80, ce qui donne un petit côté Stranger Things (l'excellente série des Duffer brothers), d'autant qu'un des jeunes acteurs du film joue aussi un des rôles principaux dans la série.

lundi 18 septembre 2017

Mother : un concentré d'Aronofsky

Un poète en mal d'inspiration vit avec sa jeune épouse dans une grande maison isolée. Un jour, un homme frappe à la porte et le mari décide de l'héberger. D'autres invités arriveront et perturberont petit à petit l'harmonie du couple.

[spoiler : si vous n'avez pas vu le film, sachez que des éléments de l'intigue seront évoqués ci-dessous... mais ça peut aussi vous aider à comprendre le film ! ;)]

Mother est un concentré du cinéma d'Aronofsky : mystique, excessif,  sombre, radical, torturé. Le film est avant tout une allégorie mystique, j'y ai vu une relecture tourmentée et radicale de la "mythologie" biblique. Il y a d'abord le jardin d'Eden : au début du film la femme dit qu'elle restaure la maison pour en faire un paradis... Mais l'harmonie originelle est perturbée avec l'arrivée d'un intrus, puis de sa femme, figures d'Adam et Eve, qui par leur attitude sans gêne brisent l'équilibre du couple et détériorent la maison. Il y a même l'équivalent du fruit défendu et/ou de l'arbre de la vie avec un mystérieux cristal dans le bureau du poète (le créateur...) auquel il est interdit d'accéder. Un bureau dont l'entrée sera condamnée une fois l'irréparable commis. Puis surgissent les figures des deux frères, Abel et Caïn, le fratricide...

Ensuite, ça se calme... Jusqu'à l'approche de la naissance d'un enfant et de la parution du livre du poète qui a retrouvé l'inspiration. Un livre qui va susciter la vénération d'une foule toujours plus grande. On voit alors s'enchaîner, de manière hallucinante, dans un déluge d'images parfois folles, avec l'excès baroque dont est capable Aronofsky, un condensé de l'histoire de l'humanité, avec la naissance de la religion, rapidement devenue fanatisme, avec ses violences de toute sorte. C'est impressionnant, foisonnant, excessif, parfois très violent, jusqu'à un dénouement à la limite du supportable (avec son allégorie gore du repas eucharistique). Les symboles s'entrechoquent et se mélangent. Jennifer Lawrence est tour à tour figure de la vie, de la terre, Eve ou figure mariale. Javier Bardem, figure humaine, messianique et divine. C'est sans doute un peu trop, parfois un peu fumeux. Mais c'est vraiment impressionnant... avec, chez le réalisateur, une vision toujours très sombre de l'humanité et d'un Dieu finalement à l'image de l'homme (dans la lignée de son Noé).

Mother est un film inclassable, impressionnant voire éprouvant. Certainement pas à pas mettre devant tous les yeux... mais sans doute immanquable pour les fans du réalisateur.

Le Redoutable : un portrait facétieux et inventif

Le Redoutable propose un portrait de Jean-Luc Godard, pape de la nouvelle vague, centré sur les années autour de 1968, charnière dans la carrière du cinéaste.

On sent que Michel Hazanavicius s'est amusé à faire ce film facétieux. Il propose un portrait grinçant, sans concession, de Godard. A la fois génial et fascinant, ce dernier est aussi provocateur, radical, moqueur, parfois insupportable, autodestructeur. Le film laisse d'ailleurs une impression un peu étrange, entre l'hommage et la dérision. Une ambiguïté qui, finalement, sied bien au personnage de Godard...

De plus, le film est aussi un peu le portait d'une certaine époque (Mai 68) et son idéal de révolution maoiste. Là aussi, avec le même ton grinçant et insolent.

Là où on voit que le réalisateur s'est amusé à faire ce film, c'est dans les nombreuses trouvailles de mise en scène : noir et blanc, en négatif, des comédiens qui parlent face caméra... C'est assez jouissif et plein d'autodérision. Comme dans cette scène au restaurant avec sa diatribe sur les acteurs qui sont cons parce qu'on leur fait dire ce qu'on veut, ou la désopilante scène sur la gratuité des scènes de nus dans les films... avec des acteurs qui le disent dans le plus simple appareil.

Dans le rôle principal, Louis Garrel est exceptionnel, complètement crédible alors qu'il ne ressemble pas du tout à Godard !

Bref, le Redoutable, c'est drôle, insolent, grinçant, inventif. Ce n'est pas du Godard mais c'est du Hazanavicius. Et c'est réussi !

Good Time : un trip hallucinant !

Connie veut arracher des griffes des psys (et de leur grand-mère) son frère Nick, qui soufre d'un handicap mental. Il l'embarque alors dans un braquage qui tourne mal. Il parvient à s'enfuir mais Nick est arrêté. Soit il arrive à réunir la somme de la caution pour le faire sortir, soit il trouve une façon de le faire évader...

Le film s'ouvre et se ferme sur Nick, le frère handicapé mental. Avec son visage impassible et perdu. Et entre les deux, on est happé par une cavale fantasmagorique, principalement nocturne, une fuite en avant désespérée.

Les réalisateurs, les frères Safdie, proposent un véritable trip sous acide, dans la nuit, sous une lumière blafarde ou éclairé par des néons fluo (la scène dans la train fantôme !), alternant les très gros plans nerveux sur les visages et les prises de vues aériennes planantes (notamment la formidable scène de course poursuite finale filmée en contre-plongée). C'est assez hallucinant ! D'autant que la bande originale électro, signée Daniel Lopatin (alias Oneohtrix Point Never), est envoûtante et colle parfaitement au film, jusque dans sa chanson finale (The Pure and the Damned), poignante, interprétée par Iggy Pop.

Un autre atout indéniable du film, c'est son acteur principal : Robert Pattinson. Il est absolument remarquable (et parfois méconnaissable) dans le rôle de cette petite frappe qui tente (bien mal...) de sauver son frère et de réaliser ses rêves, embarquant d'autres paumés dans sa fuite, avec ses dommages collatéraux.

Good Time est un thriller noir, assez désespéré, mais qui offre un expérience cinématographique étonnante que l'on n'est pas près d'oublier !

lundi 11 septembre 2017

Barbara : portrait amoureux de Barbara... et Jeanne Balibar

Brigitte joue le rôle de Barbara dans un film dont le réalisateur est fasciné par la chanteuse. Elle travaille son personnage, la voix, les gestes, les chansons... et le réalisateur continue de peaufiner son scénario.

Avec ce film, Mathieu Amalric se joue des genres et brouille les pistes. Ce n'est pas un biopic. C'est un hommage, non pas hagiographique mais subjectif. C'est un portrait amoureux de Barbara... et de Jeanne Balibar. Le film entremêle les images d'archives et les reconstitutions, passant des unes aux autres au sein d'une même scène. Parfois c'est Jeanne Balibar qui parle ou qui chante, parfois c'est la voix de Barbara qui est posée sur les images de l'actrice. Le tout est fait avec beaucoup d'intelligence et de virtuosité, si bien qu'on s'y perd parfois, ne sachant plus si on voit Barbara ou Brigitte qui joue le rôle de Barbara... Et Jeanne Balibar est vraiment exceptionnelle, troublante de mimétisme.

Mais Barbara est aussi un film sur le cinéma. Une mise en abîme assez vertigineuse dans laquelle on se perd parfois, pour voir soudain le rêve être interrompu par le "coupez !" du réalisateur. C'est un film sur le processus créatif d'un réalisateur obsédé par le sujet de son film (à un moment du film, Brigitte, l'actrice, demande au réalisateur : "Mais vous faites un film sur Barbara ou sur vous ?" Et il répond : "C'est pareil !").

Barbara est un film fascinant. Si vous vous attendez à un biopic sur la chanteuse vous serez certainement déçus... Mais si vous êtes prêts à vous laisser emporter par le regard singulier de Mathieu Amalric, vous ne regretterez pas le voyage !

Le prix du succès : avis express

Brahim est un humoriste qui rencontre un grand succès populaire et qui a trouvé l'amour avec Linda, qui met en scène son spectacle. Mais sa famille a du mal à accepter Linda, en particulier Mourad, son frère, qui est son manager depuis toujours... mais qui est incontrôlable.

Pas tout à fait abouti (même si la fin m'a vraiment ému), le film est surtout intéressant d'un point de vue sociétal, posant la question du succès et de l'intégration des enfants d'immigrés. Très bon trio d'acteurs principaux, en particulier Roschdy Zem, encore une fois excellent !

Otez-moi d'un doute : avis express

Erwan apprend de façon inopinée que son père n'est pas son père biologique. Il enquête alors pour retrouver ce dernier et rencontre Anna de laquelle il s'éprend... avant de découvrir qu'elle est en réalité sa demi-soeur.

Autour du thème des liens familiaux et des liens biologiques, c'est un joli film, malgré des quiproquos et des rebondissements assez prévisibles. Le duo François Damiens et Cécile de France fonctionne très bien, les seconds rôles sont plutôt réussis (avec une mention spéciale pour un Guy Marchand très touchant).

lundi 4 septembre 2017

Wind River : thriller choc, western contemporain. Excellent.

Dans la réserve indienne de Wind River, Cory Lambert, un pisteur, découvre le corps d'une jeune femme en pleine nature, gelé dans la neige. Une jeune agent du FBI est envoyée pour mener l'enquête. Elle se fera aider par le pisteur, qui connaît la région comme sa poche et qui est très lié à la communauté amérindienne.

Après la chaleur moite de Comancheria (dont il était le scénariste), c'est cette fois dans la neige et le froid glacial que Tyler Sheridan revisite le western dans ce film qui est sa première réalisation.

Thriller choc, Wind River est bien aussi une sorte de western contemporain. On y retrouve les Indiens, le shérif, les cowboys, une traque, une vengeance, des fusillades...  Mais ici les Indiens sont les victimes oubliées dans leur réserve, le cowboy justicier est un pisteur sur sa motoneige, le shérif est une jeune femme agent du FBI...

Mais c'est aussi un thriller, glacial et tendu, qui ménage le suspense tout au long de l'enquête, avec quelques scènes assez impressionnantes où la violence se déchaîne. Mais le film compte aussi quelques scènes poignantes et intimes, notamment lorsque sont évoquées les blessures, toujours à vif, liées à la perte d'un enfant pour des parents. Cory Lambert a en effet perdu sa fille dans des circonstances tragiques, similaires à celle de la jeune femme qu'il retrouve morte dans la neige (et qui était la meilleure amie de sa fille...).

Enfin, le film permet aussi d'évoquer la condition des Indiens d'Amérique. Une population bien souvent en marge, oubliée, délaissée dans des réserves où peu d'enquêtes sur des disparitions aboutissent réellement... Ces amérindiens apparaissent aussi perdus, en quête de leur identité. Les jeunes filles rêvent de trouver l'amour et quitter la réserve, d'aller en ville. D'autres jeunes se perdent dans la drogue...

Déjà distingué pour la qualité de ses scénarios (Comancheria, mais aussi Sicario), Tyler Sheridan signe avec cette première réalisation un coup de maître. Peut-être même le thriller de l'année... L'image est magnifique (les paysages sauvages, les vastes étendues blanches et glacées !), le montage est bien rythmé. Et le casting est excellent, à commencer par Jeremy Renner, absolument remarquable dans toutes les facettes du personnage central du film.

Un film à voir absolument !


Petit paysan : avis express

Drame rural, réaliste et poignant, le film raconte l'histoire d'un petit paysan, passionné par son métier, confronté à une épidémie bovine qui atteint ses vaches. Ne pouvant se résigner à laisser tout son troupeau être abattu, il essaye de cacher la vérité et de régler le problème tout seul...

Le film nous confronte de façon réaliste au quotidien d'un jeune paysan : les gestes du quotidien, sa relation touchante à ses vaches, mais aussi les clichés auxquels il doit faire face (en particulier quand sa mère fait tout pour caser son fils paysan avec la boulangère...) et surtout sa détresse quand la catastrophe de l'épidémie survient (avec des scènes poignantes, par exemple lorsqu'il se retrouve dans une étable vide de ses vaches). Un beau film.

Seven Sisters : avis express

Je trouvais le pitch plutôt intéressant : dans une société futuriste appliquant une politique répressive de l'enfant unique, sept sœurs jumelles vivent en clandestinité et se cachent toutes derrière la même identité.

Le problème, c'est que le film enchaîne les grosses ficelles et les clichés du film de SF dans un scénario invraisemblable (et prévisible !), avec des dialogues assez ridicules, le tout réalisé à coup de hache ! Reste la composition de Noomi Rapace dans le rôle des sept sœurs jumelles... mais ça ne suffit pas pour sauver le film !