vendredi 28 juin 2019

Le daim : un western vestimentaire absurde et implacable

Georges, 44 ans, et son blouson 100% daim, ont un projet. Le pitch du film laisse imaginer le ton surréaliste du dernier long métrage de Quentin Dupieux.... mais ce n'est pas un surprise pour le réalisateur de Rubber, Wrong ou Réalité. Cette fois, il propose une sorte de western vestimentaire borderline, une histoire d'amour obsessionnelle entre un homme et son blouson.

Moins dispersé que certains de ses films, le scénario est au contraire assez minimaliste et donne à l'intrigue un caractère implacable et, finalement, assez inquiétant. La folie qui s'empare de Georges, sous l'emprise de son blouson, bien décidé à devenir le dernier homme sur terre à porter un blouson, l'entraîne dans une fuite en avant folle. Il va alors inciter tout le monde à se débarrasser de son blouson. Quitte, finalement, à envisager une solution radicale et violente pour y arriver. Il va se faire passer pour un cinéaste, avec une petite caméra vidéo, et il sera aidé et poussé dans son projet par une serveuse de bar qui est aussi à ses heures perdues une monteuse amateur de films...

Fable complètement barrée, à l'humour caustique et absurde, Le daim crée un certain malaise, peut-être parce que, mine de rien, il évoque la relation parfois fétichiste et irrationnelle que nous pouvons avoir avec nos affaires personnelles !

Jean Dujardin et Adèle Haenel sont tous les deux géniaux dans le film.

Tolkien : un biopic romancé, un peu lisse mais agréable à regarder

Le film se focalise sur la jeunesse et les années d'apprentissage de John Ronald Reuen Tolkien, le célèbre auteur du Hobbit et du Seigneur des Anneaux. Orphelin, il est accueilli avec son frère chez une tante par alliance, où il fera la rencontre de celle qui deviendra sa femme. Lors de ses études, il se lie d'amitié avec trois jeunes gens et ils fondent ensemble une société officieuse, la Tea Club Barrovian Society (TCBS). Mais la Première Guerre Mondiale éclate et menace toute cette communauté.

Biopic romancé, le film est plutôt élégant, de facture classique, duquel parfois émerge une certaine poésie. Mais il est sans doute un peu trop lisse et manque d'envergure pour évoquer la figure de ce conteur de génie que fut Tolkien, incroyable créateur de tout un monde fantastique, avec ses mythologies, ses cultures et ses langues. Même si le film prend plusieurs libertés par rapport à la vie de Tolkien, on se plaît à déceler dans les événements de sa vie, ses amis, ses proches, ou l'horreur des tranchées, les traits des personnages bienveillants ou maléfiques qui peupleront la Terre du Milieu.

Un film agréable à regarder tout de même, et une façon indirecte de se replonger un peu dans l'univers merveilleux de Tolkien.

lundi 17 juin 2019

Zombi Child : entre teen movie intello et film de genre, je n'ai pas compris...

1962, en Haïti. Un homme est "zombifié", ramené à la vie pour être envoyé de force travailler dans des plantations de canne à sucre. 50 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d'honneur, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies son secret familial.

J'ai bien saisi que Bertrand Bonello avait sans doute plusieurs intentions pour son film : l'adolescence, l'esclavage et l'aliénation... Mais j'avoue n'avoir pas vraiment compris le projet et le message du film. Je n'ai pas accroché. La façon dont les deux récits sont sensés se répondre me semble confuse, les intentions, et la fin, peu claires. Bonello sait, évidemment, réaliser un film et certains plans sont remarquables (surtout dans la première partie du film). Mais la dernière partie, autour d'une cérémonie vaudou, m'a laissé dubitatif : parfois presque à la limite du grotesque !

Piranhas : une plongée glaçante chez les gangs d'adolescents à Naples

Nicola et ses amis sont adolescents. Ils vivent à Naples et sont fascinés par les parrains de la Camorra. Ils rêvent de se faire une place dans le milieu et, lorsque l'occasion se présente, ils essayent d'occuper les places laissées vacantes pour les anciens mafieux.

Piranhas est une plongée réaliste dans les gangs d'adolescents. Le film est une fiction mais inspirée de faits divers, qui évoque une réalité nouvelle, celle des "baby gangs" qui se développent aujourd'hui à Naples. Et c'est assez glaçant...

Caméra à l'épaule, le réalisateur, Claudio Giovannesi nous emmène en immersion avec ces adolescents en scooter, fascinés par la mafia, la violence et les armes, l'argent et le pouvoir, pris dans la spirale de la violence, puis de la vengeance, alors même qu'ils gardent encore des rêves d'amour, de générosité et une certaine innocence. Ils font des selfies avec leur téléphone et vont chercher sur Internet des tutos pour utiliser leurs armes...

Les jeunes acteurs, non professionnels, sont bons. La mise est efficace et plutôt sobre, réaliste, mais elle manque sans doute un peu de souffle : le tout est peut-être un peu trop illustratif ? Mais le film offre un zoom sur une réalité inquiétante et guère encourageante pour l'avenir...

jeudi 6 juin 2019

X-Men - Dark Phoenix : des combats épiques mais un scénario faible

Lors d'une mission de sauvetage dans l'espace par une équipe des X-Men, Jean Grey frôle la mort, frappée par une mystérieuse force cosmique. Mais elle en sort miraculeusement indemne. Elle se rend compte, de retour sur Terre, qu'elle est même désormais devenue infiniment plus puissante, mais aussi instable. Incapable de comprendre et de maîtriser ses pouvoirs, elle s'isole, tout en recherchant son passé. Mais les X-Men ne sont pas les seuls à la rechercher, des êtres venus d'une autre galaxie, avec des intentions hostiles, veulent récupérer la puissance de la mystérieuse force qui s'est emparée de Jean.

Je l'avoue, je n'ai pas révisé mes épisodes X-Men avant d'aller voir le film, guère encouragé par le souvenir de la catastrophe du précédent opus (X-Men - Apocalypse). Et puis avec les reboots et les voyages temporels, on s'y perd un peu... On finit assez vite quand même par se remettre dans le bain.

Avant de passer de la Fox à Disney, pour rejoindre toute l'écurie Marvel, la franchise X-Men tel qu'on la connaît au cinéma depuis 25 ans tourne une page avec Dark Phoenix. C'est le cas (sans spoiler) pour plusieurs personnages que l'on ne verra sans doute plus... Mais le film lui-même est loin d'être inoubliable. Le scénario est faible, l'histoire parfois un peu fumeuse, certains acteurs semblent fatigués de leur rôle. Les scènes les plus intéressantes sont sans aucun doute les combats, épiques et spectaculaires, vraiment divertissants. Pour le reste, pas grand chose...

Bon, il y a quand même Jessica Chastain. De toute façon, quoi qu'elle joue, c'est bien ! Et ici elle est parfaite en grande méchante glaciale et impassible. Sophie Turner aussi est franchement pas mal du tout en Jean Grey surpuissante et incontrôlable. Bref, X-Men cède aussi à la mode féministe post-Weinstein des films de super-héros. Et franchement, on ne s'en plaindra pas ! Même si Dark Phoenix est un film qui ne laisse pas un souvenir indélébile...


mercredi 5 juin 2019

Parasite : la lutte des classes à la sauce coréenne, ça secoue !

La famille de Ki-taek vit dans un sous-sol, dans des conditions précaires. Tout le monde est au chômage et ils doivent se débrouiller pour survivre. Un jour, le fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particulier d'anglais chez les Park, une riche famille qui vit dans une magnifique maison. Toute la famille de Ki-taek va alors monter une arnaque et se faire embaucher les uns après les autres, pour profiter de cette riche famille un peu naïve.

Ca, c'est le début du film. Et je ne vais pas dévoiler la suite, pour préserver toutes les surprises... et il y en a ! Disons simplement que le film pratique avec virtuosité le mélange des genres passant de la comédie au drame, de la satire sociale au thriller violent. Il commence dans le burlesque pour se poursuivre dans le chaos... et se terminer de façon assez amère.

Le film est une véritable claque ! La lutte des classes à la sauce coréenne, ça secoue ! L'histoire est ancrée dans la réalité coréenne, mais le propos est universel (en particulier pour les sociétés occidentales). Parasite est une fable cruelle et caustique sur l'écart entre les riches et les pauvres, sur le déterminisme social, sur le mépris désinvolte des élites, sur les frustrations et l'envie des classes défavorisées... Le cocktail ne peut être qu'explosif. Le récit, très habile, joue sur les contrastes et les métaphores (le sous-sol, la tempête, les odeurs...). Malgré l'humour très présent (on rit beaucoup, surtout dans la première partie), le film est au final sombre et pessimiste sur la nature humaine. Il crée indéniablement un véritable malaise et pose plus de questions que d'apporter des réponses... Finalement, qui sont les véritables parasites ?

La réalisation de Bong Joon Ho, inventive, est d'une précision et d'une maîtrise parfaites. Il nous prend petit à petit au piège, nous faisant passer d'un regard amusé à une certaine torpeur, par des rebondissements inattendus. Mentionnons également l'excellente bande originale (signée Jaeil Jung), souvent sarcastique, qui accompagne à merveille les images.

Parasite est un grand film, qui a mérité sa Palme d'or à Cannes.

lundi 3 juin 2019

Rocketman : un biopic officiel, mais très pop et divertissant

Reginald Dwight est un enfant timide, auquel les parents ne témoignent pas beaucoup d'amour... Soutenu par sa grand-mère, il se révèle être un pianiste prodige et finit par percer dans la musique. Il va devenir une star internationale sous le nom d'Elton John, non sans se laisser prendre à de nombreuses addictions.

On peut vraiment parler de biopic officiel, puisque le film est co-produit par le chanteur lui-même ! On ne peut pas pour autant dire qu'il soit hagiographique (à part peut-être les derniers plans avant le générique final, sous forme de "happy end merveilleux"), puisqu'il ne cache pas les nombreuses addictions (alcool, drogues de toutes sortes, sexe...) dans lesquels l'artiste est tombé. Ceci dit, le contenu reste assez convenu. La forme, quant à elle, est vraiment réjouissante. Le film est en réalité une véritable comédie musicale, hautement divertissante, parfois inventive, parfois kitsch (ça va avec le personnage !), au son des plus grands tubes de la star mondiale de la pop.

Il faut souligner que ce sont les acteurs eux-mêmes qui interprètent les chansons. A cet égard, mais aussi dans son incarnation très physique d'Elton John, la performance de Taron Egerton est remarquable.

Godzilla 2 : une suite sans intérêt

Alors qu'on n'a plus de nouvelle de Godzilla depuis 5 ans, d'autres monstres titanesques s'éveillent : Mothra, Rodan, le terrible Ghidorah et ses trois têtes... L'équilibre de la planète et la survie de l'humanité sont en jeu.

En 2014 un nouveau Godzilla sortait sur les écrans, réalisé par Gareth Edwards, et c'était une très belle réussite. En 2017, c'était au tour d'un nouveau King Kong (Kong : Skull Island), et on a alors compris qu'une nouvelle franchise était en cours : le "MonsterVerse". Mais le retour de Godzilla s'avère très décevant.

Le scénario est sans intérêt et prévisible : zéro effet de surprise ! Les dialogues sont affligeants, surtout quand ils s'essayent à l'humour. La réalisation est impersonnelle et pataude, la musique est fatigante et le film est long. Reste les monstres, visuellement plutôt réussis. Cela nous offre quand même quelques morceaux de bravoure... mais c'est bien maigre pour un film.

Bref, on est loin du premier Godzilla de la franchise ! Très loin...