vendredi 29 novembre 2019

A couteaux tirés : un exercice de style jubilatoire

Harlan Thrombey, un célèbre auteur de polars, est retrouvé mort dans son lit, le soir de ses 85 ans. Il s’est suicidé en se tranchant la gorge. C’est en tout cas la conclusion de la police… jusqu’à ce que Benoît Blanc, un détective privé réputé, mystérieusement engagé par un commanditaire anonyme, vienne seconder la police pour éclaircir l’affaire.

A couteaux tirés est un brillant exercice de style jubilatoire, un film d’enquête à la manière d’Agatha Christie, mais avec une bonne pincée d’humour noir et féroce. Malin et ludique, le scénario multiplie les rebondissements. Alors, évidemment, c’est parfois un petit peu tiré par les cheveux... mais qu’importe, le plaisir est vraiment là ! On se régale de découvrir les mensonges, les fausses pistes et les révélations successives, jusqu’au dénouement… qui réserve finalement une morale plutôt étonnante (que je vous laisserai découvrir). Un plaisir accentué par une galerie de personnages savoureux, incarnés par un casting somptueux : Daniel Craig, Chris Evans, Jamie Lee Curtis, Michael Shannon, Christopher Plummer… tous excellents ! Le tout parfaitement mis en scène par Rian Johnson (le réalisateur des Derniers Jedi !).

A couteaux tirés est incontestablement un des films les plus divertissants de cette année ! Tout simplement jubilatoire !

jeudi 21 novembre 2019

Les éblouis : un drame saisissant sur les dérives sectaires

Camille est une adolescente passionnée de cirque. Elle est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour ses parents intègrent une communauté religieuse qui prône le partage et la solidarité. Mais petit à petit elle découvre une discipline stricte, des principes très tranchés et une emprise totale de la communauté et de son “berger” sur ses membres. Camille va devoir se battre pour s’affirmer elle-même et sauver ses frères et soeurs.

La réalisatrice, Sarah Suco, dont c'est le premier film, s'est inspiré de sa propre expérience pour écrire Les éblouis. Elle a en effet elle-même vécu dix ans avec sa famille dans une communauté religieuse de ce type, avant de parvenir à s’en échapper à l'âge de 18 ans. L’évocation de la communauté religieuse à tendance sectaire est donc très minutieuse, réaliste… et inquiétante.

Pour autant, on n’a pas l'impression que la réalisatrice règle ses comptes avec son passé mais plutôt qu'elle se libère d'un poids. L’histoire nous est racontée du point de vue de Camille, qui voit impuissante ses parents être séduits, embrigadés, éblouis (le titre du film est fort bien trouvé !)... et embarquer avec eux leurs enfants. Le tout est filmé avec justesse et une grande sobriété. L'histoire pointe du doigt la séduction d’un mouvement de type sectaire, et le basculement, presque imperceptible de la fraternité, de la solidarité et du partage, vers la manipulation, le conditionnement et l’humiliation, pour finalement isoler les membres de leur famille et de la société, et les garder sous l’emprise du “berger” sur ses “brebis”... et ce n’est même plus une image mais une réalité dans le film !

Je dois dire, à titre personnel, que j’ai eu un sentiment un peu étrange en voyant le film. Plusieurs fois les gens riaient, tellement certains principes ou certaines attitudes leur paraissaient ridicules… mais moi je ne riais pas trop. Parce que ces principes et ces attitudes, je les ai entendues et vus parfois dans des Eglises que j’ai ou fréquenter (et qui ne sont pas du tout des sectes !). Je pense par exemple aux discours culpabilisants sur des activités censées être dégradantes (ici, le cirque !), aux affirmations naïves disant de ne pas s’inquiéter de laisser un bébé tout seul dans son bain puisque le Seigneur veille sur lui, au sentiment de culpabilité si on ne prie pas avant de manger (y compris au restaurant), ou aux tentations de voir les marques du diable partout autour de nous…

Si toutes les communautés religieuses ne sont évidemment pas comme celle décrite dans le film, il est salutaire de dénoncer sans équivoque les dérives sectaires qui existent, et qui provoquent de terribles dégâts dont les enfants sont souvent les premières victimes !

Il faut souligner enfin le remarquable travail sur la photographie et la lumière dans le film, et la belle performance des différents acteurs. A commencer par une Camille Cottin habitée et la révélation de la jeune Céleste Brunnquell dans la rôle de Camille.

Les Misérables : un film choc qu'on prend en plein face. Essentiel.

Stéphane est flic. Il arrive de Cherbourg et intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil en banlieue parisienne. Il fait équipe avec Chris et Gwada, deux flics expérimentés de la BAC. Il découvre très vite les tensions vives dans le quartier. Au cours d’une interpellation, ils se retrouvent débordés et commettent une bavure. Et un drone a justement filmé la scène…

Les Misérables est un film choc, qui résonne comme un cri d’alerte. Dès l’ouverture du film on est saisi : nous sommes en pleine liesse de la victoire de la France en coupe du monde de football. Tout le monde fait la fête, arborant le drapeau tricolore et chantant la Marseillaise. Et puis la tension ne vous lâche pas. On est en immersion dans une banlieue sensible, au plus près d’une brigade de la BAC qu’on découvre aux côtés d'un petit nouveau. La tension monte, avec l’attitude des flics, celle des caïds du quartier, celle des gamins dans les rues. On sent que tout peut exploser... et la bavure survient ! Tout bascule. Et puis la tension retombe, lorsqu’on accompagne les flics dans le quotidien de leur vie privée. Des mecs complètement normaux, vivants avec leur mère en banlieue ou avec leur femme et leurs enfants. Une parenthèse paisible, presque irréelle. Mais une parenthèse seulement, qui donne encore plus de relief au déchaînement de violence qu’on sent inexorable, et qu’on prend ensuite de plein fouet, oppressant. Jusqu’à cette dernière image qui vous hante et vous interpelle : comment a-t-on pu en arriver là ? La réponse est dans la citation de Victor Hugo, tirée des Misérables, par laquelle se termine le film : "Il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes, il n'y a que de mauvais cultivateurs."

Et on est KO. Le film est un constat, inquiétant, implacable, mais qui est loin d’être manichéen. On ne cherche pas de boucs émissaires, on refuse de stigmatiser les uns ou les autres. En fait, tout le monde doit plaider coupable. On est tous responsables. Et on l’est aussi si on ferme les yeux et si on refuse de le voir. Il y a, enfin, dans l’histoire, comme une valeur parabolique du cirque et du lion en cage (vous comprendrez en voyant le film) : le spectacle va mal tourner !

La réalisation de Ladj Ly, dont c’est le premier film, est époustouflante de maîtrise. Quelle tension, quel rythme, quelle urgence ! Et tous les comédiens, professionnels ou non, sont formidables. C'est incontestablement un des grands films de cette année. Essentiel, tant d’un point de vue cinématographique que pour le message qu’il nous envoie en pleine face !

mardi 19 novembre 2019

Le Mans 66 : un film grisant !

Au début des années 60, les ventes de Ford sont en baisse, il faut trouver un moyen de redorer le blason de la marque. L’idée germe alors de construire un voiture de course pour remporter la course la plus prestigieuse : les 24 heures du Mans. Henry Ford II accepte de recruter Carroll Shelby, ancien pilote reconverti en concepteur de voitures, pour relever le défi. Mais Shelby ne veut qu’un pilote pour cette voiture, celui qu’il estime être le meilleur : Ken Miles. Il faudra convaincre les dirigeants de Ford...  et réussir le défi fou de construire en un temps record un bolide capable de détrôner Ferrari, qui règne sans partage sur les 24 heures du Mans.

Le Mans 66 est un film grisant, mené à tombeau ouvert, remarquablement réalisé, avec beaucoup d'élégance, par James Mangold. Les scènes de course sont vraiment spectaculaires, immersives et haletantes. Si le film évoque les enjeux économiques au coeur de la rivalité entre Ford et Ferrari, le parti-pris est de centrer le récit sur l’amitié entre Shelby et Miles, deux casse-cous au caractère bien trempé. Et c’est une excellente idée parce que cela permet d’alterner des scènes d’action avec des scènes plus intimes, une veine intime également exploitée dans l’évocation des relations de Miles avec sa femme et avec son fils. De l’émotion et de la tendresse, donc, au milieu du vacarme des moteurs et des crissements de pneus. On ne s’ennuie pas une seconde !

Le duo Matt Damon / Christian Bale fonctionne à merveille, le deux acteurs sont visiblement complices. Et, une fois encore, Christian Bale est assez génial dans le rôle de cette tête brûlée ingérable mais attachante de Ken Miles.

A noter aussi une super bande originale, signée Marco Beltrami et Buck Sanders, tour à tour vintage pour coller aux années 60 et électrisante pour accompagner les scènes de course.

Le Mans 66 est donc un excellent film qui raconte un défi un peu fou, une aventure humaine, une histoire d'amitié et offre un spectacle grisant, plein d'émotions. 

lundi 18 novembre 2019

J’accuse : classique dans le bon sens du terme, mais un peu froid

Le film raconte la célèbre affaire Dreyfus du point de vue du Colonel Picquart. Ce dernier, qui a contribué à l’arrestation de Dreyfus, se rend compte, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, que les preuves contre le capitaine Dreyfus ont été fabriquées de toutes pièces. Il est innocent. Il va alors mettre tous ses efforts à identifier le vrai coupable et réhabiliter Dreyfus mais il devra faire face à une armée toute-puissante, une justice partiale, le tout dans un climat d’antisémitisme généralisé.

La reconstitution de la France de la toute fin du XIXe siècle est minutieuse et précise, le casting est luxueux (avec de nombreux sociétaires de la Comédie Française), la réalisation est classique et racée. Mais le tout est assez froid, presque distant, à l’image de la relation ambiguë entre Dreyfus et Picquart. Ce dernier admet lui-même son antisémitisme (il le dit à Dreyfus : il n’aime pas les Juifs) mais il se veut pourtant intègre et juste. Et il sera prêt à aller jusqu’en prison dans son combat pour la justice. Dreyfus, lui, apparaît jusqu’au bout comme une victime révoltée mais comme résignée face aux injustices qu’il subit, par le simple fait d’être Juif.

Les passions se déchaînent quand même quelques fois, dans les foules qui crient leur haine ou chez les militaires qui défendent leur honneur au tribunal. Le mélange de patriotisme, d’antisémitisme assumé et de discipline militaire crée un climat assez délétère, et évoque une société malade… qui n’est pas sans rappeler des peurs et des haines qui s’expriment de plus en plus ouvertement aujourd’hui ! Cette actualité-là du film est bien plus pertinente que son instrumentalisation pour défendre son réalisateur face aux accusations graves dont il est la cible...

Un beau film, classique dans le bon sens du terme, auquel pourtant il manque, selon moi, un peu de souffle... 

mardi 12 novembre 2019

Midway : un film de guerre à l'ancienne avec les moyens techniques d'aujourd'hui

Après l'attaque de Pearl Harbour, la marine japonaise prépare une nouvelle attaque dans le Pacifique pour éliminer définitivement les forces aéronavales américaines. L'amiral Nimitz est alors nommé nouveau commandant de la flotte américaine. Quant à Edwin Layton, à la tête des renseignements, il va chercher à percer les codes secrets japonais pour anticiper leurs plans et les prendre par surprise. Les pilotes de la flotte américaine se préparent à livrer un combat héroïque face aux forces redoutables de l'aéronavale japonaise. La guerre du Pacifique va se jouer dans un petit atoll du Pacifique nord : Midway.

Midway est un peu un film de guerre à l'ancienne, mais avec les moyens techniques d'aujourd'hui. Un film qui exalte l'héroïsme et l'esprit de sacrifice, en essayant tout de même de ne pas trop manichéen, avec les gentils américains contre les méchants japonais (à la fin le film est dédié aux pilotes américains et japonais qui ont combattus dans le Pacifique)... Et comme dans les films de guerre à l'ancienne, il n'y a pas vraiment de regard critique sur l'horreur de la guerre mais essentiellement un film d'action spectaculaire. Les dialogues ne sont pas extraordinaires, les personnages pas très approfondis mais il faut avouer que le spectacle (ça fait toujours bizarre de dire ça à propos d'une guerre...) est assez époustouflant. Evidemment, on est très loin du lyrisme génial de Christopher Nolan dans Dunkerque, mais Roland Emmerich sait quand même y faire et les scènes de combat aériennes sont vraiment très très spectaculaires.

Pour un grand film de guerre, on ira voir ailleurs (Kubrick, Malick, Eastwood, Nolan...) mais pour un bon film de guerre à l'ancienne, avec Midway, on en a pour son argent !

lundi 11 novembre 2019

Adults in the room : un film politique engagé et caustique... mais un peu long

Après 7 années de crise, la Grèce est au bord du gouffre. La victoire de Syriza aux élections redonne de l’espoir au peuple. Nommé par le nouveau premier ministre, Alexis Tsipras, Yanis Varoufakis, le ministre de l’économie, va tenter de négocier auprès du pouvoir européen un réaménagement de la dette colossal de la Grèce. Mais il va se heurter à un mur bureaucrate et inhumain.

Adults in the room est un film politique engagé, comme en a l’habitude Costa-Gavras, son réalisateur. Et il a un indéniable savoir faire dans le domaine ! Le ton se veut caustique et ironique… mais on rit jaune, étant donné les enjeux auxquels les financiers et les diplomates européens semblent insensibles. Le spectacle qu’ils donnent est affligeant et puéril (le titre du film fait référence à une réplique mise dans la bouche de Christine Lagarde, directrice du FMI, disant qu'il faudrait plus d'adultes dans la salle, en constatant les débats en cours...)

Le fond est intéressant (et plutôt inquiétant !) mais la forme finit par lasser un peu, par sa succession de discussions stériles, de discours hypocrites et de promesses non-tenues. Au bout d’un moment, c’est un peu assommant… et moyennement cinégénique.

J'ai perdu mon corps : un film d'animation fantastique, de la poésie pure

A Paris, une main coupée s’échappe d’un labo, à la recherche de son corps, celui de Naoufel qui, quelque temps plus tôt, était tombé amoureux de Gabrielle. La main traversera la ville, en affrontant ses nombreux dangers. Et le fil des souvenirs de la vie de Naoufel nous conduira jusqu’au terrible accident.

J’ai perdu mon corps est un conte fantastique inclassable, à la fois surréaliste et réaliste. On suit en parallèle l’aventureuse traversée de Paris de cette main privée de corps et les souvenirs de Naoufel. Alors que l’idée de voir une main se déplacer toute seule semble tout à fait incongrue, le film arrive à faire passer cette idée avec naturel. Jamais l’invraisemblance ne pose le moindre problème. C’est incroyable. On est même embarqué avec elle avec émotion (la peur face au rats dans le métro, ou l’attendrissement quand elle donne à un bébé la tétine qu’il a perdue). Il émane de ce film d’animation une poésie pure et une force vraiment étonnantes. A travers l’histoire de Naoufel et de sa main, le film nous parle de perte et de deuil, de solitude et d’amour.

L’animation est magnifique, naturelle (quel plaisir de distinguer de vraies coups de crayon !). Elle réserve quelques scènes de poursuite haletante, d’autres oniriques et tendres. Et la musique de Dan Levy est magnifique.

J’ai perdu mon corps est tout simplement un grand film d’animation, très original. Un coup de maître pour son réalisateur, Jérémy Clapin.

La belle époque : une comédie nostalgique et brillante

Victor et Marianne sont mariés depuis 40 ans… mais ça fait longtemps qu’ils ne font plus que cohabiter, se supportant à peine l’un et l’autre. Suite à une nouvelle dispute, Marianne demande à Victor de partir, de quitter la maison. Perdu, il décide alors d’accepter le cadeau que lui a fait son fils : grâce à l’entreprise innovante d’un de ses amis, il aura la possibilité de vivre une reconstitution historique en immersion, à l’époque de son choix et dans la peau de n’importe quel personnage. Et Victor choisit de revivre lui-même le jour où il a rencontré Marianne, en 1974.

La belle époque est une comédie nostalgique et brillante, et même assez virtuose, par ses dialogues acérés, son montage habile, sa jolie mise en scène. C’est vraiment drôle, souvent malicieux... et c’est aussi touchant (notamment la fin du film, tout à fait réussie). On prend beaucoup de plaisir devant cette double comédie romantique, avec ses récits qui se croisent et s’entrechoquent.

Le film est aussi remarquablement  interprété. Daniel Auteuil est absolument parfait dans le rôle de Victor. Et Doria Tillier est formidable, dans un rôle taillé pour elle, lui permettant de changer sans cesse de registre. Et Fanny Ardent et Guillaume Canet complètent avec talent un quatuor de solistes de grande classe.

Pour son deuxième film, Nicolas Bedos confirme son talent de réalisateur !

lundi 4 novembre 2019

Doctor Sleep : une très pâle suite à Shining...

Dan Torrance, devenu adulte, est encore profondément marqué par le traumatisme vécu enfant dans l’Overlook Hotel. Il a essayé de les enfouir tant bien que mal… mais quand il rencontre Abra, adolescente aux dons extrasensoriels remarquables, ses vieux démons resurgissent. La jeune fille est consciente que Dan a des pouvoirs similaires aux siens et elle lui demande son aide pour lutter contre la redoutable Rose et sa tribu, qui se nourrissent du "shining" de ceux qui sont comme elle, pour prolonger presque indéfiniment leur vie.

Shining était évidemment un chef d’oeuvre de film d’épouvante, réalisé par le grand Stanley Kubrick, qui avait pris d’assez nombreuses libertés avec le roman de Stephen King (ce que ce dernier n’avait d’ailleurs pas vraiment apprécié...). Doctor Sleep est l’adaptation d’un autre roman de Stephen King, qui fait suite à son Shining. Je ne sais pas dans quel mesure le film est fidèle au livre mais en tout cas, en tant que film, il n’est qu’une très pâle suite au chef d’oeuvre de Kubrick. Le seul moment où j’ai eu un peu de frémissement, c’est lorsqu’on retourne au fameux Overlook Hotel… mais l'excitation retombe bien vite.

Les quelques références au film de Kubrick ne suffisent pas à nous captiver (surtout pas le pseudo Jack Nicholson qu’on y croise !). Tout est bien trop explicite... où est le mystère, le trouble produit par le premier Shining ? C'est une vraie déception, même si réaliser une suite à un chef d'oeuvre est une vrai gageure ! J'avais pourtant un peu d'espoir en voyant que Mike Flanagan était à la réalisation puisque j’avais beaucoup aimé son excellente série sur Netflix : The Haunting of Hill House. C'est raté !

Pour l’hommage à Shining, je préfère mille fois celui de Spielberg dans Ready Player One, ludique, mais aussi finalement plus effrayant !

Le traître : passionnant portrait d'un repenti de la mafia

Au début des années 80, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est sanglante. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, décide de fuire son pays et se réfugie au Brésil. Les règlements de compte se succèdent en Italie, et les proches de Buscetta sont éliminés les uns après les autres. Finalement arrêté par la police brésilienne puis extradé en Italie, Buscetta rencontre alors le juge Falcone et il décide de parler…

Si le film décrit avec une précision quasi-documentaire la terrible réalité du monde de Cosa Nostra, avec sa violence et ses rivalités, mais aussi son hypocrisie et ses “valeurs”, il est avant tout le portrait du plus célèbre “repenti” de la mafia sicilienne, dont les révélations ont permis l'arrestation de très nombreux mafieux. Et la plongée intime qu’il propose dans l'âme de Buscetta est passionnante, pour un personnage qui, tout en étant repenti, reste mystérieux voire ambigu (la dernière scène du film est, à cet égard, assez terrible).

La mise en scène de Marco Bellocchio est absolument remarquable, avec quelques scènes vraiment marquantes : les meurtres de sang froid qui se succèdent avec un compteur qui défile à l’écran, des scènes de procès incroyables (on se croirait au cirque ou dans la commedia dell’arte), le terrible attentat qui a coûté la vie au juge Falcone, vécu de l’intérieur, et bien d’autres encore...  Le réalisateur manie l’ellipse avec maestria, pour mettre en perspective les actes et les paroles de Buscetta, et entretenir l'ambiguïté du personnage. Sans aucune complaisance… C’est aussi un film politique, qui évoque la corruption et les collusions avec le pouvoir, mais aussi l’intégrité de juges qui l’ont payé de leur vie.

A noter également, la très belle performance d'acteur de Pierfrancesco Favino dans le rôle de Buscetta.

Vraiment un très bon film.

Retour à Zombieland : du fun, du gore et du politiquement incorrect !

Depuis l’arrivée d’un virus qui transforme les humains en zombies, une dizaine d’années auparavant, le chaos s’est répandu partout et les zombies eux-mêmes ont évolué. Une poignée d’humains ont réussi à survivre, et parmi eux une petite “famille” qui s’est constituée un peu par hasard et qui a su rester en vie malgré le contexte hostile (cf. Zombieland). Ils semblent même avoir trouvé un certain équilibre dans leurs relations… mais tout n’est pas aussi simple que cela. Little Rock a grandi et cherche à quitter le nid pour voler de ses propres ailes… et pour échapper à un père de substitution un peu envahissant en la personne du cowboy Tallahassee. Et le couple formé par Wichita et Columbus s’est enfermé dans une routine, à moins qu’ils aient peur de réellement s’engager ? En tout cas, suite à différentes circonstances, ils vont reprendre la route, rencontrer quelques autres survivants plus ou moins étranges… et croiser beaucoup de zombies !

Dix ans plus tard, on reprend donc la même recette qui avait fait la réussite de Zombieland : du fun, du gore et du politiquement incorrect… sans vraiment faire dans la dentelle ! C’est forcément un peu moins drôle qu’en 2009 mais on retrouve avec plaisir cette “famille” atypique et on rit beaucoup face à des situations complètement invraisemblables mais assez jouissives. Bref, ça fonctionne encore !

Le film est d’abord un divertissement rock’n roll, et il ne faut pas forcément y chercher trop de messages… Mais c’est bien tout de même un portrait acide, à travers un miroir grossissant et déformant, de l’Amérique d’aujourd’hui : on y parle d’armes à feu, de bagnoles, de la famille traditionnelle, de l’altermondialisme, véganisme, pacifisme, de religion, d’Elvis… Et puis c’est aussi un film qui parle de la famille et de l’engagement dans le couple. Finalement, c’est un peu une comédie romantique avec des zombies. Beaucoup de zombies !

Et puis il y a le plaisir de retrouver un quatuor d’acteurs excellents (avec quelques guests, y compris dans la scène bonus à la fin du film !), à commencer par un Woody Harrelson des grands jours.

Laissez votre cerveau au vestiaire (en plus c’est justement ce que cherchent à dévorer les zombies…) et amusez-vous (si vous supportez le sang qui gicle partout, évidemment) !