mardi 29 décembre 2020

Mon bilan ciné de 2020



2020 aura été une année difficile pour le cinéma... D'abord pour les exploitants de salles, les producteurs, les réalisateurs, les acteurs, les techniciens et tous ceux qui en vivent, mais aussi, dans une moindre mesure, pour les cinéphiles privés de leur passion. On espère évidemment une réouverture au plus vite des salles obscures !

Cette année, j’ai tout de même pu voir 65 films au cinéma. Suffisamment pour pouvoir faire un bilan, d'autant que les bons films ne manquaient pas ! Mais j’ai aussi voulu mentionner quelques films sortis sur des plateformes de streaming, parce que désormais il y a aussi de très bons films qui ne sortent pas en salle (et pas seulement à cause des confinements)… 

Voici donc ma sélection personelle de 2020, avec d'abord mes trois films de l'année, ceux qui m'ont sans doute le plus marqué cette année (dans l'ordre chronologique de leur sortie) ; ensuite mes coups de coeur, dans tous les genres et de tous les pays (là aussi dans l'ordre chronologique de leur sortie) ; enfin quelques films sortis uniquement sur les plateformes de streaming (avec mon préféré en premier). 

Mes films de l’année

Dark Waters (de Todd Haynes)

Dark Waters est un film puissant et engagé, précis, documenté… et franchement inquiétant. La démonstration du film est implacable. On en ressort vraiment secoué. Au-delà de son propos militant, le film est aussi humainement poignant. La réalisation de Todd Haynes est remarquable, à la fois sobre, précise et efficace, avec aussi un remarquable travail sur la lumière. Et dans le rôle principal, Mark Ruffalo, très impliqué dans le projet du film, est impeccable.

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La communion (de Jan Komasa)

Un film passionnant sur l’ambivalence, celle de son personnage principal capable du meilleur comme du pire - de la douceur et de la compassion comme de la violence la plus extrême - ou celle de ces habitants pieux et pourtant prisonniers de rancoeurs et de haines. Au-delà du contexte polonais, le film est riche de nombreuses thématiques universelles passionnantes, autour de la foi et la religion, la culpabilité et la rédemption, le pardon et la réconciliation, la vérité et le mensonge…

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Dans un jardin qu’on dirait éternel (de Omori Tatsushi)

Ce film lent et contemplatif est paisible et apaisant, plein de nostalgie, de poésie et de grâce. On comprend que l’art du thé est en réalité le reflet d’une philosophie de la vie, en harmonie avec les saisons, à l’écoute de la nature. Le film est un véritable éloge de la lenteur, qui fait un bien fou dans notre monde moderne stressé et inquiet !

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Mes coups de coeur

Jojo Rabbit (de Taika Waititi)

Un film assez inclassable, vraiment original, une comédie burlesque et satirique, qui ose l’humour noir, mais aussi un film tendre, poétique, émouvant, et un drame familial au milieu de la guerre et de l’idéologie nazie. Lire ma critique complète

Swallow (de Carlo Mirabella-Davis)

Un film dérangeant mais passionnant. Le récit d’émancipation d’une femme sous l’emprise d’un modèle patriarcal, entretenu par son mari et sa belle-famille.  Ce n’est pas un hasard si elle se met à avaler des objets incongrus en même temps qu’elle devient enceinte…  Lire ma critique complète 

Le cas Richard Jewell (de Clint Eastwood)

Clint Eastwood filme à nouveau l’histoire vraie d’un héros malgré lui, mais cette fois le héros devient, bien malgré lui, l’ennemi public numéro 1. Un thriller intimiste, sobre et épuré, mais aussi plein d’émotion. Lire ma critique complète

Exit (de Rasmus Kloster Bro)

Exit revisite avec brio le genre du film catastrophe, de façon assez radicale et très sombre. Minimaliste, le film est réalisé pratiquement sans effets spéciaux mais au plus proche de l’angoisse. Sous terre, animé du seul instinct de survie, le tréfonds de l'âme humaine se révèle... Lire ma critique complète

Benni (de Nora Fingscheidt)

Un drame percutant, un film dur mais touchant. Un véritable cri déchirant sur le besoin d'amour. Réaliste et fort, le film décrit la détresse de Benni et le désarroi de ceux qui veulent l’aider, sans tomber dans la complaisance ou l’angélisme. Lire ma critique complète

L’ombre de Staline (d’Agnieszka Holland)

Le portrait d’un journaliste méconnu, véritable lanceur d'alerte de son temps sur les horreurs du stalinisme. Au-delà de l’intérêt historique de son sujet, le film a une portée très actuelle, mettant en garde toute société dont le rapport à la vérité est faussé. Lire ma critique complète

Madre (de Rodrigo Sorogoyen)

Un film troublant et bouleversant. Un drame poignant qui illustre le fait que la blessure d’une mère qui a perdu un enfant ne se referme jamais… qu’une telle douleur peut littéralement interrompre la vie d’une mère, et que le chemin qui conduit à la lumière est long et douloureux. Lire ma critique complète

The Climb (de Michael Angelo Covino)

Une histoire d’amitié entre deux hommes très différents, chacun avec ses failles et ses fragilités, parfois énervants mais attachants. Une amitié pas toujours facile, parfois même toxique mais qui, sans cesse, renaît et traverse les épreuves. Lire ma critique complète

The King of Staten Island (de Judd Aparow)

Une comédie douce-amère, chronique d’un adulescent qui se cherche. Un film qui nous fait passer par toute une gamme d’émotions, avec bonheur. Avec la révélation de Pete Davidson, l’acteur principal, tout simplement génial. Lire ma critique complète

Tenet (de Christopher Nolan)

Pas le meilleur film de Christopher Nolan mais certainement le plus jubilatoire ! Le film mélange en quelque sorte les ingrédients de Memento, Inception et Interstellar, mais survitaminés, dans un film d’action époustouflant. Lire ma critique complète

Antoinette dans les Cévennes (de Caroline Vignal)

Une comédie romantique avec un âne (c’est bien un des personnages principaux du film !). Le film est drôle et touchant, non sans certains accents féministes et mélancoliques, autour de son héroïne, gaffeuse et fleur bleue, incarnée par une irrésistible Laure Calamy. Lire ma critique complète 

Les choses qu’on dit les choses qu’on fait (d’Emmanuel Mouret)

Un film brillant et subtile sur la complexité du sentiment amoureux. Les dialogues sont très écrits, et ça peut surprendre au premier abord, dans la bouche de personnages contemporains. Mais quel plaisir gourmand d’entendre une si belle langue ! Lire ma critique complète

Drunk (de Thomas Vinterberg)

Un véritable numéro d’équilibriste, à la fois drôle et tragique, existentiel et transgressif, avec un formidable Mads Mikkelsen en funambule désabusé qui se perd dans l’alcool pour tenter de retrouver la flamme. Lire ma critique complète


Sur les plateformes de streaming

Uncut Gems (de Joshua et Ben Safdie, sur Netflix)

Les frères Safdie ont encore frappé ! Dans ce thriller noir, violent, bruyant, volubile, urbain, nocturne, ils donnent une leçon de cinéma. La caméra est virtuose. Les dialogues sont percutants. Le scénario vous prend et ne vous lâche pas, dans un rythme un peu fou, jusqu’au dénouement… qui m’a scotché et m’a laissé KO ! Lire ma critique complète


Les Sept de Chicago (d’Aaron Sorkin, sur Netflix)

Un film éminemment politique, qui résonne d’une manière particulière dans le contexte de l’Amérique d’aujourd’hui. C’est haletant, jusqu’à un dénouement d’une grande force émotionnelle. Tout simplement passionnant. Un uppercut politique à couper le souffle.  Lire ma critique complète


Mank (de David Fincher, sur Netflix)

A la fois un brillant hommage au cinéma et une critique de son industrie. C’est aussi un hommage spécifiquement au travail de scénariste. On retrouve la virtuosité de Fincher, dans la variété et l’inventivité des plans, les mouvements de caméra, la direction d’acteurs, le tout sublimé par un travail extraordinaire sur la lumière, le montage et le son qui recréent une atmosphère parfaite des années 30-40. Lire ma critique complète


The Vast of Night (de Andrew Patterson, sur Amazon Prime Video)

Film indépendant, au budget très réduit, une petite merveille de science-fiction intelligente, remplie de clins d’oeil au genre (The Twillight Zone, Spielberg…) Un récit d’extra-terrestre malin, qui fait la part belle aux dialogues, empreint de nostalgie, et qui garde en haleine jusqu’au bout, jusqu’à un final plein de poésie.  Lire ma critique complète

Pinocchio (de Matteo Garrone, sur Amazon Prime Video)

Une véritable féérie, un film magique et nostalgique, pour petits et grands. C’est d’abord un enchantement visuel : les décors, les costumes, les maquillages, tout est absolument superbe ! C’est un vrai travail d’orfèvre, d’une grande poésie. Lire ma critique complète


lundi 28 décembre 2020

Minuit dans l'univers : un bon film SF classique, c'est déjà pas si mal !


En 2049, suite à un événement dont le film ne dit rien explicitement, l’air sur la terre devient irrespirable, contraignant les survivants à se réfugier sous terre. Augustin Lofthouse, un grand scientifique qui a découvert K-23, un satellite caché de Jupiter qui pourrait accueillir les humains, refuse de quitter l’observatoire Barbeau, dans le cercle arctique. Il est malade et très affaibli... et il découvre qu’il n’est pas seul : une petite fille, qui ne parle pas, nommée Iris, a été oubliée dans l’évacuation. Dans le même temps, dans l’espace, un vaisseau spatial est sur le chemin de retour, en provenance de K-23. Ils ignorent tout des événements survenus sur la Terre, ayant perdu toute communication avec la base. Tous leurs efforts pour contacter la Terre restent vains. Découvrant de son côté que la mission est toujours en cours, Augustin va tout faire pour contacter l’équipage. 

Le film n’est, certes, pas d’une originalité folle : c’est de la SF post-apocalyptique très classique. Ça n'en est pas moins un bon film de science-fiction, et ce n’est pas si courant que cela. Les mauvaises langues diront qu’on a déjà vu les images cent fois et que le film s’inspire un peu trop explicitement de classiques du genre (on pense, évidemment, à Gravity ou Interstellar). Il n’empêche que c’est fort bien réalisé, les images dans l’espace sont belles, le scénario est plutôt bien écrit, le ton mélancolique du film convainc, et le dénouement touchant noue la gerbe entre les récits en parallèle. 

Encore une fois, Minuit dans l'univers n’est pas un chef d'œuvre. Mais on passe vraiment un très agréable moment à le regarder ! Un bon film SF classique, c'est déjà pas si mal !

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Minuit dans l'univers, un film de George Clooney, disponible sur Netflix


Soul : un bon Pixar... surtout visuellement


Joe Gardner est prof de musique dans un collège. Sa vie, c’est le jazz ! Et il va enfin avoir l’occasion de réaliser son rêve : jouer dans un des meilleurs clubs de New-York. Mais tout à sa joie, il tombe malencontreusement dans une bouche d’égout et meurt. Alors que son âme se trouve en chemin vers l’Au-delà et qu’il essaye de revenir sur Terre, il se retrouve par erreur dans le “Grand Avant", l’endroit où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité avant d’être envoyées sur Terre. L’âme de Joe est prise alors par erreur pour une autre et est assignée comme mentor pour l’âme numéro 22, qui résistent depuis des siècles à ses mentors successifs, n’ayant absolument aucune envie d’être envoyée sur Terre. Joe y voit finalement une occasion de pouvoir, lui, retourner sur Terre et va mettre tous ses efforts à montrer à 22 combien l’existence humaine est formidable… 

Soul est le dernier né des studios Pixar, sorti finalement seulement en streaming sur la plateforme Disney+. Il est écrit et réalisé par Pete Docter, à qui on doit déjà Monstres & Cie, Là-Haut et le génial Vice Versa. Au niveau de l’animation, et ce n’est pas une surprise, c’est en tout point remarquable, notamment dans la représentation du “Grand Avant”, d’une grande inventivité visuelle. Il y a de vraies trouvailles dans le film (les âmes en peine, les Michel…) mais globalement le film m’a quand même laissé un sentiment mitigé. Ce grand fourre-tout métaphysico-spirituel manque d’équilibre, la deuxième partie, sur Terre, s’essouffle un peu, la conclusion est “gentille” et un peu décevante… Même si ça reste un Pixar de qualité, on est quand même assez loin de la finesse, de l’équilibre et de l’émotion de Vice Versa

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Soul, un film de Pete Docter et Kemp Powers, disponible sur Disney+


lundi 7 décembre 2020

Mank : hommage brillantissime au cinéma et critique acerbe de son industrie


Mank, c’est le surnom de Herman J. Mankiewicz, scénariste de l’âge d’or de Hollywood. Un personnage brillant et acerbe, mais alcoolique invétéré. Alité suite à un accident de voiture, il n’a que deux mois pour boucler le script de Citizen Kane, le fameux chef d’oeuvre mythique de l’histoire du cinéma, premier film du tout jeune Orson Welles. Mais c’est un projet qui provoque de grands remous dans l’industrie du cinéma de l’époque puisque derrière le personnage de Charles Foster Kane, héros du film de Welles, se dessine, à peine cachée, la figure de William Randolph Hearst, magnat de la presse tout-puissant. 

Une polémique demeure sur la véritable paternité du scénario de Citizen Kane : Mankiewicz et Welles recevront tous les deux, en leur absence, l’Oscar du meilleur scénario pour le film… mais ils resteront brouillés suite à cela. Cette polémique offre la toile de fond de Mank mais, comme son nom l’indique, le film est avant-tout le portrait du scénariste, sous la forme d’un film-miroir de Citizen Kane

Le film est à la fois un extraordinaire hommage au cinéma et une critique de son industrie. C’est aussi un hommage spécifiquement au travail de scénariste. De la part de David Fincher, qui n’a jamais signé le scénario de ses films, ça a du sens ! D’autant que Mank repose sur un scénario de Jack Fincher, le père de David Fincher. C’est un projet qu’il a tenté en vain de réaliser depuis les années 90 : aucun studio ne voulait monter un tel film en noir et blanc. Et c’est Netflix qui a permis à Fincher d’aboutir dans son projet, lui laissant carte blanche. 

L’hommage au cinéma est brillantissime. On retrouve la virtuosité de Fincher, dans la variété et l’inventivité des plans, les mouvements de caméra, la direction d’acteurs (formidable Gary Oldman au naturel : pas de postiche ni de maquillage, juste l’acteur), le tout sublimé par un travail extraordinaire sur la lumière, le montage et le son qui recréent une atmosphère parfaite des années 30-40. Le film recèle des scènes absolument mémorables, à commencer par l’extraordinaire soirée électorale, ou l’anniversaire de Mayer, le dîner en fin de film… Magistral. 

Mais à l’hommage formel est associé un regard critique sur l'industrie hollywoodienne, par un portrait acerbe, en coulisses, d’une usine à rêves où règnent le fric, les luttes d’ego et les jeux de pouvoir, souvent en collusion avec la politique. En réalité, un monde qui entre de manière étonnante en résonance avec celui d’aujourd’hui !

Mank est un film ambitieux, qui n’est pas forcément évident d’accès au premier abord, par ses multiples références à Citizen Kane (c’est aussi un film pour cinéphiles !), ses dialogues abondants, son montage relativement complexe entre deux temporalités. Pourtant, quel film ! Dépassant la question de l’écriture du scénario de Citizen Kane, Mank propose une réflexion sur le cinéma, le processus créatif, le rapport entre l’art et l’industrie de l’art, mais aussi, de façon plus intime, sur la solitude, la quête de reconnaissance, les chemins de rédemption… 

Ca valait le coup d'attendre 6 ans pour voir un nouveau film de Fincher : Mank est un de ses meilleurs, et sans aucun doute le plus personnel. Merci à Netflix de l'avoir produit (même si on espère qu'on pourra voir le prochain au cinéma...) !

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Mank, un film de David Fincher, disponible sur Netflix.



lundi 9 novembre 2020

Sur le chemin de la rédemption : Dieu nous pardonnera-t-il ?

Ernst Toller est un ancien aumônier militaire. Sa vie a été bouleversée par la mort de son fils, en Irak. A la suite de ce drame, son couple a volé en éclat. Il est désormais pasteur dans une petite église ancienne que les gens viennent visiter en touriste. Seul, il est un homme en plein doute, cabossé par la vie. Un jour, Mary, une de ses rares paroissiennes, lui demande de parler avec son mari, un activiste écologiste, pour lequel elle s’inquiète. Ce que le pasteur découvrira va le placer face à un dilemme lorsqu’il comprendra que l’église qui l’emploie est en bonne partie financée par une entreprise peu scrupuleuse en matière environnementale et qui s’achète une virginité par sa générosité… 

Sur le chemin de la rédemption (First Reformed en vo) est un film angoissé et sombre, assez perturbant mais fascinant. Un film qui pose des questions sans forcément apporter de réponse. Et qui du coup nous fait réfléchir, durablement, après son visionnage. Le film, sorti en 2017, n’est pourtant jamais sorti dans les salles en France... ll est depuis peu disponible sur Netflix. Il ne faut pas le manquer !

Réalisé par Paul Schrader (qui a été scénariste pour Scorsese, notamment pour Taxi Driver et Raging Bull, excusez du peu !), le film s’ouvre sur un lent travelling en direction d’une église en bois qui, à force de s’en rapprocher devient imposante, trop imposante, presque inquiétante. Il se termine sur une scène filmée avec une caméra sans cesse en mouvement, tournant et tournant autour des personnages… et brusquement interrompue. Une fin qui interroge : l’espoir est-il encore possible ? Peut-être… mais le film ne l’affirme pas. C’est au spectateur d’en décider, sans doute.

Le reste du film est essentiellement une succession de plans fixes, dans un format d’image presque carré, étriqué, filmés dans une lumière souvent assez blafarde avec pour seule “musique” une sorte de bourdonnement sourd, angoissant. Tout cela est le reflet de l’âme de ce pasteur en proie aux doutes et au désespoir, dans un monde présenté comme allant à sa perte, si on ne fait rien, à moins qu’il ne soit déjà trop tard. 

Tout cela n’est, certes, pas très gai… Par les dialogues et par la voix off du pasteur, notamment lorsqu’il écrit son journal intime, le film interroge. A-t-on le droit de faire des enfants quand on considère le monde qu’on leur laisse ? Dieu nous pardonnera-t-il ce que nous avons fait à sa création ? Il y a, pourtant, quelques lueurs d’espoir possibles. A travers le personnage de Mary. A travers la foi du pasteur, qui demeure, même tourmentée, malgré les doutes et les interrogations. A travers certaines phrases toujours en voix off, comme par exemple : “chaque acte de préservation est un acte de création.” 

Le film nous embarque ainsi dans les turpitudes de ce pasteur en proie aux doutes, remarquablement interprété par Ethan Hawke dont c’est un des meilleurs, si ce n’est le meilleur rôle. Sa portée théologique et métaphysique, et sa portée politique, sont indéniables. Un film remarquable !

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Sur le chamin de la rédemption (First Reformed), un film de Paul Schrader, disponible sur Netflix




lundi 2 novembre 2020

Les Sept de Chicago : un uppercut politique à couper le souffle


En 1968, en pleine guerre du Vietnam et quelques semaines après l’assassinat de Martin Luther King, la convention nationale démocrate se déroule à Chicago. Elle doit désigner le candidat du parti à l’élection américaine. De nombreuses manifestations sont organisées à cette occasion, notamment pour protester contre la guerre du Vietnam. Mais la répression policière est musclée, poussée par le maire RIchard Daley, et des violences éclatent, filmées et diffusées à la télévision. Sept organisateurs des manifestations sont inculpés, surnommés les « Chicago Seven » (Abbie Hoffman, Jerry Rubin, David Dellinger, Tom Hayden, Rennie Davis, John Froines et Lee Weiner). Ils sont poursuivis pour conspiration. Un huitième homme est associé au procès, Bobby Seale (co-fondateur des Black Panthers Party).

La scène d’ouverture du film mélange des images d’archives avec des reconstitutions. En quelques minutes à peine, on a tout compris des enjeux et on a caractérisé les personnages principaux de l’intrigue. Absolument remarquable. Tout le film, ensuite, est centré sur le procès fleuve, qu’on découvre avec sidération. Grâce à un montage parfaitement maîtrisé, des flashbacks permettent de revivre plusieurs aspects des manifestations et des émeutes. On multiplie les points de vue. On ne cache pas les tensions et les dissensions internes au groupe disparate des Sept. Mais on ne cache pas non plus l’aberration d’un procès partisan et les manoeuvres politiques. C’est haletant, jusqu’à un dénouement d’une grande force émotionnelle. Tout simplement passionnant. 

Les Sept de Chicago est un film éminemment politique, qui résonne d’une manière particulière dans le contexte de l’Amérique d’aujourd’hui. Car en plus du fonctionnement de la justice et des manoeuvres politiques, le film évoque les violences policières et le racisme sous-jacent. Aaron Sorkin (scénariste oscarisé pour The Social Network de David Fincher) est ici à la réalisation et au scénario et c’est un coup de maître. Un film coup de poing, indispensable. 

Précisons encore que le film bénéficie d’un casting incroyable, emmené notamment par Sacha Baron Cohen et Eddie Redmayne, mais aussi Joseph Gordon-Levitt, Mark Rylance, ou Frank Langella dans le rôle du juge Hoffman. Sans oublier une excellente bande originale composée par Daniel Pemberton. 

A voir absolument ! 

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Les Sept de Chicago (Trial of the Chicago Seven), un film d'Aaron Sorkin, disponible sur Netflix



lundi 19 octobre 2020

Drunk : un numéro d’équilibriste, à la fois drôle et tragique, existentiel et transgressif

Quatre amis, tous profs en lycée, décident de mettre en pratique la théorie (réelle !) d’un psychologue norvégien selon laquelle l’homme aurait dès sa naissance un déficit d’alcool de 0,5 g dans le sang. Si, au début, les résultats sont encourageants, tant sur le plan de leur vie professionnelle que personnelle, la situation va vite devenir hors de contrôle… 

Drunk est un véritable numéro d’équilibriste, à la fois drôle et tragique, existentiel et transgressif, avec un formidable Mads Mikkelsen en funambule désabusé qui se perd dans l’alcool pour tenter de retrouver la flamme. 

Car Drunk ne parle pas seulement des risques de l'alcool et de l’alcoolisme. Loin de là. C’est avant tout un film empreint de nostalgie, sur la monotonie de la vie et la difficulté de trouver le bonheur. Un film aux accents existentiels, avec la citation de Kierkegaard au début du film : « La jeunesse ? Un rêve. L’amour ? Ce rêve », et toujours le même Kierkegaard, convoqué à la fin du film, lors de l’épreuve du bac, évoquant l’angoisse et la fragilité de la vie. 

Sur la question de l’alcool, le discours n'est pas manichéen, ni moralisateur. On pourrait peut-être le résumer ainsi : on n'est pas tous égaux face à l'alcool (on pourrait le dire de toute autre addiction...) mais si on n'y prend pas garde, ça peut vraiment foutre notre vie en l'air ! Mais Drunk assume un côté transgressif, louant aussi, dans certains cas, les bienfaits de l'alcool et même de l'ivresse. En tout cas la nécessité de perdre le contrôle… Un message qui prend tout son sens dans la scène finale, à la fois festive et inquiète, et en particulier sa dernière image arrêtée. 

On l’a déjà dit, Mads Mikkelsen est extraordinaire dans le film mais ses trois compagnons (Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe et Magnus Millang) sont au diapason. La réalisation de Thomas Vinterberg est ciselée et nerveuse. Vraiment un film passionnant. 

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Drunk, un film de Thomas Vinterberg


Josep : le dessin comme acte de résistance

Serge, un vieil homme en fin de vie, raconte ses souvenirs à son petit-fils. En février 1939, il était gendarme et chargé de garder un camp de réfugiés espagnols fuyant la dictature de Franco, dans des conditions indignes et insalubres. Mais il va se lier d’amitié avec l’un des réfugiés, Josep, combattant antifranquiste et dessinateur de talent. 

Ce beau film d’animation, sobre et fort, humaniste, est inspiré de l’histoire vraie de Josep Bartoli. Le film fait le choix d’une animation assez audacieuse, quasi expressionniste, pour évoquer une période sombre de notre histoire de France, avec l’accueil indigne d’un pays aux abois, encerclé par les fascismes (en Espagne, Italie, Allemagne). Mais c’est avant tout l’hommage d’un dessinateur (Aurel) à un autre dessinateur (Josep Bartoli), qui veut exalter le dessin comme un acte de résistance. Un message pertinent à l’heure où certaines caricatures sont sous les feux de l’actualité, de façon dramatique. Un dessin qui, parfois, dérange. Comme celui de ce visage d’un homme mort que le vieil homme garde précieusement, au grand dam de sa fille qui voudrait s’en débarrasser. Un dessin qui, finalement, va trouver sa vraie place à la fin du film (dans un très bel épilogue que je ne dévoilerai pas). 

Si Josep est un acte de résistance, c’est aussi un film sur la transmission et la mémoire, le courage, l’amitié. A découvrir. Vraiment. 

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Josep, un film d'animation de Aurel


lundi 5 octobre 2020

Kajillionaire : un film au ton singulier, pour évoquer le besoin vital de tendresse


Theresa et Robert vivent d’arnaques et de larcins en tout genre, et ils ont élevé leur fille, Old Dolio, pour qu’elle devienne aussi un parfait escroc. A 26 ans, elle vit toujours avec ses parents et ils partagent toujours en trois parts égales le fruit de leurs arnaques. Et puis, un jour, ils décident de proposer à Mélanie, une jeune femme rencontrée au cours d’un voyage, de les rejoindre dans leur nouvelle arnaque. 

Kajillionaire est un film au ton singulier, voire même assez étrange, tour à tour loufoque, presque surréaliste, mais aussi cruel ou cynique. C’est un portrait étonnant mais attachant d’une famille d’escrocs, incapables d’exprimer la moindre tendresse. L’histoire est souvent surprenante, et le dénouement assez savoureux !

C’est d’abord un film sur le besoin vital de tendresse, qui s’exprime à travers le personnage d’Old Dolio, avec sa personnalité complètement bridée, étouffée, et en quête de la tendresse que ses parents n’ont jamais su lui témoigner. Un besoin de tendresse qui s’exprime aussi dans le personnage de Mélanie qui ne reçoit de la part des autres, en particulier des hommes, qu’un regard avec bien peu de tendresse mais bien plus de lubricité. Et la rencontre improbable de ces deux jeunes femmes va changer la donne… 

Miranda July, la réalisatrice, propose un regard bienveillant sur ces personnages dysfonctionnels, un peu excentriques, avec leurs failles et leurs carences. Un regard qui, finalement, interroge la marginalité et la normalité. A noter, la performance assez étonnante d’Evan Rachel Wood dans le rôle d’Old Dolio et celle, savoureuse, de Richard Jenkins dans celui du père. 

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Kajillionaire, un film de Miranda July


A coeur battant : un couple à l'épreuve de l'amour à distance

 

Julie et Yuval s’aiment. Ils sont mariés et viennent d’avoir un enfant. Mais pour des raisons administratives, Yuval doit retourner en Israël pour renouveler son visa pour la France. Ils vont devoir un certain temps vivre leur amour à distance, par écrans interposés. 

Le film s’ouvre avec une scène d’amour dont on se rend compte assez rapidement qu’elle est en réalité vécue à distance, et ce que l’on voit, c’est alternativement l’écran de Julie et de Yuval. Ce dispositif cinématographique original va se poursuivre tout au long du film (sauf dans la scène finale) et se révèle pertinent et efficace pour le propos du film. 

A cet égard, le titre original du film est plus explicite que le titre français : The End of Love. Le film parle en effet de la fin de l’amour dans un couple, en l’occurrence celle d’un couple qui se délite, contraint de vivre leur amour par écrans interposés, et dont la relation va petit à petit être polluée par des soupçons, de l’incompréhension, de la jalousie, accentués par la distance. 

Qu'est-ce qui permet à un couple de durer ? En tout cas, le film tend à démontrer que l’amour a besoin de la présence concrète et ne peut pas se contenter d’une présence virtuelle. La technologie et les moyens de communication modernes ne peuvent pas remplacer une relation réelle et concrète. Evidemment, le film trouve un écho particulier dans le contexte sanitaire actuel, et l'expérience du confinement.

Ce couple qu’on voit se briser devant nos yeux est magnifiquement incarné par Judith Chemla et Arieh Worthalter, tous deux excellents. A noter également, la remarquable apparition de Noémie Lvovsky dans le rôle de la mère de Julie. 

Un film original dans la forme et très contemporain sur le fond. 

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A coeur battant, un film de Keren Ben Rafael




lundi 28 septembre 2020

Les apparences : le film lorgne du côté de Chabrol... mais on en est loin !


Eve et Henri Monlibert vivent à Vienne et mènent une vie privilégiée avec Malo, leur fils. Lui est un chef d’orchestre à la renommée mondiale, elle travaille à l’institut français. Ils forment un couple modèle… jusqu’au jour où Eve se rend compte que son mari la trompe avec l’institutrice de leur fils. 

Le film pouvait s’annoncer sous les meilleurs auspices : une histoire de trahison et de faux-semblant, un ton de satire sociale, et Karin Viard au casting ! On sent bien que le film lorgne du côté du cinéma de Chabrol... mais on en est très loin, dans l'atmosphère, dans la caractérisations des personnages, dans la finesse du scénario. Au lieu de cela, le film enchaîne les grosses ficelles et les invraisemblances, qui plus est, avec un dénouement plutôt bâclé et une conclusion qui tombe à plat.

Alors Karin Viard est très bien, comme toujours, et Benjamin Biolay est dans un rôle qui lui convient parfaitement. Mais le film, lui, est une vraie déception pour moi… 

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Les apparences, un film de Marc Fitoussi


Ondine : une belle histoire d'amour tragique, teintée de fantastique

 

Le film revisite le mythe d’Ondine qui raconte l’histoire d’une jeune fille vivant dans un lac et que les jeunes hommes au coeur brisé viennent rechercher en quête d’amour. Mais en échange de son amour, Ondine leur demande de ne jamais cesser de l’aimer car si elle est trahie, elle doit tuer l’homme infidèle et retourner dans les eaux du lac. 

Dans le film, Ondine est une jeune femme historienne qui vit à Berlin. Elle donne des conférences sur l’histoire de l’architecture de la ville. Quand Johannes lui annonce qu’il la quitte, elle lui demande de ne pas le faire, sinon elle devra le tuer. Mais alors qu’elle espère retrouver Johannes dans un café, elle rencontre Christoph et en tombe amoureuse. Elle décide de ne pas tuer Johannes et de vivre pleinement son amour. Mais pourra-t-elle échapper à son destin ?

Ondine est une histoire d'amour tragique, teintée de fantastique, un film onirique, poétique, lyrique. Cette histoire d’amour entre une jeune femme historienne et un jeune homme scaphandrier manie les symboles, avec plusieurs niveaux de lecture. Il nous parle d’abord d’amour, bien-sûr. Il parle de fidélité, d’engagement, d’abandon et de possession, de liberté. 

Mais le film parle aussi de notre lien à l’histoire et de ce que nous héritons du passé. En sommes-nous prisonnier ou pouvons-nous nous en libérer ? Il le fait à travers l’évocation de Berlin et son architecture, avant et après la guerre, avant et après la chute du mur. Mais il le fait aussi par le mythe dont Ondine tente de s’échapper. 

Christian Petzold, le réalisateur, choisit un ton lyrique, souvent contemplatif. Il filme avec beaucoup de finesse les visages, les regards, les silences. Les plans sous l’eau sont aussi très beaux. Le couple tragique est magnifiquement interprété par la lumineuse Paula Beer (récompensée au festival de Berlin pour ce rôle) et le touchant Franz Rogowski. Le tout baigné à plusieurs reprises par les notes du sublime adagio du concerto d’après Marcello BWV 974 de Bach. 

Vraiment un beau film. 

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Ondine, un film de Christian Petzold


lundi 21 septembre 2020

Antoinette dans les Cévennes : une comédie romantique avec un âne... pleine de fraîcheur et de tendresse

 

Antoinette est institutrice et elle entretient une relation avec Vladimir, le père d’une de ses élèves. Quand son amant lui annonce qu’il doit, contre son gré, partir une semaine marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette décide sur un coup de tête de faire de même. A son arrivée sur place, elle ne trouve pas Vladimir... mais fait la connaissance de Patrick, un âne avec lequel elle va s’embarquer dans une randonnée à travers les Cévennes. 

Antoinette dans les Cévennes est une comédie légère et tendre, une comédie romantique avec un âne (c’est bien un des personnages principaux du film !) ! Le film est drôle et touchant, non sans certains accents féministes et mélancoliques, autour de son héroïne, gaffeuse et fleur bleue, incarnée par une irrésistible Laure Calamy. 

C’est une comédie légère, certes, ce qui ne veut pas dire pour autant qu' elle n'évoque pas des questions sérieuses, notamment autour de la recherche de l'amour (et des vertus de la randonnée !).  

Beaucoup de charme, donc, dans cette comédie qui doit énormément à la performance de Laure Calamy, qui se voit enfin confier un premier rôle dans un film. Elle est d’ailleurs bien entourée par Benjamin Lavernhe, Oliva Côte… et Jazou (le vrai nom de l’âne qui joue Patrick). A noter aussi, la très chouette musique originale composée par Mateï Bratescot (que je ne connaissais pas du tout !). 

Une comédie positive, pleine de fraîcheur et de tendresse. 

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Antoinette dans les Cévennes, un film de Caroline Vignal



Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait : un film brillant et subtile sur la complexité du sentiment amoureux

 

Daphné est en vacances à la campagne avec François, son compagnon. Mais ce dernier doit s'absenter quelques jours pour le travail, alors que Maxime, son cousin, devait les rejoindre. Daphné et Maxime vont donc passer quelques jours ensemble. Ils  font connaissance et se confient l’un à l’autre, à propos de leurs histoires d’amour respectives. 

Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait est un film brillant et subtile sur la complexité du sentiment amoureux. Les dialogues sont très écrits, et ça peut surprendre au premier abord, dans la bouche de personnages contemporains. Mais quel plaisir gourmand d’entendre une si belle langue ! 

Le scénario, habile, propose des chassés-croisés amoureux assez ludiques. Mais au fur et à mesure que le film avance, le marivaudage léger prend de l’épaisseur, et même de la gravité. Car la question de l’amour est une question grave, qui touche au plus profond de notre être. Et c’est bien plus qu’une question de sentiments. Le film ne porte pas de regard moral sur la question ni sur ses personnages mais il n’en propose pas moins une réflexion subtile sur de nombreuses questions : la différence entre le sentiment amoureux et l’amour ; l'articulation entre le désir, le plaisir et l’amour ; la cruauté, parfois, de l’amour et les souffrances qui lui sont liées ; les mensonges qu’on s’autorise en amour (aux autres ou à soi-même) ; la jalousie, la possessivité ou l’amour désintéressé. C’est absolument passionnant, et on ressort du film avec pas mal de questions et de réflexions, en écho avec notre propre expérience de l’amour. 

La mise en scène d’Emmanuel Mouret est d’une grande élégance et d’une belle fluidité. Le film est baigné dans de très beaux et nombreux extraits de musique classique (Chopin, Debussy, Satie, Grieg, Barber…) Quant aux acteurs et actrices, ils sont tous extraordinaires, à commencer par une formidable Camélia Jordana, mais aussi Niels Schneider, Vincent Macaigne, Emilie Dequenne... 

Un film qui devrait bien figurer au palmarès des prochains César (s’ils ont lieu !). 

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Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait : un film d'Emmanuel Mouret


mercredi 16 septembre 2020

Je veux juste en finir : un film étrange et fascinant

C’est l’hiver et il neige. Jake emmène sa petite amie en voiture, pour lui présenter ses parents. Mais celle-ci est un peu absente pendant le voyage, perdue dans ses pensées. Elle se dit que Jake est gentil… mais qu’il serait temps d’arrêter.  

Je veux juste en finir (I'm thinking of ending things en vo) est un film étrange et fascinant. Il faut dire que son réalisateur se nomme Charlie Kaufman (le scénariste des géniaux Dans la peau de John Malkovitch ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou scénariste et réalisateur de l'étonnant Anomalisa) : c’est donc la garantie d’un univers bien particulier. Libre adaptation du livre Je sens grandir ma peur, de Iain Reid  (que je n’ai pas lu… bien que, visiblement, ça aide à comprendre le film !), le film a tout pour dérouter le spectateur. On comprend bien vite que l’histoire qu’on nous raconte ne peut pas être prise au pied de la lettre : il y a trop d’éléments incohérents et bizarres, dans les dialogues, les événements, les personnages rencontrés (et pourquoi ces plans incessants sur le vieux concierge du lycée ?)...  

Attention : si vous ne voulez pas être spoilé, sautez ce paragraphe ! On pense au début que la jeune femme (qui, d’ailleurs, change de nom au long du film) envisage simplement de rompre avec son petit ami, on comprendra que l’enjeu est ailleurs et que l’histoire tourne en fait autour de Jake qui, devenu vieux, imagine avec regrets ce que sa vie aurait pu être s’il avait osé abordé la jeune femme qu’il a rencontrée un soir dans un bar. Car Jake et le vieux concierge ne font qu’un. Je veux juste en finir raconte ce que pense et imagine Jake, âgé, alors qu’il décide d’en finir... avec la vie, rongé par les regrets. Pour aller un peu plus loin, cet article m’a aidé à remettre un peu de l’ordre dans le puzzle du film... 

Je veux juste en finir est finalement un film fascinant sur la solitude et les regrets, qui propose une expérience étonnante au spectateur (qui peut, évidemment, être pour le moins décontenancé). Le film est nostalgique, et même triste voire tragique, mais il se montre aussi drôle (la visite chez les parents, avec des Toni Colette et David Thewlis impayables), poétique, onirique, surréaliste... et le couple formé par Jesse Plemons et Jessie Buckley est aussi excellent.  

Si vous cherchez une narration fluide et une histoire limpide, Je veux juste en finir n’est pas fait pour vous. Mais si vous êtes prêts à vous laisser surprendre et embarquer par un récit singulier, sans forcément tout comprendre, et découvrir un objet cinématographique étonnant, laissez-vous tenter par l'aventure ! 

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Je veux juste en finir, un film de Charlie Kaufman, disponible sur Netflix