lundi 30 octobre 2017

Logan Lucky : auto-parodie réjouissante d'un film de casse

Les frères Logan sont réputés pour n'être pas très futés. En plus on dit que ces deux éclopés (l'un boite et l'autre a perdu une main) portent la poisse. Mais ils décident de monter un casse et vont chercher l'aide de Joe Bang, le meilleur braqueur de coffre-fort. Sauf que ce dernier est en prison... Mais ils ont un plan !

Steven Soderbergh est connu pour ses films de casse (la série des Ocean's 11, 12, 13). Avec Logan Lucky, il s'auto-parodie avec un film de casse très réjouissant. C'est un peu Ocean's 11 chez les ploucs !

L'action se passe dans une Amérique profonde dont le réalisateur accentue les traits avec ironie, avec les bagnoles, la frime, les concours régionaux pour les enfants, un patriotisme dégoulinant... Et une galerie de personnages pas très fins ni futés (des voyous bras-cassés au directeur de prison malhonnête). Ceci dit, au fil du scénario (et en particulier dans son dénouement), on se rend compte que les ploucs ne le sont pas forcément autant qu'on le croit !

On a tous les ingrédients d'un film de casse : la préparation de l'opération, le recrutement de l'équipe, le casse lui-même avec ses imprévus, et les petits détails qui nous échappent et qui prennent tout leur sens à la fin, quand on comprend qu'on ne nous a pas tout montré (mais je n'en dirai pas plus). Alors bien-sûr, on est parfois à la limite de l'invraisemblable mais on s'en fiche un peu tant l'histoire est vraiment réjouissante.

Il faut bien-sûr mentionner l'excellent casting, à commencer par Channing Tatum et Adam Driver, qui sont deux frères éclopés complètement crédibles (il y a vraiment un air de ressemblance), et Daniel Craig, un peu à contre-emploi avec ses cheveux blonds platine.

Thor Ragnarok : avis express

La suite des aventures de Thor est bien décevante. Le réalisateur, Taika Waititi, a choisi l'option du pur divertissement, en voulant proposer un film Marvel pop, qui privilégie l'action et l'humour. Bof... le résultat n'est pas vraiment probant. Malgré quelques moments réussis (enfin je pense surtout à un moment, très court : l'évocation de la chevauchée des Walkyries), le film est vraiment fourre-tout, avec trop de personnages, un scénario tarabiscoté et, surtout, des dialogues pathétiques ! Hulk n'est qu'un vulgaire homme des cavernes vert, Loki n'est finalement pas si méchant que ça, Thor change de coupe de cheveux... La seule qui sauve un peu les meubles, c'est Hela, grâce à Cate Blanchett (mais qu'est-elle allé faire dans cette galère ?)...

mercredi 25 octobre 2017

Au revoir là-haut : un beau film, généreux, populaire, intelligent

Albert Maillard et Edouard Péricourt sont deux rescapés de la guerre de 14-18. Albert doit la vie à Edouard qui l'a sauvé in extremis, mais en étant lui-même défiguré par un obus. Après la guerre, Albert prend soin d'Edouard qu'il fait passer pour mort, ce dernier ne voulant en aucun cas revoir son père qu'il déteste. Ils vivent tant bien que mal jusqu'à ce qu'ils montent une arnaque aux monuments aux morts, profitant de la vague patriotique de l'après-guerre.

Au revoir là-haut est adapté du roman éponyme de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013 (Albert Dupontel a toutefois modifié la fin de l'histoire... mais je n'ai pas lu le livre). C'est un très beau film, dominé par la tristesse même s'il est aussi parcouru par des élans d'humour et de tendresse. L'histoire véhicule tout de même une vision assez sombre de l'humanité, même si des rais de lumière apparaissent parfois.

En tout cas, le film montre que l'armistice ne signe pas la fin de la guerre... Non seulement pour ceux qui l'ont faite et qui restent à jamais marqués par leurs traumatismes mais aussi parce que la société en temps de paix est aussi un champ de bataille, cruel pour les faibles et les petits, et faisant de nombreuses victimes. Un monde où tout le monde magouille et manipule... mais dans lequel, malgré tout, le candide de l'histoire ne s'en sort pas trop mal (en morflant quand même !). Le candide, c'est Albert. Mais aussi, dans une certaine mesure, Pauline, la bonne des Péricourt, et Louise, dans son innocence d'enfant.

Edouard, lui, est l'artiste à jamais brisé, au moins autant par le manque d'amour de son père que par l'obus qui l'a défiguré... Il se cache derrières ses masques, tantôt sobres, tantôt sophistiqués, selon son humeur, pour essayer de survivre. Le père, Marcel Péricourt, a finalement aussi un masque, insensible et froid, derrière lequel il tire les ficelles et manipule, grâce à son immense fortune. Même les plus douces en apparence peuvent se révéler terriblement froides et calculatrices... Le seul qui n'ait pas vraiment de masque, c'est Pradelle. Mais il n'en est que plus terrifiant : c'est un parfait salopard, dans les tranchées comme en temps de paix !

Le film a donc bien une dimension pamphlétaire, dénonçant  la société capitaliste et bourgeoise, avec ses profiteurs de tout poil, ironisant sur un certain patriotisme (le maire qui décrit à Péricourt les critères de choix de l'artiste pour le monument aux morts !), dont profitent les deux protagonistes dans leur arnaque.

La mise en scène de Dupontel est recherchée et parfois spectaculaire, avec des mouvements de caméra, des travellings, des prises de vue par un drone. Ainsi en est-il, par exemple, de l'impressionnante scène d'ouverture, en plan séquence reconstitué, où un chien parcours le champ de bataille. A noter également, la remarquable reconstitution du Paris des année folles et quelques scènes d'une grande force dramatique, comme celle de la rupture entre Pradelle et sa femme ou celle des retrouvailles entre Edouard et son père. Déchirant.

Albert Dupontel joue lui-même le rôle de Maillard et lui donne beaucoup d'humanité et de candeur. Nahuel Perez Biscayart passe l'essentiel du film derrière un masque et on n'entend qu'une voix rocailleuse incapable de prononcer des mots. Mais tout passe par ses gestes et son regard, extrêmement expressifs. Remarquable. Laurent Lafitte est génial dans son rôle de salopard qu'on adore détester. Et les seconds rôles complètent à merveille le casting : Emilie Dequenne et Mélanie Thierry, toutes de douceur, Niels Arestrup impeccable, Michel Vuillermoz toujours truculent, Philippe Uchan très drôle dans le rôle de Labourdin, le maire bête comme ses pieds.

Au revoir là-haut est un film où Albert Dupontel se révèle bien moins déjanté qu'à l'habitude, mais ça n'en est pas moins un film personnel où on reconnaît bien la patte du réalisateur. C'est un film généreux, populaire dans le bon sens du terme, intelligent.

lundi 23 octobre 2017

The Square : une fable féroce et caustique, un film virtuose

Christian, père divorcé, est conservateur réputé d'un musée d'art contemporain. Il a l'habitude de soutenir les grandes causes humanitaires. D'ailleurs, sa prochaine exposition, intitulée "The Square", est construite autour d'une installation, un carré, incitant les visiteurs à la confiance et l'altruisme. Mais quand Christian se fait voler son téléphone portable et ses papiers, sa réaction n'est pas vraiment en accord avec ces principes... et il n'imagine pas les répercussions qu'aura son attitude. D'autant qu'au même moment, l'agence de communication du musée prépare une campagne audacieuse, pour faire le buzz autour de la nouvelle exposition. Leur clip fera d'ailleurs sensation sur les réseaux sociaux, et compliqueront encore la position de Christian.

The Square est une charge féroce contre une société individualiste et bien pensante. Drôle, absurde, cynique, le film est une satire caustique, parfois jusqu'au malaise. A cet égard, la scène de la performance au cours d'un dîner de gala, avec un comédien qui joue le rôle d'un gorille sauvage au milieu du banquet est tout à fait significative. Au début, on s'amuse et on rit (comme les invités aux tables) et puis la scène se prolonge, et petit à petit le malaise monte, et la scène continue... jusqu'à un dénouement d'une étonnante violence.

Le regard de Ruben Östlund est cynique et sarcastique, à la limite de la caricature. Ce qui fait de The Square une fable cruelle où tout le monde en prend pour son grade : l'art contemporain et ses discours parfois abscons, les agences de communication et la recherche du buzz, les intellectuels et les bourgeois dans leurs élans de générosité humaniste contredites par leur façon de vivre au quotidien, les journalistes donneurs de leçon, même les pauvres, les petits, n'en ressortent pas grandis.

Mais ce regard caustique interroge notre bonne conscience... Avec, tout au long du film, la figure du mendiant qu'on ignore, icône de la mauvaise conscience d'une société individualiste et égoïste. Ou avec ce préa-ado en colère, qui poursuit Christian et lui renvoie au visage les incohérences de son comportement. Et du nôtre ?

Sur le plan formel, la réalisation de Ruben Östlund est brillante ! Avec de nombreux plans-séquence, des cadrages originaux et très travaillés, jouant avec les champs et contre-champs, des plans où la figure géométrique du carré est souvent présente (dans le musée, les cages d'escalier, le tapis de sol de la gymnastique artistique...). Le film recèle plusieurs scène d'anthologie (Christian sillonnant les couloirs d'un immeubles dont les lumières s'éclairent à son passage, ou fouillant les poubelles sous la pluie, un une scène de sexe surréaliste...).

Le film repose sur les épaules de l'acteur danois Claes Bang, qui est pratiquement de tous le plans et qui est absolument remarquable. Elisabeth Moss est impeccable dans chacune de ses apparitions et il faut mentionner la performance étonnante du jeune Elijandro Edouard dans le rôle du pré-ado en colère !

The Square a reçu la palme d'or au dernier festival de Cannes, même si les critiques étaient très partagées. Je peux comprendre que le film soit clivant : il ne peut pas laisser indifférent. Moi, j'ai adoré ce film génial, original, virtuose et caustique.

L'atelier : portrait inquiet et sensible d'une génération qui s'ennuie

A La Ciotat, quelques jeunes en insertion suivent un atelier d'écriture où ils doivent écrire ensemble un roman noir, avec l'aide d'Olivia, une romancière connue. Parmi ces jeunes, Antoine est souvent dans l'affrontement, y compris face à Olivia, et il se retrouve à part du groupe. Il y a dans ses propos une sorte de fascination pour la violence qui intrigue Olivia...

Le film est un portrait inquiet et sensible d'une génération qui s'ennuie, une jeunesse désabusée, se sentant abandonnée, déconnectée, où la violence et la radicalisation fascinent mais un peu par défaut d'autre chose. Laurent Cantet porte sur ces jeunes un regard qui se veut objectif et lucide, sans jugement.

Les scènes d'écriture collective sont passionnantes, où des sujets aussi brûlants que Daesh, l'attaque du Bataclan, les thèses d'extrême-droite, le racisme sont abordés, parfois avec une tension palpable entre les jeunes. Olivia tente de gérer tant bien que mal tout cela, avec une bonne volonté mais aussi ses propres fragilités et parfois des idées toutes faites. A noter, et ce n'est pas un hasard, que le scénario est cosigné avec Robin Campillo et on retrouve ici cette immersion dans le débat qui faisait toute la richesse de son récent 120 coups par minute.

Marina Foïs est excellente dans le rôle d'Olivia et le jeune Matthieu Lucci (Antoine) est une jolie révélation.

Un film intéressant, qui fait réfléchir sur la jeunesse d'aujourd'hui.

lundi 16 octobre 2017

Detroit : un coup de poing, indispensable !

En 1967, à Detroit, une vague d'émeutes secoue la ville. Les tensions sont exacerbées par la ségrégation raciale et les affrontements se transforment en guérilla urbaine. Les forces de l'ordre investissent un Motel d'où semblent provenir des coups de feu. Les policiers soumettent alors les clients de l'hôtel à un interrogatoire violent, les maltraitant et les torturant pour extorquer des aveux. Le bilan sera lourd : trois jeunes hommes, non armés, seront abattus et plusieurs autres blessés...

Le film raconte cet épisode tragique sous la forme d'une fiction inspirée de faits réels, qui nous plonge au milieu du drame. C'est filmé avec une virtuosité éblouissante, au service de l'histoire (il n'y a absolument rien de tape à l'oeil). La réalisation est nerveuse, avec une caméra hyper-mobile. On est au coeur du drame : la tension est palpable, parfois insoutenable. Rarement l'appellation "film coup de poing" aura été aussi justifiée. Devant Detroit, on prend sur notre fauteuil un véritable coup de poing dans l'estomac, jusqu'à la nausée après l'acquittement des policiers inculpés, jusque dans l'émotion avec l'épilogue autour de Larry, chanteur à la voix d'or, traumatisé et laissant tomber toute perspective de carrière suite à ce drame, et trouvant finalement refuge dans le chant d'église, comme les esclaves afro-américains dans le Negro-Spiritual. Le dernier plan m'a bouleversé...

Evoquant les tensions communautaires, les violences policières, la justice à deux vitesses, le film est une page d'histoire sombre de l'Amérique... mais il entre étrangement en écho avec l'Amérique d'aujourd'hui. Et, au-delà, il alerte notre monde où l'on trouve encore si souvent ces réflexes de haine, de racisme et de violence.

Sous la direction experte de Kathryn Bigelow, la bande de jeunes acteurs, souvent peu voir pas du tout connus, est remarquable. A commencer par Will Poulter dans le rôle de ce jeune flic raciste et violent, ou John Boyega dans celui de cet agent de sécurité Noir, tout en retenue, qui essaye de calmer le jeu et faire tampon avec les forces de l'ordre.

Detroit est un grand film, qui marque durablement le spectateur. Virtuose sur la forme, fort sur le fond. Un film indispensable.

Coexister : avis express

Fabrice Eboué s'attaque aux religions avec le ton caustique qu'on lui connait. Il faut bien l'avouer, ce n'est pas très fin, c'est bourré de clichés et plein de bons sentiments... mais c'est quand même assez drôle. Et le trio de religieux (ou pas...) formé par Jonathan Cohen, Ramzy Bedia et Guillaume de Tonquédec fonctionne bien.

Kingsman - le cercle d'or : le cocktail est toujours fun, même avec un peu moins de saveur

L'agence secrète de renseignements britanniques Kingsman (ou ce qu'il en reste !) doit se joindre à une organisation alliée aux Etat-Unis, nommée Statesman (et dont la couverture est bien différente de celle de l'agence britannique... et le pseudonyme de ses agents aussi !). Ils devront ensemble faire face à la redoutable Poppy Adams, baronne mondiale de la drogue, retranchée dans son repaire secret, ultra-sécurisé, et façonné selon son goût très années 50 !

Le film est dans la même veine que le premier opus, avec son cocktail d'action survitaminée et violente, parfois trash, et son humour caustique et british (et cette fois, aussi, yankee !). Mais cette fois avec l'effet de surprise en moins... Du coup, le film est incontestablement un cran en dessous du précédent (un peu brouillon aussi) mais reste tout à fait réjouissant. On y trouvera plusieurs références et clins d'oeil au premier film (la fiancée de Eggsy, la scène de bagarre dans le bar...), plein de gadgets, des scènes d'actions spectaculaires (dont la plus réussie à mon goût, dans un téléphérique !), un président des USA qui fait immanquablement penser à Donald Trump (et c'est très drôle)... et sir Elton John himself !

jeudi 5 octobre 2017

Le sens de la fête : avis express

Le duo Toledano-Nakache revient pour une comédie sympathique, qui semble bien partie pour être un succès, même si le film n'atteindra sans doute pas en nombre d'entrées l'inaccessible Intouchables ! Après Samba, qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, Le sens de la fête m'a fait passer un bon moment. Le tout n'est pas vraiment révolutionnaire mais le film "fait le job", avec un bon rythme, quelques scènes ou dialogues vraiment drôles, dans un film choral dont le casting mêle de vieux routiers de la comédie à des jeunes qui montent. Et avec, au milieu, Jean-Pierre Bacri... qui fait du Bacri !

mercredi 4 octobre 2017

Blade Runner 2049 : Somptueux et hypnotique

A Los Angeles, en 2049, l'officier K est un Blade Runner : il est chargé de retrouver et éliminer les réplicants rebelles, ces humanoïdes créés par bio-ingénierie. Au cours d'une enquête, il découvre un secret caché, capable de changer le monde, et qui le conduit sur la piste de Rick Deckard, un ancien Blade Runner disparu depuis 30 ans...

Visuellement, le film est somptueux. Les décors, les effets spéciaux, le travail sur l'image... C'est du très grand spectacle ! La photographie est superbe (le directeur de la photo est Roger Deakins, qui avait travaillé avec Denis Villeneuve sur Sicario et Prisoners, mais qui avait aussi signé celle de Skyfall par exemple).

On retrouve de façon étonnante l'univers du film de Ridley Scott, avec un Los Angeles crépusculaire, sale et bruyant, saturé de publicités holographiques. La ville est en plus désormais menacée par la montée des eaux de l'océan... Il y a de nombreuses références au film originel, avec une apparition de Gaff (Edward James Olmos) et ses origamis. Même l'univers sonore est présent, avec une musique (que je trouve tout à fait réussie), principalement signée Hans Zimmer, qui est largement inspirée de celle de Vangelis.

Pour autant, le film n'est ni un remake ni un simple hommage au Blade Runner de 1982. C'est vraiment une suite originale, avec un scénario qui tient la route et prolonge l'intrigue du premier film, avec sa dimension métaphysique sur l'identité et ce qui fait de nous des humains. Si le scénario semble bien lever définitivement l’ambiguïté sur le personnage de Deckard [SPOILER : c'est bien un réplicant... enfin, il me semble ! /SPOILER ], il introduit une révélation qui donne une dimension nouvelle intéressante à l'histoire (là, je ne vous dit rien, je vous laisse découvrir !). Une autre thématique vient aussi s'ajouter dans ce film, avec la question du réel et du virtuel.

Blade Runner 2049, comme son aîné, est avant tout un film hypnotique, contemplatif et métaphysique, même si, comme dans le film de Ridley Scott, il y a quelques scènes d'action tendues et parfois violentes. S'il fallait un bémol, ça serait peut-être un petit manque d'émotion... malgré la belle scène finale.

En tout cas, réaliser un suite à un film culte comme Blade Runner était évidemment un pari très risqué. Denis Villeneuve le relève haut la main, prouvant après Premier Contact qu'il est bien un grand réalisateur de films de science-fiction !

lundi 2 octobre 2017

Espèces menacées : avis express

Trois destins familiaux dramatiques (violence conjugale, séparations douloureuses...) s'entrelacent...

Le problème, c'est que le récit m'est apparu terriblement artificiel. C'est dommage, dans la mesure où les acteurs sont bons et certaines scènes très réussies d'un point de vue formel. Mais l'histoire m'a laissé de marbre (alors que, pourtant, le propos est dramatique !). Déçu...

Demain et tous les autres jours : un film singulier, bouleversant dans son épilogue

Mathilde a 9 ans et vit seule avec sa mère, fragile et lunaire. Elle doit, du coup, prendre elle-même les choses en main Mathilde n'a pas vraiment d'ami, son seul confident étant son hibou, avec lequel elle est persuadé de parler.

Demain et tous les autres jours est un film singulier, à la fois onirique, doucement fantasque, intime, triste. Noémie Lvovsky filme à hauteur d'enfant les réaction de la petite Mathilde qui, face à la folie de sa mère, est sauvée par son imaginaire... et l'amour malgré tout qu'elles se portent l'une à l'autre. Car le film est avant tout une touchante histoire d'amour entre une mère et sa fille, même si elle est vécue dans des circonstances particulières.

On ne peut que ressentir un certain malaise, une gêne, devant ce que cette mère fait subir à sa fille, la mettant dans des situations embarrassantes, et parfois même dangerueses pour elle. Mais on a en même temps beaucoup de tendresse pour cette femme fragile mais tellement attachante, et son amour profond pour sa fille.

Et puis il y a l'épilogue bouleversant. On se retrouve quelques années plus tard, alors que Mathilde est adulte et va retrouver sa mère, où l'on voit comment est devenue leur relation mère-fille en tant qu'adulte. Il y a dans cet épilogue une scène incroyable, une sorte de chorégraphie sous la pluie d'une force et d'une émotion incroyable. Cet épilogue est de ceux qui accompagnent longtemps le spectateur une fois sorti de la salle de cinéma...

Noémie Lvovsky est touchante dans le rôle de la mère. Et la jeune Luce Rodriguez est étonnante de justesse ! A noter enfin, l'excellent choix des différentes musiques (pour l'essentiel de la musique classique, mais pas que) pour soutenir le film.

La château de verre : une histoire vraie touchante

L'enfance de Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New York, n'était pas banale. En effet, avec ses deux soeurs et son frère, leurs parents les faisaient sillonner le pays, refusant de les scolariser et fuyant les créanciers à leur trousse. Il faut dire que leur mère étaient une artiste un peu excentrique et irresponsable, et leur père une sorte d'inventeur idéaliste... et alcoolique, qui leur promettait, un jour, de leur construire un château de verre.

Le film est basé sur le best-seller éponyme, ouvrage autobiographique de Jeannette Walls. Si le film est de facture assez classique, l'histoire est touchante (impossible de ne pas verser quelques larmes) et le casting remarquable. A commencer par l'excellent Woody Harrelson dans le rôle du père, un personnage à la fois charismatique et antipathique, touchant et énervant. Naomi Watts, toujours impeccable, dans le rôle de la mère. Et une Brie Larson très juste dans dans le rôle de Jeannette adulte. Mais il faut aussi mentionner l'excellente prestation des acteurs enfants, et notamment Ella Anderson dans le rôle de Jeannette adolescente.

Le film évoque, avec sensibilité, les questions autour de la famille, et en particulier la relation père-fille. Et au-delà de l'émotion, il pose la question des choix éducatifs et de leurs conséquences. Un film touchant.