dimanche 21 février 2021

Palm Springs : une comédie romantique aux petits accents de fable philosophique

 

★★★☆

Lors d’un mariage, Nyles fait la connaissance de Sarah, la sœur de la mariée, qui est aussi demoiselle d’honneur. Mais ce que Sarah ne sait pas, c’est que Nyles est coincé dans une boucle temporelle depuis des jours et des jours : à chaque fois qu’il s’endort ou qu’il meurt, il se réveille le matin du mariage et la journée recommence. Le problème, c’est que Sarah va elle aussi être embarquée avec Nyles dans la même boucle temporelle… 

Le scénario est plutôt malin, réservant des surprises et des rebondissements tout au long du film, et renouvelle avec bonheur le principe de la boucle temporelle (comme dans Un jour sans fin), dans le cadre d’une comédie romantique enlevée et gentiment déjantée. L’humour est parfois potache mais souvent très drôle, avec une réelle inventivité, dans un film bien rythmé et emmené par le duo pétillant formé par Andy Samberg et Cristin Milioti, avec en bonus le toujours excellent J.K. Simmons. 

Si Palm Springs est avant tout un “feel good movie” dans lequel on retrouve les codes de la comédie romantique, il y a quand même un peu de place pour quelques réflexions sur l’amour et l’engagement, le rapport au temps, voire même sur le sens de la vie ! Car cette histoire de deux personnages pour qui le temps n’avance plus, désenchantés ou se refusant la possibilité du bonheur, peut être perçue comme une sorte d’allégorie de la dépression aux accents contemporains, d’autant que, finalement, ils vivent bien à leur manière une sorte de confinement temporel !  

Tout cela fait de Palm Springs une joyeuse comédie romantique, aux petits accents bienvenus de fable philosophique. 

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Palm Springs, un film de Max Barbakow, disponible sur Amazon Prime Video



lundi 15 février 2021

La mission : un beau Western humaniste

 

★★★☆

Quelques années à peine après la fin de la Guerre de Sécession, le capitaine Jefferson Kyle Kidd va de ville en ville et lit publiquement pour la population locale les nouvelles du monde. Un jour, en chemin, il tombe sur Johanna, une gamine de 10 ans, seule et perdue, elle ne parle pas un mot d’anglais. Il apprend qu’elle a été capturée 6 ans auparavant par une tribu des Kiowa et élevée comme l’une des leurs. C’est finalement Kidd qui va la ramener chez son oncle et sa tante, la seule famille qui lui reste, à des centaines de kilomètres de là. 

La mission (News of the World) est un beau Western, un road trip humaniste et plutôt introspectif, bien qu’il y ait aussi quelques scènes d’action. On y retrouve des ingrédients classiques du genre : les grands espaces, les longues chevauchées dans de magnifiques paysages, la vie quotidienne âpre et difficile des pionniers, les duels et autres échanges d’armes à feu… mais qui trouvent aussi des accents contemporains, sur fond d’une Amérique divisée, autour des inégalités sociales, du racisme, du pouvoir de l’argent, de la violence ou de la question de la liberté de la presse.

Dans ce contexte, le film raconte la rencontre de deux êtres qui, à priori, n’auraient jamais dû se rencontrer… mais qui vont finalement se trouver l’un et l’autre, tous deux étant brisés par un lourd passé. Il évoque aussi l’importance de l’éducation, de la lecture, et celle des histoires qu’on raconte, qui peuvent soulever des foules ou aider chacun à cheminer, voire à guérir de ses traumatismes. 

Tom Hanks, dans son premier Western, est magistral ! La jeune Helena Zengel, déjà très remarquée dans Benni, est aussi excellente. La réalisation de Paul Greengrass est précise et maîtrisée, avec juste ce qu’il faut de lyrisme (la très belle scène de la tempête de sable). Mentionnons enfin la belle bande originale signée d’un grand compositeur de musique de film : James Newton Howard. 

Un beau Western, vraiment !

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La mission, un film de Paul Greengrass, disponible sur Netflix


lundi 8 février 2021

Malcolm et Marie : Brillant, virtuose... mais un peu vain

 

★★

Après l’avant-première de son dernier film, Malcolm rentre chez lui avec sa compagne Marie. Les premiers échos sont très bons et les critiques s’annoncent excellentes… Mais la soirée prend vite un ton inattendu pour le couple, qui va devoir affronter des vérités douloureuses sur leur relation. 

Tournée dans une villa de Californie, pendant l’été dernier, en pleine pandémie, avec une équipe réduite pour raisons sanitaires, Malcolm et Marie est un huis-clos autour de la dispute d’un couple, d’une certaine façon un produit du confinement. 

Mentionnons d’abord le positif. Il y a d’abord les deux seuls acteurs du films, John David Washington et Zendaya, tous deux remarquables, et même assez fascinante en ce qui concerne Zendaya. Il y a ensuite, la maîtrise et même la virtuosité de la caméra dans certaines scènes. Il y a enfin le grain et la lumière d’une très belle image en noir et blanc, filmée en 35 mm. 

Mais je ressors malgré tout du film avec un sentiment mitigé, un peu fatigué par près de deux heures de dispute et de discours sur le petit monde du cinéma. Car on se demande si le sujet du film est vraiment l’histoire de ce couple ou si Sam Levinson n’utilise pas leur dispute pour régler ses comptes avec le petit monde du cinéma et la bien-pensance hollywoodienne. L’histoire, bien que très bien filmée, est finalement une succession de dialogues, voire plutôt de monologues qui s’enchaînent, dans un rythme alternatif, en montagnes russes, un peu trop systématique… pour aboutir à une fin plutôt convenue devant laquelle on se dit un peu : tout ça pour ça ? 

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Malcolm et Marie, un film de Sam Levinson, disponible sur Netflix

lundi 1 février 2021

The Dig : quelle trace laisse-t-on derrière soi ?

 

★★

En 1939, Edith Pretty est une riche veuve vivant dans une grande propriété au Royaume-Uni. Elle engage Basil Brown, un archéologue amateur, pour entreprendre des fouilles sur son terrain. Il va mettre au jour un très ancien navire funéraire saxon enseveli sous terre. La découverte est majeure et attire les convoitises, celle du petit musée local d’Ipswich mais surtout celle du British Museum qui entend bien s’approprier la découverte… 

Adapté du roman éponyme de John Preston, et s'inspirant d'une histoire vraie, The Dig est un très beau film d'époque, à l’ambiance british, un drame historique qui assume avec élégance son classicisme, par ailleurs au bénéfice d'une très belle photographie. 

Au coeur du film, il y a l’archéologie, évoquée de façon assez passionnante, avec le miracle et l’excitation de la découverte d’un trésor du passé, mais aussi la fragilité de ces traces préservées… Le fait que le récit se déroule à la veille de la Seconde Guerre Mondiale en souligne la portée : face à un avenir incertain, combien il est important de comprendre son histoire et son passé. 

Le récit interroge notre rapport au temps, et les traces que nous laissons derrière nous. Le propos n’est donc pas sans une dimension métaphysique, d’autant qu’il intègre les enjeux personnels et intimes des différents personnages. Le film parle de la vie et de la mort, toutes deux très présentes dans le récit : dans la découverte d’un site funéraire, l'ombre inquiétante d’une guerre inéluctable, les interrogations d’une jeune veuve qui se sait malade, avec son fils qui s’attache comme à un père de substitution à un archéologue amateur qui n’a jamais eu d’enfant... Alors, même s’il y a peut-être un peu trop de récits secondaires, on est vraiment touché par les deux beaux personnages centraux du film et l’amitié qui les lie. Deux personnages qui sont magnifiquement incarnés à l’écran par une Carey Mulligan bouleversante et un Ralph Fiennes touchant, tous deux très justes et d'une profonde humanité.  

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The Dig, un film réalisé par Simon Stone, disponible sur Netflix