lundi 25 juin 2018

Bécassine : une gentille comédie tout public

Bécassine se prénomme ainsi parce qu'un vol de bécasses survolaient le village au moment de sa naissance, dans une modeste ferme bretonne. Adulte, elle a gardé sa naïveté d'enfant et rêve d'aller à Paris. Mais finalement elle devient la nourrice de la petite Loulotte, chez la marquise de Grand-Air.

Adaptation de la célèbre bande dessinée, parue pour la première fois en 1905, le film est une gentille comédie familiale, tendrement surannée, qui réserve bien quelques jolis moments de poésie (comme le lâcher de ballons par exemple), et dont le regard tendre et bienveillant porté sur les personnages en fait un film tout public (même l'escroc est finalement gentil...) qui manque toutefois de mordant et de rythme.

Sans un bruit : un petit chef d'oeuvre d'angoisse

Des créatures redoutables menacent l'humanité. Elles sont aveugles mais ont une ouïe ultra-développée. Pour survivre, il ne faut faire aucun bruit. Si elles vous entendent, il est déjà trop tard...

Sans un bruit est un véritable petit chef d'oeuvre d'angoisse, très stressant, qui nous scotche à notre fauteuil (sauf quand on sursaute !) pendant 90 minutes. On ne sait rien des circonstances de l'arrivée des redoutables prédateurs : le film commence au 89e jour de l'invasion. Mais on comprend vite le danger. Tout le film se concentre sur une famille qui tente de continuer à vivre, sans bruit. Tout dans leur maison est insonorisé et ils ont installé un système de vidéo-surveillance. Dehors, ils se déplacent pieds nus sur des chemins de sable qu'ils ont confectionnés. Et le père passe son temps libre à tenter d'améliorer un appareil auditif pour sa fille sourde. C'est d'ailleurs une des excellentes idées du scénario : avoir intégré un personnage sourd dans une histoire où pour survivre il ne faut faire aucun bruit. Le travail sur le son est d'ailleurs excellent dans le film, jouant avec le spectateur qui se retrouve parfois dans les conditions d'audition de la fille sourde.

Thriller hyper-stressant, Sans un bruit est donc aussi un film sur la famille. A cet égard, le titre original du film, A Quiet Place, est significatif : un endroit tranquille, n'est-ce pas ce à quoi aspire toute famille ? Et une réplique de la mère à son mari, à propos de leurs enfants, va dans le même sens : "Qui sommes-nous si nous ne pouvons pas les protéger ?" Echos de peurs modernes, le film dit la difficulté pour une famille d'être un refuge dans un monde dangereux... Le film est donc une sorte de fable horrifique sur les peurs qui hantent les familles.

Excellente réalisation de John Krasinski (qui joue aussi le rôle du père dans le film). Et bande originale très efficace de Marco Beltrami. Un film à voir absolument si vous aimez avoir peur au cinéma !

How to talk to girls at parties : une fable barrée, punk et psychédélique

1977, en Angleterre. Trois jeunes punks se retrouvent par hasard dans une soirée étrange, sans savoir qu'ils sont en présence d'une colonie d'extra-terrestres. Parmi ces aliens se trouvent quelques créatures sublimes... L'une d'elles, un peu rebelle, se lie rapidement à Enn, l'un des trois jeunes, et lui demande de lui faire découvrir sa colonie punk. Elle le suit chez lui.

How to talk to girls at parties est un film punk et psychédélique, franchement barré. Inclassable aussi. C'est à la fois une comédie romantique, un film de science-fiction, une satire sociale, une fable... bref, c'est un peu foutraque mais vraiment réjouissant.

Le film démarre par une plongée dans le milieu punk underground londonien avant de découvrir les colons extra-terrestres, véritable secte queer psychédélique en latex flashy (quand ils ne s'habillent pas en touristes avec un k-way aux couleurs de l'Union Jack) ! On navigue ensuite entre ces deux univers hauts en couleur avec leur galerie des personnages excentriques.

Derrière son aspect complètement barré, le film est en réalité un film sur le passage à l'âge adulte, la découverte de l'amour et parle aussi de parentalité. Le casting impeccable, duquel ressort la toujours étonnante Elle Fanning et une Nicole Kidman punk qui vaut vraiment le détour !

lundi 18 juin 2018

Trois visages : road-movie rural, hommage aux actrices

Une célèbre actrice iranienne reçoit une vidéo troublante d'une jeune fille qui prétend avoir tenté de la joindre à de multiples reprises et la supplie de l'aider pour échapper à sa famille conservatrice alors qu'elle rêve d'entrer au conservatoire pour devenir actrice. Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l'accompagner à la recherche de cette jeune fille, pour savoir s'il s'agit d'une manipulation ou non.

Trois visages est un road movie rural, dans une région reculée et turcophone du Nord-Ouest de l'Iran, aux traditions patriarcales fortes. Le réalisateur y joue son propre rôle, de même pour son actrice principale. Il joue avec les paradoxes dans le film. Par exemple, alors qu'une famille rejette leur fille qui veut entrer au conservatoire, tout le village reconnaît et honore la célèbre actrice qui arrive parmi eux, puisqu'ils suivent sa série à la télévision. Il y a aussi ce dialogue étonnant avec un des villageois qui demande que le prépuce de son fils récemment circoncis soit amené à un acteur célèbre, pour lui assurer un destin favorable et qui ne comprend pas pourquoi Jafar Pahani ne peut pas partir à l'étranger, étant assigné à résidence en Iran.

Jafar Panahi se met donc en scène dans son propre rôle, dans un jeu de miroir étonnant et autobiographique. Le film est évidemment militant, mais en douceur et avec tendresse, et se veut avant tout un plaidoyer pour les femmes et un hommage aux actrices. Malgré les censeurs, le réalisateur trace sa route. Et malgré ses moyens limités, son film propose notamment quelques plans fixes magnifiquement cadrés et baignés d'une lumière de toute beauté.

Manhattan Stories : un jour à New-York

Le film nous fait passer une journée à Manhattan, aux côtés de quelques personnages qui se croisent ou non : un collectionneur de vinyle et son coloc déprimé, un journaliste qui cherche à impressionner sa jeune stagiaire qui débute, un vieil horloger qui pourrait détenir, sans le savoir, une pièce à conviction dans une affaire de meurtre, deux copines étudiantes en quête d'idéal et d'amour...

Manhattan Stories est une comédie typique du cinéma indépendant américain qui, sans être originale, n'en est pas moins attachante. C'est un film choral, avec sa galerie de personnages bariolés, tous en quête d'amour et d'amitié, avec New-York comme cadre incontournable. Des histoires toutes simples, de la vie quotidienne, qui se croisent plus ou moins dans le film, le temps d'une journée. Le film pose un regard tendre sur ses protagonistes, il se dégage du film une simplicité, une légereté voire une certaine nonchalance et une vraie tendresse qui font du bien. Un super casting, avec beaucoup d'acteurs très peu connus, et une très belle bande originale genre Gospel.

Hérédité : flippant et dérangeant

Lorsque Ellen, véritable matriarche de la famille Graham, décède, sa famille ne semble pas vraiment triste... sauf Charlie, sa petite fille, sa préférée. Mais petit à petit, des événements troublants viennent frapper la famille et l'entraîne dans une spirale infernale.

Hérédité est un film d'épouvante parfaitement maîtrisé qui distille l'angoisse et le malaise avant de se terminer en cauchemar éveillé. C'est la première réalisation de Ari Aster est d'un point de vue formel, c'est une réussite assez impressionnante. Le film est vraiment flippant et dérangeant. On y retrouve tous les codes du genre : lents panoramiques, gros plans sur les visages effrayés, bruits incongrus, silhouettes inquiétantes en arrière-plan... le tout avec une musique anxiogène.

Mais attention, le scénario du film peut s'avérer vraiment dérangeant pour certains spectateurs : il contient une dimension occulte et même sataniste explicite. Je n'y ai pas vu pour autant une fascination pour l'occulte. Je trouve même que le film produit plutôt l'effet inverse ! Son message serait plutôt : à jouer avec le feu, on se brûle, et on peut devenir les marionnettes (littéralement, dans une des scènes les plus terrifiantes du film) de forces qu'on ne contrôle pas...

On peut sans doute aussi voir au film une portée plus symbolique, sur la question de la transmission, de la parentalité et de l'hérédité. Peut-on échapper aux démons (symboliques cette fois) hérités de nos parents, de notre histoire familiale ?...

Hérédité n'est donc pas du tout un film tout public ! C'est vraiment un film de genre, angoissant, sombre, dérangeant, porté, outre la réalisation, par un excellent casting, Toni Collette en tête, et la jeune et troublante Milly Shapiro.

jeudi 14 juin 2018

Jurassic Wold - Fallen Kingdom : assez convenu mais esthétiquement plutôt séduisant

Trois après que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont saccagé le parc Jurassic World, le volcan de l'île où ils vivent isolés des humains se réveille et menace de faire disparaître tous ses habitants. Financé par une fondation privée, Claire et Owen refont équipe pour sauver les dinosaures... mais il découvriront vite que les vraies motivations de ceux qui financent leur expédition n'est pas celle qu'ils croyaient.

Disons-le tout de suite, le scénario est quand même assez convenu et prévisible. Rien de très original. Il y a l'argument vaguement écolo, en faveur de la cause animale, contre les dangers des manipulations génétiques... Le tout avec des dinosaures qui font peur, des humains bourrins et/ou cupides, un ancien couple qui va se remettre ensemble à la fin du film (désolé pour le spoiler...) et bien-sûr une enfant au milieu de l'intrigue.

Ceci dit, la réalisation de Juan Antonio Bayona vaut le détour. Malgré les contraintes de la franchise et du format blockbuster, il parvient à proposer une belle esthétique, surtout dans la deuxième partie du film (on pense à son très beau A Monster Calls). Et le dénouement, la nuit, avec sa poursuite dans la maison, la scène stressante dans la chambre à coucher de la jeune enfant et le duel final sur la verrière sont de vraies et belles réussites cinématographiques.

Au final, donc, un divertissement vraiment plaisant, spectaculaire à défaut d'être original, avec la patte esthétique de son réalisateur.

lundi 4 juin 2018

Mon ket : inégal, un peu décousu mais souvent hilarant !

Dany Versavel est en prison. Il a un fils, Sullivan, qui a 15 ans. Son fils, on "ket", c'est sa vie. Alors il s'évade de prison et emmène son fils avec lui dans sa cavale et ses magouilles.

Tourné en caméra cachée, Mon ket est le premier film de François Damiens en tant que réalisateur. Forcément inégal et un peu décousu, comme tout film à sketchs, le film est souvent hilarant. Certes, pour en apprécier pleinement l'humour, il faut sans doute être fan de François Damiens... ça tombe bien, je le suis ! Et j'ai vraiment beaucoup ri.

On y retrouve le génial improvisateur qu'est l'acteur, et désormais réalisateur, belge, avec le personnage qu'il campe, outrancier mais touchant. Et comme dans ses caméras cachées pour la télévision, ses victimes apparaissent souvent sous leur meilleur jour. Un petit bémol peut-être : les scènes s'enchaînent un peu rapidement, d'autant que les meilleures sont celles qui durent le plus, alors que le malaise augmente et lorsqu'on n'en revient pas de voir jusqu'où François Damiens ose aller... et jusqu'où ses victimes sont prêtes à le laisser aller. A cet égard, le meilleur exemple est certainement l'extraordinaire (et gênante !) scène du dîner avec les futurs beaux-parents !

Malgré tout, on ne boude pas son plaisir devant des scènes aussi drôles que lorsque Dany demande à un chirurgien esthétique de lui refaire complètement le visage parce qu'il est en cavale, ou quand il paye grassement un joueur de foot professionnel pour venir chanter "Happy Birthday" à son fils pour son anniversaire, ou qu'il veut apprendre à fumer à son fils dans un bureau de tabac devant des clients médusés !

L'extraordinaire voyage du Fakir : feel good movie à la sauce indienne un peu trop sucrée

Aja vit seul avec sa mère à Mumbai, dans un quartier pauvre. Il monte des arnaques avec ses cousins grâce à ses tours de magie. A la mort de sa mère, il décide d'aller enfin à Paris à la recherche de son père qu'il n'a jamais connu. Mais rien ne se passera comme prévu et Aja trouvera bien malgré lui ballotté dans toute l'Europe, et même au-delà, il y rencontrera l'amour, partagera le quotidien de réfugiés, et vivra d'autres aventures.

L'extraordinaire voyage du fakir est un feel good movie à la sauce indienne, un peu trop sucrée. C'est plein de bons sentiments et de clichés... Mais le film aborde aussi, avec légèreté, des sujets graves comme l'extrême pauvreté ou la condition des réfugiés en Europe.

On pense forcément à Slumdog Millionaire (sans l'énergie et l'émotion) ou à l'Odyssée de Pi (sans la splendeur visuelle). Car on est vraiment un cran en dessous de ces deux films... Mais ça reste une comédie sympathique, un conte un peu naïf et positif.

A noter aussi que le film repose sur le charisme indéniable et l'énergie de son acteur principal, Dhanush, star du cinéma en Inde.