Une célèbre actrice iranienne reçoit une vidéo troublante d'une jeune fille qui prétend avoir tenté de la joindre à de multiples reprises et la supplie de l'aider pour échapper à sa famille conservatrice alors qu'elle rêve d'entrer au conservatoire pour devenir actrice. Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l'accompagner à la recherche de cette jeune fille, pour savoir s'il s'agit d'une manipulation ou non.
Trois visages est un road movie rural, dans une région reculée et turcophone du Nord-Ouest de l'Iran, aux traditions patriarcales fortes. Le réalisateur y joue son propre rôle, de même pour son actrice principale. Il joue avec les paradoxes dans le film. Par exemple, alors qu'une famille rejette leur fille qui veut entrer au conservatoire, tout le village reconnaît et honore la célèbre actrice qui arrive parmi eux, puisqu'ils suivent sa série à la télévision. Il y a aussi ce dialogue étonnant avec un des villageois qui demande que le prépuce de son fils récemment circoncis soit amené à un acteur célèbre, pour lui assurer un destin favorable et qui ne comprend pas pourquoi Jafar Pahani ne peut pas partir à l'étranger, étant assigné à résidence en Iran.
Jafar Panahi se met donc en scène dans son propre rôle, dans un jeu de miroir étonnant et autobiographique. Le film est évidemment militant, mais en douceur et avec tendresse, et se veut avant tout un plaidoyer pour les femmes et un hommage aux actrices. Malgré les censeurs, le réalisateur trace sa route. Et malgré ses moyens limités, son film propose notamment quelques plans fixes magnifiquement cadrés et baignés d'une lumière de toute beauté.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire