lundi 29 janvier 2018

Pentagon Papers : un chef d'oeuvre politique et féministe

Katharine Graham est la première femme directrice de la publication d'un grand quotidien américain, le Washington Post. Elle s'est retrouvée un peu par hasard à cette place, à la suite du suicide de son mari à qui le père de Katharine avait confié la direction du journal. Poussée par son rédacteur en chef, Ben Bradlee, elle va accepter que le journal publie les révélations de documents top secrets révélant les manoeuvres de quatre présidents américains successifs pour étouffer des affaires sensibles, en particulier les mensonges d'Etat sur la guerre du Vietnam.

Pentagon Papers est un vibrant plaidoyer pour la liberté de la presse, filmé comme un véritable thriller. On ne décroche pas une seconde ! La caméra de Spielberg nous fait pénétrer dans les coulisses du journal, les salles de rédaction, les bureaux du conseil d'administration, l'imprimerie... et le quotidien de ces journalistes d'investigation qui le restent 24 heures sur 24. Ainsi, par exemple, lorsqu'on est au domicile de Ben, entouré de ses plus proches collaborateurs, en train d'éplucher en quelques heures les documents récupérés. Ou avec cette étonnante conférence téléphonique improvisée au beau milieu d'une réception chez Katharine lorsque la décision de publier ou non doit être prise.

Avec la liberté de la presse, le film aborde la question de la collusion possible des journalistes avec le pouvoir, ou la volonté de ce pouvoir de museler la presse quand elle le dérange, prêt à protéger des mensonges d'état pour ne pas perdre la face. Des thématiques qui restent bien d'actualité et offrent des échos étonnants avec l'Amérique de Trump...

Mais Pentagon Papers est aussi un film féministe, en évoquant le destin de Katharine Graham, qui s'est retrouvée malgré elle au pouvoir du Washington Post et à devoir gérer l'héritage familial face à tous les hommes du conseil d'administration, qui la regardent avec condescendance. Il y a, à cet égard, quelques scènes marquantes comme lorsque Katharine arrive devant des portes closes et traverse tout un groupe de secrétaires (des femmes évidemment), avant de passer les portes et entrer dans une salle où ne se trouvent que des hommes. Ou à la sortie de la cours suprême, délaissée par les journalistes qui interrogent plutôt le directeur (masculin) du New York Times, et qui descend les marches seule, au milieu de jeunes femmes venues manifester et qui la regardent avec admiration.

Le casting est exceptionnel, avec de nombreux seconds rôles de qualité (dont les excellents Bob Odenkirk - de Breaking Bad et Better call Saul - Carrie Coon, Michal Stuhlbarg...), et surtout le duo formé par Meryl Streep et Tom Hanks, tous deux magistraux !

Spielberg ne rate jamais ses films... mais Pentagon Papers est un grand Spielberg !



La douleur : portrait expressionniste d'une femme... un peu longuet et bavard

Adaptation du roman autobiographique éponyme de Marguerite Duras, la douleur évoque l'attente douloureuse de Marguerite, alors que son mari Robert Antelme, figure de la Résistance, est arrêté et déporté en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale. Marguerite est tiraillée, avec l'angoisse quant au retour éventuel de son mari, tout en entretenant une liaison avec son camarade de Résistance, Dyonis, et avec sa rencontre de Rabier, agent de la Gestapo qui est responsable de l'arrestation de son mari.

La douleur propose un étonnant portrait de femme, expressionniste, original dans sa forme (un travail sur la profondeur de champ, des images floues, un dédoublement de l'héroïne sur l'écran), avec une voix off très présente. C'est assez fascinant. Au moins au début... Ensuite, j'ai trouvé que le procédé était un peu répétitif et la langueur du personnage principal se transformait un peu en longueur pour le spectateur.

Entourée de deux acteurs sous Prozac (Benjamin Biolay et surtout Benoît Magimel), Mélanie Thierry, dans le rôle de Marguerite, est par contre absolument remarquable.

mardi 23 janvier 2018

Last Flag Flying : un road movie nostalgique et drôle

En 2003, Larry, vétéran du Vietnam, retrouve deux compagnons d'arme. Sal est devenu gérant d'un bar et Richard est désormais pasteur. Ils ne s'étaient pas revus depuis 30 ans. Larry est venu leur demander de l'accompagner aux funérailles de son fils, mort en Irak, et dont le corps est en train d'être rapatrié aux Etats-Unis.

Last Flag Flying est un road movie (et même un rail movie puisqu'une partie se déroule dans un train !) nostalgique et drôle, porté par un exceptionnel trio d'acteurs. Steve Carell dans le rôle de Larry, tout en retenue, démontre qu'il est aussi un grand acteur dramatique. Bryan Cranston, en roue libre, est jubilatoire dans le rôle de Sal. Et Laurence Fishburn, en Richard, est plus vrai que nature en pasteur baptiste repenti de sa vie dissolue dans sa jeunesse. Ce deux derniers jouent un peu le rôle du "bon ange" et du "mauvaise ange" qui chuchotent à l'oreille de Larry, un peu déboussolé, ce qu'il doit faire ou ne pas faire. Car tout ne se passera pas comme prévu dans leur périple...

Last Flag Flying est un film sur l'amitié à l'épreuve du temps et de la vie. C'est aussi un film sur le deuil, les fantômes du passé et leur poids de culpabilité, les traumatismes de la guerre. En plaçant l'histoire en 2003, le film permet un parallèle édifiant entre la guerre du Vietnam et celle du golfe, interrogeant leur légitimité et questionnant le statut de héros de guerre. C'est aussi un film qui parle de la foi : forcément, avec le personnage de l'ancien Marine devenu pasteur. Les discussions animées entre Sal et Richard sont savoureuses, et intéressantes d'un point de vue spirituel. Et la fin du film est incroyablement touchante.

Voilà vraiment un bon film, qui fait du bien !

In the Fade : avis express

Le mari de Katja et son fils meurent tous les deux dans un attentat à la bombe. A cause d'un manque de preuves, le procès acquittera les suspects... Katja décidera alors d'exécuter elle-même un plan de vengeance.

In the Fade est un film ambigu, voire franchement discutable quand au message qu'il envoie : la justice ne fait pas son travail, alors utilisez les mêmes méthodes que les terroristes ! Euh... comment dire...

En plus, je ne trouve même pas que le film soit particulièrement bien réalisé. Certes Diane Kruger joue très bien (mais de là à avoir le prix d'interprétation à Cannes ?). La partie centrale, avec le procès, est interminable (surtout qu'on se doute bien du verdict...). Quant à la fin, j'ai déjà dit ce que j'en pensais. Bref, je n'ai pas aimé du tout, ni sur le fond ni sur la forme !

lundi 22 janvier 2018

3 Billboards : un drame fort, un chef d'oeuvre qui interpelle

Dans une petite ville du Missouri, Mildred Hayes n'en peut plus : sa fille a été violée et assassinée, et l'enquête piétine depuis des mois. Elle décide alors de prendre les choses en main et loue trois panneaux d'affichage à l'entrée de la ville où elle fait inscrire un message à destination du chef de la police locale, l'interpellant sur le fait que l'enquête n'avance pas. Cela crée évidemment des remous dans cette petite ville de l'Amérique profonde...

3 Billboards est d'abord un film sur la colère. Celle d'une mère dont la fille a été assassinée et qui constate que l'enquête n'avance pas. Mais aussi celle, intérieure, d'un père de famille atteint d'un cancer et qui voit sa fin arriver. Ou celle d'un raté, qui vit toujours chez sa mère, et qui exprime sa colère refoulée dans la violence... alors qu'il est flic.

Les personnages de l'histoire sont complexes : il n'y en a pas un dont notre perception ne change au cours du film ! Et ce refus du manichéisme est une des grandes forces du film : il n'y a pas les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Il y a des hommes et des femmes qui doivent se battre avec leurs démons, vivre avec leurs fêlures, des êtres en quête de rédemption.

Le film est riche aussi de ses thèmes connexes : la justice, l'intégrité, la vengeance, le pardon, le deuil, la violence, la famille... C'est vraiment passionnant.

3 Billboards est un drame poignant, dont plusieurs scènes vous tirent les larmes, d'autres vous scotchent au fauteuil. Mais il y a aussi beaucoup d'humour dans le film, grâce à des personnages au caractère bien trempé (à commencer par le personnage central), des dialogues fleuris et des situations cocasses. Le scénario réserve bien des rebondissements, jusqu'à une fin assez étonnante mais porteuse d'espoir.

Et quel casting ! Frances McDormand, géniale, est dans son plus grand rôle depuis Fargo. Woody Harrelson, toujours excellent, est très touchant. Et Sam Rockwell est tout simplement extraordinaire dans le rôle du flic violent et paumé.

Bref, 3 Billboards est un grand film, un drame fort qui interpelle. Un chef d'oeuvre !

vendredi 12 janvier 2018

Vers la lumière : lumineux, tout simplement !

Misako Ozaki rédige des textes pour l'audiodescription des films, à destination des non-voyants. Masaya Nakamori est photographe, et il est en train de perdre la vue. Ils se rencontrent lors de la projection d'un film à des consultants non-voyants...

Vers la lumière est un film contemplatif, à la beauté formelle sidérante. Le travail sur l'image, la photo, la lumière est absolument prodigieux. C'est un film sensoriel, voire sensuel, grâce aux nombreux très gros plans sur les visages, en particulier les yeux, grâce à des plans subjectifs qui évoquent la perte de vue progressive de Masaya, grâce aux différents flashbacks, notamment pour Misako qui se souvient de son père disparu...

Le film est aussi une sorte de mise abyme puisqu'il y a bien un film dans le film. Tout au long du récit, on suit le travail de Misako pour améliorer le texte de son audiodescription. C'est aussi, du coup, une réflexion sur le langage : comment décrire sans prendre parti ni être trop distant ? Comment, en particulier, décrire la scène finale d'un film qui peut être interprétée de différentes façons ?

C'est enfin, bien-sûr, un film très émouvant. Sur le deuil, la perte de ce qu'on a de plus cher (la vue pour le photographe, ses parents pour Misako, l'amour de sa vie dans le film à l'intérieur du film), illustré par cette phrase que l'on entend comme un leitmotiv tout au long du film : "Rien n'est plus beau que ce qu'on a sous les yeux et qui s'apprête à disparaître." Émouvant aussi dans l'évolution de la relation entre les deux personnages principaux du film, avec des scènes bouleversantes, dans le métro au moment où Masaya perd définitivement la vue, ensuite lorsqu'il touche de ses mains le visage de Misako, la scène de la dernière photo du photographe, ou bien-sûr la fin sublime, vers la lumière du soleil couchant.

Bref, Vers la lumière porte bien son titre (Hikari en japonais, la lumière) : c'est un film lumineux !

jeudi 11 janvier 2018

Downsizing : une fable déroutante, mais attachante et intelligente

Un scientifique norvégien fait une découverte révolutionnaire qui va offrir la solution à la surpopulation qui menace la terre : un processus permettant de réduire les humains à une taille de 12 centimètres environ, le "downsizing". Des colonies pour accueillir les humains miniatures sont créées un peu partout dans le monde. Et une motivation de taille pour passer par ce processus est le fait qu'en réduisant leur taille, chacun augmente de façon considérable son niveau de vie. La plupart n'ont même plus besoin de travailler pour vivre la belle vie... Paul Safranek et son épouse Audrey se décident à leur tour de rejoindre Leisureland, une colonie de rêve, ce sera l'occasion d'avoir une belle maison et ne plus se soucier des fins de mois difficiles. Sauf qu'au dernier moment, Audrey renonce... et son mari l'apprend au téléphone, une fois le processus irréversible de "downsizing" effectué...

Le film, sur le ton de la fable, est assez déroutant. On se demande même à la fin si la fable est humaniste ou misanthrope, optimiste ou cynique... Et c'est peut-être ce qui en fait tout l'intérêt ! Parce qu'elle est un peu tout cela, elle ouvre de nombreuses pistes, aborde de nombreux thèmes (l'écologie, l'économie, l'immigration, la solidarité, la réussite, la religion...), sans forcément proposer de résolution.

Une des questions centrales du film est de savoir si l'humanité mérite d'être sauvée. Et si oui, comment et à quel prix ? Il y a d'ailleurs une référence explicite à l'arche de Noé qui est significative... Le film ne donne pas de réponse tranchée, la question reste ouverte.

Le film a aussi une dimension de satire sociale, avec un regard caustique sur la société occidentale et sur l'American Way of Life... C'est souvent vraiment drôle, ridicule (la mise en scène pour la présentation de Leisureland !). Mais en même temps les gens dans le film se révèlent ne pas être forcément ce que l'on croit au premier abord (en bien ou en mal...).

Il y a aussi un sens du merveilleux, dans l'évocation de ce monde miniature, dans la vision de la nature à l'échelle lilliputienne. Et une histoire d'amour ! Ca fait donc beaucoup de choses, presque trop...

Au niveau du casting, Matt Damon est très bon dans le rôle d'un américain moyen un peu perdu, Christoph Waltz... fait du Christoph Waltz, et Hong Chau est la révélation du film.

Bref, Downsizing est un film déroutant mais attachant, qui aborde finalement beaucoup de questions en phase avec nos préoccupations aujourd'hui, il est donc propice à susciter la réflexion, tout en proposant un divertissement intelligent.

lundi 8 janvier 2018

Les heures sombres : un portrait fascinant d'un grand homme complexe

Le film évoque les premiers jours de l'accession de Winston Churchill au poste de premier ministre, le 10 mai 1940, alors que les Nazis progressent à grande vitesse, que les troupes alliées vont de défaite en défaite, et que 300 000 soldats britanniques sont piégés à Dunkerque...

Le film nous fait pénétrer de façon passionnante dans les coulisses d'une page d'histoire et propose un portrait fascinant d'un grand homme complexe. Dès son accession au poste de premier ministre, Churchill devra prendre une décision qui peut faire changer le cours de l'histoire : négocier un traité de paix avec l'Allemagne pour épargner la Grande-Bretagne ou se battre contre la barbarie nazie quel qu'en soit le coût. Pour y arriver, il devra faire face aux manoeuvres de son propre parti et faire avec le scepticisme du roi George VI à son égard.

Winston Churchil est incarné de façon époustouflante par un Gary Oldman méconnaissable, dans un rôle qui a toutes les chances de lui faire obtenir un oscar... mérité ! Contrairement à ce que j'ai lu dans plusieurs critiques, je n'ai pas trouvé le portrait de Churchil hagiographique. Le film ne cache pas les zones d'ombre du personnage, dans son caractère, dans sa carrière politique... Il se concentre sur quelques jours de sa vie, au cours desquels il apparaît comme un personnage complexe, un homme impossible à vivre, colérique, mais aussi plein d'humour, un orateur puissant, qui ne tient pas toujours parole, rongé par des doutes et des hésitations, mais aussi empreint de courage. Il était simplement l'homme de la situation à un des moments les plus sombres de l'histoire ! Et puis il y a aussi l'évocation du rôle discret mais important de son épouse, soutien essentiel mais aussi la seule à pouvoir lui dire ses quatre vérités en face.

Le film souligne tout le paradoxe de cet homme qui, privilégié, reconnaît n'avoir jamais pris le bus ni acheté son pain mais qui trouvera la force et le courage de son action dans son lien au peuple britanique. Le film le souligne, par exemple dans les scènes où Churchill est en voiture et observe le peuple londonnien dans sa vie quotidienne (filmé en traveling au ralenti) ou surtout dans une des scènes clés du film, lorsque Churchill prend le métro et discute avec des passagers sur l'action à mener face à la menace des Nazis. Bien qu'hypothétique d'un point de vue historique, c'est une des scènes les plus fortes du film.

La réalisation de Joe Wright est maîtrisée, avec une belle ampleur, un vrai souffle, certains plans audacieux (comme de spectaculaires plans en contre-plongée). La reconstitution historique est minutieuse et le film est passionnant, dans les coulisses d'une page de l'histoire.

L'échappée belle : un road movie touchant, bien qu'un peu conventionnel

Ella et John sont mariés depuis près de 50 ans et leur amour est intact. Mais Ella est très malade et doit être hospitalisée, et John perd la tête. Alors, un beau matin, sans rien dire à personne y compris leurs enfants, ils décident de prendre la route à bord de leur vieux camping-car, direction le sud, pour aller à Key West et la maison de Hemingway, l'écrivain préféré de John.

Road Movie touchant sur l'amour d'un couple au crépuscule de leur vie, ce film qui aborde de front la question du vieillissement et de la mort raconte une histoire somme toute assez conventionnelle, avec un dénouement sans surprise... Ce joli film réservent tout de même de bons moments d'émotion et d'humour, même si les différentes péripéties du couple ne sont pas toujours crédibles (l'agression des deux jeunes !) et que l'ensemble traîne un peu en longueur. Mais les deux acteurs principaux (Helen Mirren et Donald Sutherland) sont absolument remarquables !

Le grand jeu : un biopic brillant... et Jessica Chastain éblouissante

Molly Bloom, la reine du poker, est arrêtée par le FBI et traduite en justice. Elle s'efforce de trouver le meilleur avocat pour l'assister dans son procès. Molly, ancienne championne de ski acrobatique, avait débarqué à Los Angeles sans un sou. Elle trouve un job d'assistante et à côté de son boulot, elle épaule son patron dans l'organisation de parties de poker clandestines. Molly est douée... et, évincée par son patron, elle parvient à lui piquer ses joueurs pour monter son propre cercle clandestin où elle attire rapidement les stars hollywoodiennes et autres millionnaires, venus flamber leur argent. Plus tard, elle ouvrira un autre cercle clandestin à New-York où elle va croiser cette fois la mafia russe...

Le grand jeu (on peut préférer Molly's Game, le titre original) est basé sur l'histoire vraie de Molly Bloom. Son réalisateur, Aaron Sorkin, dont c'est le premier film, est connu pour ses scénarios, notamment pour le génial The Social Network de David Fincher et l'excellent Steve Jobs de Danny Boyle. Et même s'il n'a pas le génie de Fincher, sa réalisation est très réussie. En tout cas, on retrouve dans ce film une fascination pour des personnages charismatiques, supérieurement intelligents, mais dont la réussite laisse aussi un goût amer. On y retrouve des thèmes communs comme ceux de la réussite sociale, de l'appât du gain, du poids de l'éducation (et notamment la place du père), du besoin d'être aimé... Et puis il y a les mêmes dialogues vifs et précis qui font mouche.

Evidemment, un autre atout si ce n'est l'atout majeur du film, c'est son actrice principale : Jessica Chastain. Elle est, comme toujours, éblouissante ! Le film repose entièrement sur ses épaules ! Ce qui ne veut pas dire que les personnages secondaires sont insignifiants. Loin de là. Idris Elba est remarquable dans le rôle de l'avocat de Molly Bloom, poussé par sa propre fille à accepter de défendre Molly... Et Kevin Costner, dans le rôle du père de Molly, qui continue à se bonifier encore avec l'âge !

Bref, Le grand jeu est un biopic brillant, rythmé comme un thriller, écrin idéal au talent de son actrice principale.

mardi 2 janvier 2018

L'échange des princesses : superbe reconstitution historique... mais où est l'émotion ?

Pour affermir la paix avec l'Espagne, Philippe d'Orléans, Régent de la France, décide de proposer le mariage de Louis XV, qui a 11 ans et va bientôt devenir roi, à l'Infante d'Espagne, âgée de 4 ans. Et en échange, il marie sa fille à l'héritier du trône d'Espagne. Les deux jeunes princesses en sont réduites à de simples marchandises au service de jeux de pouvoirs...

Dès le plan d'ouverture du film, on est frappé par le travail sur les lumières, le soin esthétique apporté à l'image. L'échange des princesses est un film en costume, une reconstitution historique minutieuse (costumes, décors...) qui nous plongent dans les cours de France et d'Espagne au XVIIIe siècle. De plus, les jeunes acteurs sont très bons (notamment Anamaria Vartolomei dans le rôle de Louise Elisabeth).

Et pourtant... je suis resté sur ma faim. A la fin, j'avais presque l'impression d'avoir vu un numéro de "Secrets d'histoire", certes assez somptueux, mais plus un docu-fiction qu'un grand film historique. Où était l'émotion ?

Tout l'argent du monde : un thriller efficace et cynique

Le film, inspiré de faits réels, se déroule en 1973 avec le kidnapping de Paul, le petit-fils de J. Paul Getty, milliardaire qu'on dit être l'homme le plus riche du monde. Les ravisseurs réclament plusieurs millions de dollars de rançon mais le milliardaire refuse de céder le moindre centime. C'est alors Gail, la mère de Paul et la belle-fille J. Paul Getty, qui va tout faire pour obtenir la libération de son fils.

Tout l'argent du monde est d'abord un thriller efficace, qui maintient parfaitement la tension jusqu'au dénouement de l'histoire. Mais c'est aussi un film terriblement cynique sur le pouvoir de l'argent... et sa vanité, comme en témoigne le dénouement du film et son étonnant épilogue. Et puis il y a la performance remarquable de Christopher Plummer (avec lequel Ridley Scott a retourné toutes les scènes qu'il avait faites avec Kevin Spacey...) dans le rôle du milliardaire froid, avare et mégalomane (il se prend pour la réincarnation de l'empereur Hadrien !).