Katharine Graham est la première femme directrice de la publication d'un grand quotidien américain, le Washington Post. Elle s'est retrouvée un peu par hasard à cette place, à la suite du suicide de son mari à qui le père de Katharine avait confié la direction du journal. Poussée par son rédacteur en chef, Ben Bradlee, elle va accepter que le journal publie les révélations de documents top secrets révélant les manoeuvres de quatre présidents américains successifs pour étouffer des affaires sensibles, en particulier les mensonges d'Etat sur la guerre du Vietnam.
Pentagon Papers est un vibrant plaidoyer pour la liberté de la presse, filmé comme un véritable thriller. On ne décroche pas une seconde ! La caméra de Spielberg nous fait pénétrer dans les coulisses du journal, les salles de rédaction, les bureaux du conseil d'administration, l'imprimerie... et le quotidien de ces journalistes d'investigation qui le restent 24 heures sur 24. Ainsi, par exemple, lorsqu'on est au domicile de Ben, entouré de ses plus proches collaborateurs, en train d'éplucher en quelques heures les documents récupérés. Ou avec cette étonnante conférence téléphonique improvisée au beau milieu d'une réception chez Katharine lorsque la décision de publier ou non doit être prise.
Avec la liberté de la presse, le film aborde la question de la collusion possible des journalistes avec le pouvoir, ou la volonté de ce pouvoir de museler la presse quand elle le dérange, prêt à protéger des mensonges d'état pour ne pas perdre la face. Des thématiques qui restent bien d'actualité et offrent des échos étonnants avec l'Amérique de Trump...
Mais Pentagon Papers est aussi un film féministe, en évoquant le destin de Katharine Graham, qui s'est retrouvée malgré elle au pouvoir du Washington Post et à devoir gérer l'héritage familial face à tous les hommes du conseil d'administration, qui la regardent avec condescendance. Il y a, à cet égard, quelques scènes marquantes comme lorsque Katharine arrive devant des portes closes et traverse tout un groupe de secrétaires (des femmes évidemment), avant de passer les portes et entrer dans une salle où ne se trouvent que des hommes. Ou à la sortie de la cours suprême, délaissée par les journalistes qui interrogent plutôt le directeur (masculin) du New York Times, et qui descend les marches seule, au milieu de jeunes femmes venues manifester et qui la regardent avec admiration.
Le casting est exceptionnel, avec de nombreux seconds rôles de qualité (dont les excellents Bob Odenkirk - de Breaking Bad et Better call Saul - Carrie Coon, Michal Stuhlbarg...), et surtout le duo formé par Meryl Streep et Tom Hanks, tous deux magistraux !
Spielberg ne rate jamais ses films... mais Pentagon Papers est un grand Spielberg !
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