lundi 25 janvier 2021

Le tigre blanc : une fable sociale sur l'Inde d'aujourd'hui... et au-delà

 

★★

A l’occasion d’une visite en Inde du premier ministre chinois, un jeune entrepreneur prospère lui écrit pour raconter son parcours, y voyant une opportunité à saisir. Il explique comment il a réussi à sortir de sa condition de pauvre villageois misérable pour être ce qu’il est devenu. Tout a commencé quand il a su se faire embaucher comme chauffeur d’Ashok, de retour des Etats-Unis avec son épouse Pinky… 

Adaptation du roman éponyme, un best-seller récent, le tigre blanc est une fable contemporaine, cruelle et noire, sur l’Inde d’aujourd’hui, un pays gangrenée par la corruption, entre tradition - religieuse et sociale, avec son système de castes - et modernité - où le capitalisme et la mondialisation accentuent les inégalités. Désormais, il ne reste pratiquement plus que deux castes dans le pays : les très riches et les très pauvres, les gros ventres et les ventres creux, avec deux destinées possibles : manger ou être mangé. 

L’Inde d’aujourd’hui est ainsi vue à travers le regard de ce jeune homme, naïf (faussement ?) mais aussi rusé et opportuniste. Animé d’un esprit de revanche, il arrivera à s’extirper de sa condition, quitte à s’autoriser quelques licences morales. De poulet en cage, soumis et passif, il va devenir un tigre redoutable… 

Dans sa première partie, le film décrit les tensions et les contradictions de la société indienne, à travers une relation de domination et de servitude compliquée, puisqu’elle implique un homme, Indien d’origine mais occidentalisé par son séjour aux Etats-Unis. Un événement inattendu (teasé au début du film) va provoquer une bascule, au milieu du film, qui le rend du coup beaucoup plus sombre et caustique. La fable sociale lorgne du côté du thriller, jusqu’à une conclusion plutôt cynique, en forme de mise en garde qui va bien au-delà du contexte indien, à l’heure de la mondialisation… 

Le film souffre d’une voix off un peu envahissante, surtout au début. Mais on suit l'histoire de Balram avec intérêt, avec l'envie de connaître le fin mot de l'histoire... qui se révèle, finalement, un peu dérangeant, et nous fait réfléchir sur ce qui attend notre monde demain. 

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Le tigre blanc, un film de Ramin Bahrani, disponible sur Netflix


lundi 11 janvier 2021

Pieces of a Woman : un drame intime, illuminé par son actrice principale

★★

Martha et Sean s’apprêtent à devenir parents. Ils ont décidé que l’accouchement se déroulerait à la maison. Mais le jour venu, les choses ne se passent pas comme prévu. La sage-femme qui s’est occupé de Martha pendant sa grossesse doit être remplacée par une autre et l’accouchement est difficile. Et malheureusement, le nouveau-né meurt quelques minutes après sa naissance. 

Pieces of a Woman, c’est d'abord une scène d’ouverture impressionnante, un très long plan séquence suffoquant jusqu’au drame qui le conclut. C’est aussi une belle conclusion, émouvante et empreinte d’espoir, malgré tout. Entre les deux, c’est l’histoire d’un couple qui se dissout, incapable de faire face au deuil qui les frappe… une histoire qui, je trouve, traîne un peu en longueur. 

Finalement, je me demande si le film n’aurait pas dû se concentrer plus exclusivement sur l’évolution du personnage de Martha, et ne pas se perdre un peu avec ses histoires de couple et de famille. D’autant que la performance d’actrice de Vanessa Kirby est absolument remarquable et mérite tous les éloges. 

Malgré ses défauts, le film mérite d’être vu, au moins pour son extraordinaire scène d’ouverture et pour la performance de son actrice principale. 

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Pieces of a Woman, un film de Kornél Mundruczó, disponible sur Netflix