lundi 30 avril 2018

Avengers Infinity War : Très spectaculaire... mais très mince au niveau du scénario

Le terrible et puissant Thanos parcours l'univers pour récupérer les 6 pierres d'infinité. S'il réussit dans son entreprise, son pouvoir sera presque infini et il pourra mener à bien son projet : rétablir l'équilibre en tuant la moitié des habitants de l'univers. L'équipe des Avengers devra se réunir pour combattre Thanos, et ils trouveront même l'aide de la joyeuse bande des Gardiens de la galaxie.

Annoncé comme le blockbuster suprême, rassemblant (presque) tous les héros de Marvel (on imagine que les quelques absents pourraient avoir un rôle à jouer dans la suite du film, l'année prochaine... oui, parce qu'il y aura une suite), le film est évidemment très spectaculaire. Ça pète de tous les côtés, c'est bourré d'action, visuellement bluffant, plus sombre qu'à l'habitude mais quand même avec pas mal d'humour (globalement plaisant, surtout quand il implique les personnages des Gardiens de la galaxie, en particulier Drax). Mais c'est quand même très mince au niveau du scénario... Certes, ce n'est probablement pas ce qu'on recherche en premier dans un film du MCU, mais du coup, comme d'habitude ou presque, on en prend plein les yeux, c'est divertissant et efficace... mais on passe vite à autre chose une fois le film (et sa scène post-générique) terminé.

Comme des garçons : une jolie comédie gentiment féministe

En 1969 à Reims, Paul Coutard, journaliste sportif au quotidien Le Champenois, mais aussi séducteur invétéré, décide d'organiser un match de football féminin pour la kermesse annuel du journal. Il doit alors, contre son gré, faire équipe avec Emmanuelle Bruno, secrétaire de direction dévouée à l'entreprise... mais aussi fille d'une vieille gloire du grand club de Reims. Il le fait d'abord pour défier son directeur et pour narguer le président du club de Reims, pour la première fois relégué en deuxième division. Mais il finira pas se prendre au jeu et, malgré les fortes résistances rencontrées, il va finalement créer la première équipe féminine de football de France.

Le film est inspiré de faits réels. Il y a bien-sûr un côté vintage assez sympathique (les fringues, les coupes de cheveux, les expressions...) mais aussi un rappel du discours sexiste d'une époque, finalement pas très éloignée, où les femmes étaient cantonnées aux tâches ménagères et à l'éducation des enfants, et où il y avait besoin d'une autorisation maritale pour qu'une femme puisse jouer dans une équipe de football ! A cet égard, le film est gentiment féministe, sans être militant, en évoquant des jeunes femmes qui avaient juste envie de jouer au foot...

Comme des garçons est une comédie familiale, un feel good movie comme on dit en français, avec un bon rythme et des personnages assez typés, où - passage obligé - l'histoire d'amour, cousue de fil blanc, entre Coutard et Emmanuelle, n'est pas vraiment l'aspect le plus intéressant du film... Mais au final, regarde vraiment avec plaisir ce joli film positif.

lundi 23 avril 2018

Place publique : une comédie cynique et vacharde

Castro, star du petit écran sur le déclin, se rend à une pendaison de crémaillère très sélecte, dans la maison de campagne de sa productrice Nathalie. Il y retrouve Hélène, son ex compagne (qui est également la soeur de Nathalie) et d'autres connaissances ou célébrités...

Film choral autour du duo Jaoui-Bacri, Place publique est une comédie cynique et vacharde sur la célébrité, le monde des médias à l'heure des réseaux sociaux, la difficulté de vieillir... Ce n'est certainement pas le meilleur Jaoui-Bacri mais on retrouve quand même avec plaisir leurs dialogues incisifs (ce sont d'abord d'extraordinaires dialoguistes) et leur galerie de personnages très typés... mais très peu de tendresse (alors qu'il y en avait quand même dans leurs films, en général). 

Parmi tous ces personnages cyniques et superficiels, seuls Vincent, le compagnon d'Hélène et Manu, le chauffeur de Castro, s'en sortent finalement pas trop mal... Mais ils sont moins des acteurs que des spectateurs distants de ce qui se passe. Comme s'il ne restait plus à la fin qu'un regard désabusé sur les humains. Même s'ils sortent un peu de leurs gonds à la toute fin du film... A cause de ces deux personnages, il reste donc quand même une toute petite lueur d'espoir !

Evidemment, la troupe de comédiens autour d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (fidèles à eux-mêmes) est impeccable, avec la toujours excellente Léa Drucker, et une mention spéciale à Sarah Suco, très drôle.

Escobar : un biopic (trop) classique

Biopic sur le célèbre trafiquant de drogue milliardaire, impitoyable roi du cartel de Medellin en Colombie, le film adopte le point de vue de Virginia Vallejo, une célèbre journaliste de télévision qui fut la maîtresse d'Escobar.

Le film dresse un portrait glaçant d'un monstre froid et cruel, assoiffé d'argent et de pouvoir. Mais, contrairement à ce qu'on pouvait attendre (le titre original du film est Loving Pablo), il ne fait qu'effleurer le mystère du pouvoir de séduction de Pablo Escobar. Et c'est bien dommage... c'était l'angle d'attaque qui aurait pu donner de l'originalité à un film qui, finalement, ne nous révèle pas grand chose de nouveau (contrairement à ce que l'affiche annonce...).

En effet, après Narcos, la très bonne série Netflix, quel est le véritable intérêt d'un tel biopic bien trop classique ? Au moins, l'année dernière, Doug Liman avait proposé un ton et un angle d'attaque original avec Barry Seal...

Il reste, bien-sûr, la performance d'un Javier Bardem bedonnant, toujours étonnant dans son pouvoir de transformation, et celle d'une Penélope Cruz étincelante.

lundi 16 avril 2018

L'île aux chiens : fable politique et caustique, génial film d'animation

A cause d'une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki décrète une quarantaine pour tous les chiens. Ils sont envoyés sur une île poubelle au large de la ville. Mais le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l'île pour retrouver Spots, son fidèle compagnon. Victime d'une avarie, il s'écrase sur l'île et est recueilli par une bande de cinq chiens.

L'île aux chiens est une fable politique au ton caustique, un film d'animation constamment inventif. C'est du Wes Anderson pur jus : on retrouve sa réalisation minutieuse, presque maniaque, avec ses cadrages si particuliers, son rythme parfois endiablé, son humour si caractéristique. On ne s'ennuie pas une seconde avec Chief, le chien rebelle qui ne croit pas au concept de maître et refuse de se soumettre à qui que ce soit, ou la bande de chiens qui prennent toujours leurs décisions à la majorité, par un vote, ou Oracle, le chien qui voit l'avenir... en regardant la télévision.

La qualité de l'animation, en stop motion (des marionnettes animées image par image) est parfaite. L'évocation d'un Japon imaginaire dans un futur proche, et ce monde particulier de l'île poubelle, est aussi étonnante. Tout est incroyablement inventif. Et le tout est sublimé par une bande originale absolument géniale (avec beaucoup de percussions) signée Alexandre Desplat.

Derrière la fable pleine d'humour (et ses dialogues savoureux), le film parle de ségrégation, de maltraitance, de corruption, d'écologie... et se révèle donc particulièrement pertinent et moderne. L'idée géniale étant de faire parler les chiens en anglais (en vo... sinon en français) et les humains leur langue propre (ici le japonais) mais en général non traduit. On est du côté des chiens et on a du mal à comprendre les humains ! Et les voix du film sont confiées à des acteurs prestigieux (y compris dans la version française).

Un chef d'oeuvre d'animation à ne pas manquer !


Kings : fresque intime au coeur de la violence, un peu brouillonne et inégale

Le film se déroule en 1992 à Los Angeles, en plein procès Rodney King. Millie s'occupe seule de ses enfants, et des enfants qu'elle accueille, et fait tout ce qu'elle peut pour les protéger et les éduquer, dans un quotidien difficile. Lorsque les émeutes éclatent cet équilibre fragile est en danger.

Kings est une fresque intime au coeur de la violence des émeutes raciales. La plongée dans ces émeutes, suite au verdict d'acquittement des policiers qui ont tabassé Rodney King, est réussie. On sent la colère qui monte, avec les images en boucle du procès à la télévision, puis qui explose après le verdict. Mais j'ai trouvé l'ensemble du film un peu brouillon et inégal.

Les scènes les plus intéressantes sont celles avec le adolescents (avec de jeunes acteurs remarquables), perdus au milieu de la violence, comme Jesse qui essaye de rester malgré tout attaché aux valeurs de son éducation, tout en étant attiré par Nicole qui se met en danger par son attitude autodestructrice. Il y a aussi une jolie scène devant un Burger King, le patron du restaurant argumentant avec un groupe d'enfants armés de cocktails molotov pour qu'ils ne mettent pas le feu à son restaurant. Finalement, le moins intéressant est l'histoire peu convaincante entre les deux stars du film, Halle Berry et Daniel Craig...

lundi 9 avril 2018

Don't worry, he won't get far on foot : une histoire forte pour un film un peu terne

John Callahan se retrouve tétraplégique suite à un grave accident de voiture, alors qu'il était ivre avec son ami qui conduisait le véhicule. Pourtant, il n'a pas la moindre intention d'arrêter de boire. Jusqu'au jour où il accepte d'intégrer un groupe de parole des alcooliques anonymes. Il trouvera le chemin de la rédemption grâce à l'aide de Donnie, son parrain, Annu, sa compagne, et ses dessins satiriques à l'humour noir et insolent, qui le feront connaître.

Le film raconte une histoire évidemment forte (et vraie !) mais avec beaucoup (trop ?) de sobriété. Biopic assez classique, il se révèle même finalement un peu terne... Et puis on aurait vraiment voulu en savoir plus sur le John Callahan dessinateur !

Ceci dit, le film vaut surtout pour la performance une nouvelle fois bluffante de Joaquin Phoenix, impressionnant en tétraplégique, mais aussi pour la très belle interprétation, sensible, de Jonah Hill dans le rôle de Donnie.

La mort de Staline : une étonnante satire grinçante et grand-guignolesque

Dans la nuit du 2 mars 1953, victime d'une attaque, Staline est en train de mourir. Tout son entourage doit alors la jouer fine pour s'assurer une place de choix dans le prochain gouvernement de l'URSS... ou tout simplement pour rester en vie !

La mort de Staline est une satire grinçante, tout à la fois grand-guignolesque et glaçante. La terreur de la dictature stalinienne y est évoquée sous la forme d'une farce macabre, avec des luttes de pouvoir mesquines, ridicules mais aussi terriblement sanglantes. Du coup, on rit jaune devant cette tragicomédie qui finit par créer un certain malaise. D'ailleurs, la pilule ne passe pas en Russie... puisque le film est interdit de sortie par le ministère russe de la culture !

Le film est porté par un casting brillant comme Steve Buscemi dans le rôle de Krouchtchev, Michael Palin (ex-Monthy Python) dans celui de Molotov ou Jason Isaacs en général Zhukov. Mais les deux performances les plus marquantes sont celles de Simon Russel Beale (grand acteur shakespearien) qui campe un Beria vraiment inquiétant et de Jeffrey Tambor en Malenkov, complètement dépassé par les événements.

A noter aussi la belle dande originale composée par Christopher Willis, avec une musique à la manière de Chotakovitch assez réussie.

Dans la brume : un honnête film catastrophe au dénouement peu convaincant

Après un tremblement de terre, une mystérieuse brume mortelle s'élève du sol et submerge Paris, sans toutefois atteindre le sommet de tous les immeubles. Les survivants sont ceux qui ont pu se réfugier au-dessus de la brume mais il semble bien que les secours ne viendront pas. Mathieu et Anna vont essayer de trouver une issue pour leur petite famille, d'autant que Sarah, leur fille atteinte d'une maladie rare qu'il l'oblige à rester enfermée dans une bulle hermétique est seule, au milieu de la brume...

Le genre du film catastrophe post-apocalyptique est peu prisé par le cinéma français. Saluons donc l'initiative de ce film ! D'autant que ça démarre plutôt bien. On est vite dans le vif du sujet, la catastrophe est filmée de  façon assez spectaculaire, avec de bons effets spéciaux, et on arrive à une situation tendue qui semble sans issue. Ensuite, malgré quelques invraisemblances et certaines ficelles un peu trop visibles, on retrouve les éléments classiques de ce genre de film (le sacrifice, les personnages malveillants, le couple qui se rabiboche...) mais ça reste très honnête.

Par contre, le dénouement est vraiment insatisfaisant. Non seulement il est complètement invraisemblable mais le twist final est artificiel. Ça laisse une mauvaise dernière impression pour un film finalement honnête... Dommage.