lundi 31 décembre 2018

L'homme fidèle : élégant et malicieux mais pas inoubliable

Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans. A l'occasion du décès de Paul, le mari de Marianne, ils se retrouvent. Abel décide alors de reconquérir Marianne. Mais les choses ont changé : Marianne a un fils et la jeune Eve, la soeur de Paul, a grandi... et elle est amoureuse d'Abel depuis toujours.

L'homme fidèle est une fable sentimentale, qui parle du couple, de la fidélité et de l'infidélité, et de la paternité, avec élégance et une certaine malice. Impossible de ne pas penser à la nouvelle vague en voyant ce film de Louis Garrel (voix off, dialogues...). Le trio d'acteurs est parfait, avec une mention spéciale à une Laetitia Casta excellente.

Au final, j'ai passé un agréable moment à regarder un film élégant et léger... mais sans plus d'enthousiasme que cela.

L'empereur de Paris : un film en costume assez somptueux mais emphatique.

Sous le règne de Napoléon, François Vidocq s'est échappé plusieurs fois du bagne. Laissé pour mort après sa dernière évasion, il essaye de se faire oublier sous l'identité d'un simple marchand. Mais son passé le rattrape. Il propose alors un marché au chef de la sûreté : il travaille pour la police en échange de sa lettre de grâce.

Ce qui frappe d'abord dans le film, c'est la remarquable reconstitution du Paris des années 1800. Les costumes, les décors, les figurants... c'est assez somptueux. Avec, en plus, un casting de luxe (excellent Patrick Chesnais).

L'histoire, par contre, tire en longueur et se déroule sans surprise, les scènes d'action se répètent, la mise en scène est un peu tape à l'œil, surlignée par la musique : la fin du film verse tellement dans la surenchère que ça en devient même un peu grotesque...

vendredi 21 décembre 2018

Wildlife : un drame sobre, cruel et mélancolique

1960. Jerry et Jeanette, avec Joe leur fils de 14 ans, ont déménagé dans le Montana. Mais Jerry perd son boulot et il ne semble pas faire beaucoup d'effort pour en trouver un autre. Alors Jeanette trouve un job à temps partiel, même Joe trouve un petit travail. Mais les tensions s'intensifient dans le couple. Jusqu'à ce que Jerry décide de rejoindre l'équipe des combattants du feu et part, on ne sait pas pour combien de temps, combattre l'incendie de forêt dans la montagne.

Wildlife est un formidable drame familial, où un adolescent assiste en spectateur à la séparation de ses parents. Il y a quelque chose d'inexorable dans le mécanisme de rupture du couple. On ne connaît rien de leur passé (et on en apprend très peu pendant le film) mais on se rend bien compte qu'il y a un passif, des frustrations accumulées, notamment pour Jeanette qui a dû, malgré elle, rentrer dans le rang et suivre son mari en restant à la maison... Ces silences et ces non-dits sont une des forces indéniable du film. En réalité, on comprend que leur rupture n'est pas soudaine mais qu'elle se préparait depuis longtemps. Mais au moment du départ de Jerry avec les combattants du feu, les choses s'emballent. L'un et l'autre s'engagent chacun dans une fuite en avant qui sonnera le glas de leur couple.

Et tout cela sous le regard impuissant de leur fils Joe... L'essentiel du film se passe à son niveau, avec de longs plans sur son visage en train d'observer ses parents, avec espoir parfois, mais plus souvent avec incompréhension, effroi voire honte. C'est aussi un récit initiatique pour un adolescent qui devra plus rapidement que prévu entrer dans l'âge adulte...

La réalisation de Paul Dano (dont c'est le premier film derrière la caméra !) est remarquable : cadrages, esthétique picturale, plan serrés sur les visages, travail sur le hors-champ... jusqu'à la géniale dernière image du film, tellement lourde de sens ! Le film est aussi remarquablement interprété, à commencer par une formidable Carey Mulligan, dont c'est probablement le plus beau rôle, mais aussi le jeune Ed Oxenbould, excellent.

Wildlife est un drame sobre, cruel et mélancolique. Un film qui prend encore de l'épaisseur après qu'on l'ait vu, quand on y repense. On a envie de le revoir, pour mieux comprendre, explorer les non-dits. Bref, une grande réussite. On est déjà impatient de découvrir le prochain film de Paul Dano !

jeudi 20 décembre 2018

Aquaman : un bon divertissement spectaculaire qui ne fait pas dans la dentelle !

Arthur est né de l'amour entre Atlanna, reine d'Atlantis, et Tom, un simple gardien de phare. Son destin est de devenir le roi des Sept Mers et d'unir ainsi deux mondes opposés : celui de la terre et celui de la mer. Mais pour cela il lui faudra faire abdiquer son demi-frère Orm, qui est sur le trône d'Atlantis et qui est en train de rassembler les Sept Royaumes pour déclarer la guerre au monde d'en-haut.

Disons-le tout de suite, le film ne fait pas dans la dentelle ! Mais ce n'est pas vraiment étonnant. Admettons aussi que les dialogues sont un peu cucul (mais c'est l'amour qui sauve le monde !)... Et l'humour glissé dans le film est plutôt raté : à part un ou deux gags, ça tombe à plat.

Pour autant, Aquaman n'est pas du tout un mauvais film. On passe même vraiment un bon moment à le regarder. Simplement parce qu'on y trouve ce qu'on vient rechercher d'abord dans un film de super-héros : des scènes spectaculaires bourrées d'effets spéciaux avec ici, en bonus, une invention visuelle réjouissante. Plusieurs scènes sont vraiment des réussites (la double course poursuite en Sicile, l'arrivée dans la Fosse, le combat épique final... les scènes de duels sont sans doute moins réussies). Bref, si vous n'attendez pas plus de ce film qu'un grand divertissement spectaculaire, vous en avez largement pour votre argent !

D'ailleurs, je trouve qu'on est souvent trop sévère avec les films DC... et celui-ci est aussi mal reçu par les critiques. Marvel a quand même aussi produit quelques daubes (Hulk, Iron Man 2 et 3...). Et surtout, Man of Steele est probablement, selon moi, un des meilleurs films de super-héros, et Wonder Woman était aussi vraiment bien. Aquaman complète désormais, pour moi, le podium des meilleurs films DC.

lundi 17 décembre 2018

Une affaire de famille : un film tout en finesse, intimiste et touchant

Un soir, Osamu recueille une petite fille qui semble livrée à elle-même. D'abord réticente à l'idée d’abriter l'enfant pour la nuit, la femme d'Osamu accepte de s'occuper d'elle quand elle comprend que ses parents la maltraitent. Et la petite va rester... bien au-delà d'une nuit. La famille d'Osamu vit dans la petite maison de la grand-mère, ils ne sont pas bien riches et complètent leurs faibles salaires par de petits vols à l'étalage. Ils semblent tout de même vivre heureux... mais petit à petit des secrets vont resurgir.

Une affaire de famille est une chronique familiale toute en finesse, ancrée dans la réalité japonaise mais avec un propos universel. Le portrait d'une famille improbable et atypique, avec des pratiques discutables... mais des liens affectifs réels. Le réalisateur porte un regard bienveillant, sans jugement, sur ses personnages. Même quand la machine se grippe et lorsque des secrets se révèlent.

Et le film nous interroge : Finalement, qu'est-ce qu'une famille ? Et qu'est-ce qu'être père ou mère ? Un personnage demande, à un moment du film, s'il suffit d'accoucher pour devenir mère... Un autre déclare : choisir sa famille, cela évite de faux espoirs...

Un joli film, intimiste et touchant, qui a reçu la Palme d'or à Cannes cette année.

Mortal Engines : visuellement inventif mais indigeste au niveau du scénario

Des siècles après une catastrophe d'ampleur planétaire ayant pratiquement détruit la Terre, l'humanité s'est adaptée pour survivre. Elle vit désormais principalement dans de gigantesques villes mobiles qui obéissent à une nouvelle loi de la jungle : les plus grosses villes absorbent, littéralement, les plus petites en les recyclant pour alimenter leurs gigantesques moteurs. Mais la rencontre de Tom Natsworthy, originaire du niveau inférieur de la ville mobile de Londres, et de la fugitive Hester Shaw, qui cherche à se venger de celui qui a tué sa mère devant ses yeux, pourrait bien bouleverser l'avenir de l'humanité.

Commençons par le positif : l'univers visuel du film est très réussi. Vraiment. C'est inventif et spectaculaire. On en prend plein les yeux dans la découverte de ce monde post-apocalyptique rétro-futuriste, avec des faux airs steampunk. Réjouissant.

Le problème, c'est le scénario... qui enchaîne les poncifs, abuse des grosses ficelles et dont l'histoire est un mélange de Mad Max, Matrix, Terminator et je ne sais quoi d'autre encore. C'est franchement indigeste. Et le tout est surligné par une musique emphatique peu inspirée.

dimanche 16 décembre 2018

Roma : un chef d'oeuvre envoûtant aux images sublimes

Roma, un quartier de Mexico, en 1970. Cleo est bonne dans une famille mexicaine de classe moyenne. Le père et la mère, quatre enfants et la grand-mère vivent sous le même toit et ils s'apprêtent à vivre une année tumultueuse.

Chronique familiale dans le Mexique des années 70, Roma est aussi un magnifique portrait de femmes, avec le personnage central de Cleo, si touchant, mais aussi celui de la mère, dans un monde où les femmes doivent être fortes, parce que les hommes font défaut, cruellement, égoïstement.

Le film est dans un superbe noir et blanc, sans musique mais avec un travail remarquable sur l'environnement sonore. La mise en scène est vertigineuse : longs plans séquences, cadrage au millimètre, mouvements de caméra, prises de vue panoramiques, parfois à 360°... c'est prodigieux. Dès le premier plan, c'est foisonnant de détails, plein de vie et de nostalgie à la fois. On perçoit bien que le réalisateur puise ici dans ses souvenirs. Et puis, imperceptiblement, la tension monte pour atteindre, dans les dernières scènes du film, une force dramatique et émotionnelle intense... avant de trouver une conclusion apaisée.

On réalise alors, à la fin du film, que ce n'est pas une simple chronique que l'on a vue mais une véritable fresque, ample et grandiose, riche sans doute de plusieurs niveaux de lecture, et qui parvient à joindre l'intime à l'épique. Roma est un chef d'oeuvre envoûtant, aux images sublimes, qui laisse une empreinte durable sur le spectateur.

PS : Evidemment, je n'ai pas vu Roma au cinéma... puisqu'il n'est visible que sur Netflix. La firme frappe un très grand coup avec ce film... mais quel dommage de ne pas pouvoir pleinement en profiter en le voyant dans un salle de cinéma !

lundi 10 décembre 2018

Astérix - Le secret de la potion magique : Astérix à la sauce Astier, toujours aussi savoureux

Pour la première fois de sa vie, Panoramix, le druide du village, tombe d'un arbre et se blesse lors de la cueillette du gui. Il estime alors qu'il est temps pour lui, afin d'assurer l'avenir du village, de trouver un jeune druide à qui il va transmettre le secret de la potion magique, un secret qui attire bien des convoitises...

Après une première adaptation réussie, sortie en 2014, le duo Alexandre Astier et Louis Clichy remet ça, avec autant de bonheur. On retrouve bien les personnages et l'esprit de Goscinny et Uderzo, mais avec la couleur si particulière dans les dialogues de l'auteur de Kaamelott. Et ça fonctionne !

Le film est drôle, rythmé (ça va à 100 à l'heure), très bien dialogué et joliment animé. Un vrai bon divertissement, pour toute la famille, parfait pour ce temps de fête.

Leto : un portrait rock, inventif et virtuose d'une génération

Leningrad, un été dans les années 80. Dans la Russie soviétique, les disques de Lou Reed et de David Bowie s'échangent en contrebande, une scène rock émerge, sous le contrôle maladroit de la censure soviétique. Mike et sa femme Natacha font la rencontre de Viktor. Ensemble, avec une nouvelle génération de musiciens, ils ont soif de vie et de liberté.

Cet étonnant portrait rock d'une jeunesse underground sous le communisme soviétique surprend par sa liberté et son inventivité. Dans un magnifique noir et blanc, la caméra de Kirill Serebrennikov est virtuose, toujours en mouvement, avec plusieurs longs plans séquences parfaitement maîtrisés. Et puis il y a cette idée géniale de quelques scènes où tout part en vrille, ça devient surréaliste, extrême, parfois avec des dessins, des couleurs ajoutées en surimpression, ou alors avec tout le monde se met à chanter... jusqu'à ce qu'un personnage du film dise, face caméra, que ça n'existe pas. Et tout redevient normal. Une façon étonnante d'exprimer les rêves, les pulsions, les envies de cette jeunesse sous le carcan soviétique.

N'étant probablement pas le "coeur de cible" d'un tel film, j'ai quand même ressenti quelques longueurs... mais l'esthétique et l'inventivité étonnantes du réalisateur emportent très largement l'adhésion.

Pupille : un film dont l'humanité fait un bien fou

Né au terme d'une grossesse non désirée, Théo est remis au service d'adoption par sa mère biologique : c'est un accouchement sous X. Elle a deux mois pour revenir sur sa décision. Pendant ce temps, Théo sera accueilli par Jean, en famille d'accueil. En parallèle, le service d'adoption va déterminer parmi les dossiers en cours qui va adopter Théo à l'issue des deux mois. C'est Alice qui est choisie, elle qui se bat depuis 10 ans pour avoir un enfant.

Quel beau film, plein d'humanité, d'émotion, plein d'amour et d'espoir ! On y apprend plein de choses sur le processus d'adoption et l'accouchement sous le secret, et on admire le travail magnifique accompli par les travailleurs sociaux, à tous les niveaux. Pour autant, ce n'est pas un documentaire mais bien une fiction, avec des personnages forts, une intrigue menée presque comme un thriller psychologique, et beaucoup d'émotion.

Dans ce film choral, tous les personnages sont travaillés, même ceux qui n'ont que quelques scènes, et ils sont formidablement interprétés. Une mention spéciale à Elodie Bouchez qu'on n'avait pas vue dans un si beau rôle depuis longtemps : elle est très juste dans le rôle de cette femme qui va enfin pouvoir adopter un enfant. Gilles Lellouche aussi est incroyablement touchant dans le rôle de Jean, qui d'habitude accueille des adolescents mais cette fois s'attachera pour deux mois à un nouveau né.

La réalisation de Jeanne Herry est subtile et belle, on est au plus près des personnages, avec l'impression de vivre les événements de l'intérieur. Plusieurs scènes sont bouleversantes : on est immanquablement gagné par l'émotion.

Pupille est un très beau film dont l'humanité fait un bien fou. Jamais moralisateur, sans jugement, il est instructif et profondément émouvant.