lundi 30 juillet 2018

Roulez jeunesse : une comédie sensible sur les liens familiaux

Alex a 43 ans. Il est dépanneur automobile dans le garage dirigé par sa mère à la personnalité un peu envahissante. Un jour, il dépanne une jeune femme et finit par passer la nuit chez elle. Au réveil, la jeune femme a disparu et Alex se rend compte qu'il se retrouve avec trois enfants, dont un bébé, sur les bras !

Roulez jeunesse est une jolie comédie sensible, qui amuse et sait émouvoir (surtout dans sa dernière partie). Un film qui parle des liens familiaux, réels ou de substitution. Rien de très original, certes, mais c'est filmé avec sincérité et tact, pour une histoire touchante, avec un très bon Eric Judor, qui s'écarte petit à petit de son personnage de clown post-adolescent (au début du film) pour révéler des talents d'acteur plus sensible.

The Guilty : un thriller minimaliste redoutablement efficace

Asger Holm est policier. C'est son dernier jour au centre d'appels d'urgence de la police. Au milieu des coups de fils parfois insignifiants, il reçoit l'appel d'une femme qui semble ne pas réaliser qu'elle appelle la police. Alors qu'il s'apprête à raccrocher, il comprend que la femme est en fait victime d'un kidnapping et qu'elle appelle la police à l'insu de son ravisseur. Il essaye alors de gérer la situation à distance et lorsque l'appel est interrompu brutalement, il va tout faire pour retrouver la femme et la sauver.

The Guilty est un thriller minimaliste, redoutablement efficace. Véritable huis clos en temps réel, le film est haletant jusqu'au bout. On ne sort jamais du centre d'appels d'urgence de la police, on ne voit jamais le drame se produire. Alors on imagine ce qui se passe à l'autre bout du fil... On se fait son propre film à partir des dialogues et des bruits qu'on entend au loin. Le spectateur devient littéralement acteur du film ! On se laisse piéger ou on devine les chausses trappe du récit, et on est surpris par les révélations et les rebondissements qui se succèdent et nous tiennent en haleine jusqu'à la dernière minute.

Si le scénario est malin, la réussite du film tient aussi à la mise en scène, d'une précision chirurgicale, au formidable travail sur le son qui sollicite à tout instant notre imagination et à la remarquable interprétation du comédien principal, de tous les plans, Jakob Cedergren.

Le film est plus qu'un simple exercice de style, c'est aussi un film qui parle de la culpabilité, des apparences trompeuses, des limites entre le bien et le mal, en venant mêler habilement au fil narratif du kidnapping celui de l'histoire personnelle du héros. Ce thriller danois est en tout point remarquable !

Une pluie sans fin : un polar noir et désespéré, d'une maîtrise formelle remarquable

1997, quelques mois avant la rétrocession de Hong-Kong. Yu Guowei est chef de la sécurité dans une vieille usine, dans le sud de la Chine. Employé modèle, il est réputé pour ne rien laisser passer. Il prend l'initiative d'aider la police dans une enquête sur une série de meurtres, non loin de son usine. Une enquête qui va petit à petit devenir une obsession pour Yu.

Une pluie sans fin est un polar noir et désespéré, presque nihiliste. Et même si l'intrigue policière au coeur du film est parfois un peu tarabiscotée, voulant entretenir l'ambiguïté et le mystère, il y a dans le film quelque chose d'halluciné qui fascine, dans ses décors industriels gris et poisseux, constamment noyés sous une pluie battante. Quelque chose d'implacable aussi dans la lente descente aux enfers de son personnage principal, et dans les rêves et les destins brisés de plusieurs personnages.  Et la conclusion du film n'invite pas vraiment à beaucoup d'optimisme...

Dong Yue, dont c'est le premier long-métrage, fait preuve d'une maîtrise impressionnante dans la réalisation. Le travail sur le cadrage et la lumière est remarquable et il parvient à maintenir tout au long du film une atmosphère pesante et trouble. Remarquable.

mercredi 18 juillet 2018

Ant-Man et la guêpe : un intermède Marvel léger et fun

Suite aux événements de Captain America : Civil War, Scott Lang est assigné à résidence et a dû laisser de côté son costume de Ant-Man, jusqu'à ce que le Dr Pym et sa fille Hope le recontactent. Pym pense que Janet, sa femme, pourrait bien être encore en vie 30 ans après être allé dans la dimension quantique, et il pense même pouvoir aller la récupérer. Ant-Man va donc reprendre du service, avec Hope (alias la guêpe) comme partenaire.

A l'image du premier film, Ant-Man et la guêpe est un Marvel léger et vraiment divertissant, qui privilégie l'humour et l'action fun : moult combats et courses poursuites avec d'incessants changements de taille, de celle d'un insecte à celle d'un géant. L'humour n'est pas en reste, notamment avec le nouveau costume d'Ant-Man qui bug (la scène dans l'école est très drôle) ou le personnage de Luis (Michael Pena), en particulier lorsqu'il est sous l'emprise du sérum de vérité !

Par contre, il n'y a pas dans le film de grand méchant (ça manque...) mais plusieurs ennemis qui viennent mettre des bâtons dans les roues de nos héros (le FBI, un trafiquant technologique et le mystérieux fantôme).

Ant-Man et la guêpe est donc un intermède léger et fun dans le MCU (Marvel Cinematic Universe), attendant seulement la scène post-générique pour faire le lien avec les événements tragiques de Infinity War. Sans révéler grand chose, elle laisse entendre que Ant-Man aura certainement un rôle clé à jouer dans Avengers 4... en attendant d'en savoir plus sur Captain Marvel.

vendredi 13 juillet 2018

Paranoïa : un thriller angoissant et expérimental avec un scénario insatisfaisant

Sawyer, une jeune femme convaincue d'être harcelée, se retrouve enfermée contre son gré dans une institution psychiatrique. Et elle y retrouve son harceleur, qui s'est fait embaucher dans l'hôpital ! A moins que tout cela ne soit le fruit de son imagination...

Paranoïa (Unsane en vo) est un film de genre, une série B minimaliste, entièrement tournée avec un iPhone. Je n'ai rien à redire sur la réalisation expérimentale de Soderbergh : anxiogène à souhait, elle fait des merveilles avec un simple smartphone. Rien à redire non plus sur l'interprétation, à commencer par la remarquable performance de Claire Foy ou celle, glaçante, de Joshua Leonard.

Ce qui me pose problème, c'est le scénario. Ça commence comme Vol au-dessus d'un nid de coucou avant de basculer dans un banal thriller horrifique qui veut dénoncer, avec de grosses ficelles, les travers du système de santé américain. Tout alors devient trop évident, avec trop d'invraisemblances. On attend le twist final... et il arrive. Sans surprise. Voulant semer le doute chez le spectateur, il nous laisse en réalité sur notre faim.

Paranoïa me laisse donc un sentiment mitigé : positif pour la réalisation et l'interprétation, négatif pour un scénario insatisfaisant.

jeudi 12 juillet 2018

Dogman : un drame noir éclaboussé par son acteur principal

Marcello est toiletteur pour chiens, il est apprécié par tous les autres commerçants de son quartier. Pour arrondir ses fins de mois et rêver de voyages avec sa fille, il deale un peu de cocaïne. Mais il est sous l'emprise de Simoncino, une brute épaisse qui rackette et violente tout le quartier, et qui va l'entraîner dans une spirale criminelle...

Dogman est un drame implacable et noir, avec quelques accents soudains de violence. Dès la scène d'ouverture on sent poindre la menace : un chien inquiétant qui aboie et montre les dents pendant que Marcello, silhouette frêle, s'efforce de toiletter ce molosse qu'il appelle "amore", comme tous les autres chiens. Même si dans la suite, les bêtes dangereuses ne seront pas les chiens, on sait que les choses vont mal tourner pour Marcello.

Et le dénouement de l'histoire est terrible et déchirant, évoquant à la fois la sauvagerie humaine et le besoin d'être aimé. Deux thématiques centrales dans le film, comme celle de la perte de l'innocence dans un monde impitoyable pour les faibles.

Remarquablement réalisé par Matteo Garone, dans des décors crépusculaires et poisseux d'un quartier pauvre, le film est éclaboussé par l'extraordinaire performance d'acteur de Marcello Fonte. Une gueule de cinéma, mais surtout une présence et une précision dans le jeu étonnantes. Son regard et les expressions changeantes de son visage, silencieux, dans la scène finale, est un moment d'une force incroyable.

Dogman est un film âpre, sombre mais fascinant. Un film qui secoue.

jeudi 5 juillet 2018

Les indestructibles 2 : tout simplement un des meilleurs films de super-héros !

La famille de super-héros est de retour ! Après que les super-héros ont été déclarés illégaux, un richissime homme d'affaire philanthrope propose une campagne de communication pour redorer leur blason. Mais pour regagner le coeur de la population, c'est Elastigirl qui sera de service... alors que son mari Bob devra rester à la maison et s'occuper des enfants. Et entre les peines de coeur de Violette, l'énergie sans limite de Flèche et le petit Jack-Jack qui découvre à peine ses pouvoirs, Bob aura du mal à faire face !

Quatorze ans après le premier film, quelle joie de retrouver la famille Parr au grand complet ! Et l'attente est récompensée pour ce film qui est une brillante réussite. Beaucoup d'humour, de l'action débridée et inventive, une animation géniale, le film ne se contente pas d'être un divertissement familial de haut vol, c'est tout simplement un des meilleurs films de super-héros tout court !

Brad Bird, réalisateur et scénariste, nous enchante avec ce film qui va à 200 à l'heure. Les scènes d'action et de poursuite sont époustouflantes, la galerie de personnages autour des héros est réjouissante et l'humour vraiment très drôle. On rit beaucoup, en particulier avec le petit Jack-Jack qui découvre ses pouvoirs (sans les contrôler !). Ajoutez à cela la formidable bande originale, jazzy et vintage, signée Michael Giacchino (sans doute une de ses meilleures compositions !) et votre bonheur est total.

D'autant que le film est aussi un divertissement intelligent, qui aborde bien-sûr des thèmes liés à la famille (l'éducation des enfants, les rôles attribués au père et à la mère, la tension entre la vie familiale et la vie professionnelle...) mais aussi des questions liées aux médias (les dangers des écrans, la manipulation médiatique, etc.)

Bref, un régal pour petits et grands !

PS : Comme d'habitude pour les productions Pixar, le film est précédé par un court-métrage. Son titre : Bao. Poétique, drôle et touchant, c'est une vraie petite pépite qui vous fera voir à tout jamais différemment un ravioli chinois !

mercredi 4 juillet 2018

Au poste : un petit chef d'oeuvre d'humour absurde et surréaliste.

Une nuit dans un poste de police. Au cours d'une garde-à-vue, un tête-à-tête entre un commissaire et le témoin d'un meurtre, devenu le suspect numéro un.

Dès la première image, la première scène, on sait qu'on regarde un film de Quentin Dupieux (je ne vous en dirai rien, pour vous laisser la surprise) ! Travail précis sur l'image et la lumière, humour absurde et surréaliste, mise en abîme, tout y est !

De retour en France, après ses précédents films réalisés aux USA, Quentin Dupieux signe avec Au poste un hommage déjanté aux films noirs français des années 70-80, un sorte de Garde à vue loufoque et surréaliste. C'est probablement un film le plus immédiatement accessible que ses dernières réalisations (dont le génial et vertigineux Réalité), plus léger mais pas moins drôle que ses précédents films. L'image (comme toujours chez Dupieux, très soignée) à dominante beige donne un cachet vintage. Mais on retrouve surtout le ton si particulier du réalisateur, à travers des dialogues très drôles, génialement absurdes, et un scénario surréaliste qui enchaîne les situations cocasses et les mises en abîme, se jouant de la réalité, jusqu'à un dénouement inattendu et une scène post-générique pour nous dire, finalement, que tout ça n'est que du cinéma... ou pas ! Enfin si quand même...

Le casting est parfait, avec Benoît Poelvoorde en flic obtus et déterminé à obtenir les aveux de son suspect, Grégoire Ludig en témoin devenu suspect, incrédule devant ce qui lui arrive (et affamé !), mais aussi l'excellent Marc Fraize en flic stupide et suspicieux ou la pétillante Anaïs Demoustier (c'est pour ça !).

Au poste, c'est probablement la comédie française de l'année !


lundi 2 juillet 2018

Parvana : magnifique film d'animation, humaniste et poétique

Parvana a onze ans. Elle vit à Kaboul, en Afghanistan, sous le régime des Talibans. Elle aime écouter les histoires que lui raconte son père, anciennement professeur et désormais lecteur et écrivain public. Mais un jour il est arrêté. Parvana décide alors de se couper les cheveux et de se faire passer pour un garçon, afin de venir en aide à sa famille et pouvoir au moins sortir acheter de la nourriture, et pour trouver un moyen de sauver son père.

Parvana est un très beau film d'animation, aux lignes claires et à l'histoire bouleversante. Entre conte et dure réalité, c'est le portrait touchant d'une jeune fille au pays des Talibans. C'est un film humaniste, poétique, engagé : à la fois éloge à l'éducation et la culture face à l'obscurantisme, plaidoyer pour l'émancipation des femmes opprimées, et évocation de la force de l'imaginaire face à la violence et l'injustice. Le film peut être vu par toute la famille ; il a une vertu éducative évidente. Sa force est de parvenir à évoquer avec justesse la condition dramatique des femmes sous le régime obscurantiste des Talibans avec une animation lumineuse et simple, accessible aux petits et grands. L'histoire est dure mais le film arrive à en dégager un certain espoir, dans son beau dénouement, illustré par la citation de Rûmi (poète mystique persan) qui termine le film : "Elevez vos mots et non vos voix. C'est la pluie qui fait pousser les fleurs, pas le tonnerre."

Sicario - la guerre des cartels : un thriller efficace... mais une suite décevante

Les cartels se sont reconvertis dans la trafic de migrants, à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Pour les contrer, on fait appel en haut lieu à l'agent Matt Graver pour mener une opération secrète visant à déclencher une guerre entre les cartels. Matt fait du coup appel à son sicario, son tueur à gage, Alejandro, pour qu'il enlève la fille de Carlos Reyes, le baron d'un des plus gros cartels mexicains. Mais tout ne se passera pas comme prévu...

Par rapport au très bon film de Denis Villeneuve, Sicario (sorti en 2015), on retrouve ici les deux personnages de Graver (Josh Brolin) et Alejandro (Benicio Del Toro) et les cartels mexicains. Mais pas Kate, la jeune recrue du FBI. On retrouve aussi le même scénariste, Tyler Sheridan mais on change de réalisateur : Stefano Sollima succède au réalisateur canadien.

On replonge donc dans un univers sombre et violent, pour un thriller efficace... mais on est quand même loin de la force du film de Denis Villeneuve. La réalisation est sans grande inventivité et manque parfois de rythme. Quant au scénario, j'ai connu Tyler Sheridan plus inspiré... La passionnante réflexion sur les frontières entre le bien et le mal, au coeur de Sicario, cède ici la place à un simple film d'action avec une opération d'extraction qui tourne mal. Les thématiques de l'immigration, du terrorisme, des secrets d'Etat, ne sont finalement qu'une toile de fond du film... Rien de très original, en somme, avec même quelques facilités de scénario (en particulier autour du personnage d'Alejandro).

Je ne dis pas que c'est un mauvais film. Je dis juste que c'est une suite pas vraiment utile... Revoyez plutôt Sicario, l'original !