lundi 27 août 2018

Les vieux fourneaux : une sympathique comédie et un savoureux trio de vieilles canailles

Pierrot, Mimile et Antoine sont trois septuagénaires amis d'enfance. Ils se retrouvent à l'occasion des obsèques de Lucette, la femme d'Antoine. Mais la découverte d'une lettre fait péter les plombs à Antoine qui s'embarque illico dans un voyage jusqu'en Italie, avec son fusil, pour commettre un crime passionnel... 50 ans après les faits ! Pierrot et Mimile se lancent à sa poursuite, embarquant un peu malgré elle Sophie, la petite fille d'Antoine, enceinte jusqu'aux dents.

Adapté d'une BD (que je ne connais pas...), les vieux fourneaux est une sympathique comédie, assez capricieuse : on s'amuse face aux facéties de ces trois vieilles canailles, Antoine, l'ex-syndicaliste jamais content ; Pierrot militant anarchiste de toujours ; et Mimile, l'aventurier séducteur. Petit à petit, l'histoire revêt un ton plus nostalgique, avec les vieilles histoires (et leurs conséquences) qui refont surface.

L'atout principal du film est sans doute son trio d'acteurs : les savoureux Roland Giraud, Pierre Richard et Eddy Mitchell. Ils s'amusent visiblement beaucoup... et nous avec eux ! 

Mine de rien, cette sympathique comédie parle de vieillesse, d'amitié, de réconciliation... et nous fait passer un très agréable moment !

BlacKkKlansman : un manifeste puissant Black Power et anti-raciste


Dans les années 70, Ron Stallworth devient le premier officier Noir américain à Colorado Springs. Alors qu'il réussit à intégrer l'équipe d'enquêteurs, il décide d'infiltrer le Ku Klux Klan local ! Il contacte l'organisation par téléphone et se fait passer pour un sympathisant de la cause. Il ira même jusqu'à entretenir un lien privilégier avec David Duke, le "Grand Sorcier" du KKK. Mais il ne peut évidemment pas rencontrer les membres de l'organisation en chair et en os... C'est donc son collègue Flip Zimmerman qui se fait passer pour Ron lors des rendez-vous avec les membres du Klan.

Manifeste Black Power puissant et grinçant, BlacKkKlansman a aussi les allures d'un pamphlet anti-Trump. Le film est basé sur une incroyable histoire vraie et même si le propos est parfois un peu trop démonstratif, le film est d'une force indéniable, osant les changements de ton radicaux : on passe de l'humour au drame, du suspense policier au discours didactique. Mais cette plongée dans l'organisation suprémaciste blanche fait froid dans le dos et les dialogues, incisifs, créent le malaise parfois jusqu'à la nausée.

Le film n'est pas parfait mais son propos est important ! Et, cinématographiquement, BlacKkKlansman nous offre quelques scènes superbes et d'une grande force. [spoiler] Comme par exemple, lors du discours militant de Stokely Carmichael (alias Kwame Ture) sur la fierté d'être Noir où de nombreux visages de l'assistance, magnifiques, apparaissent successivement à l'écran. Ou dans les deux scènes en parallèle avec, d'un côté un témoignage sobre et poignant sur un crime collectif raciste, et de l'autre côté la cérémonie d'accueil de Ron comme nouveau membre du KKK qui se termine dans une euphorie malsaine avec le visionnage du film The Birth of a Nation (et son apologie du KKK) devant une assistance hilare et vociférante en mangeant des pop corns. Ou enfin, bien-sûr, la fin du film, où les images des événements de Charlottesville en 2017 s'enchaînent sans transition avec celles du film... rappelant cruellement que les discours suprémacistes sont encore bien d'actualité. Terrifiant. [/spoiler]

BlacKkKlansman est un film important quant à son message anti-raciste. En passant, le film pose aussi la question des méthodes à utiliser ou non dans ce combat : peut-on changer les choses de l'intérieur ou faut-il en arriver à l'affrontement violent, la révolution ?  En tout cas, les idéologies suprémacistes, les bas instincts racistes et les discours de haine n'appartiennent pas qu'au passé. Ils restent dangereusement d'actualité, souvent de façon sournoise, et il faut les combattre sans relâche. Et on peut être reconnaissant à Spike Lee pour cela ! 

lundi 20 août 2018

Sur la plage de Chesil : un mélo un peu trop classique mais touchant

1962 en Angleterre, Florence et Edward viennent de se marier. Ils passent leur nuit de noce ensemble à l'hôtel, mais ils sont maladroits et terrorisés, plombés par leur éducation et leur inexpérience. Au fur et à mesure de l'avancement de la soirée, tétanisés par l'enjeu, ils se souviennent, chacun, de leur rencontre...

Sur la plage de Chesil est un mélo classique, sans doute trop classique. Sa structure, basée sur les flash-backs n'est pas toujours agréable à suivre. Il n'empêche, l'histoire est touchante, et même poignante à la fin (malheureusement gâchée par un maquillage outrancier pour vieillir les acteurs...). Les images sont belles. Et surtout, le film est porté par un remarquable duo d'acteurs : Billy Howle (que je ne connaissais pas) et la toujours excellente Saoirse Ronan.

Under the Tree : une fable féroce et noire

Atli est surpris par sa femme en train de regarder une vidéo compromettante... accusé d'adultère, il est chassé de chez lui et se retrouve chez ses parents. Il va alors se retrouver mêlé à une querelle de voisinage à cause d'un arbre qui fait de l'ombre sur la terrasse des voisins. Ce banal conflit mineur va petit à petit tourner au cauchemar.

Under the Tree est une fable féroce et noire sur la haine ordinaire. Un film islandais glaçant, à l'humour noir grinçant, dont le cinéma nordique a le secret.

On assiste à une spirale infernale nourrie de haine sourde, de suspicion, de rancoeurs, de jalousie, de vengeance... on sent très vite que ça va mal finir ! Et, sans spoiler la fin, ça finira mal (mais je ne vous en dis pas plus) !

Les acteurs sont excellents, la mise en scène précise, le scénario implacable. La façon dont cette simple querelle de voisinage banale vire au cauchemar est glaçante, le tout amplifié par des blessures, des deuils non résolus et des frustrations qui se révèlent petit à petit. Même ceux qui semblent vouloir jouer l'apaisement vont finir par se faire happer par la machine infernale.

Under the Tree est une fable cruelle, un drame bien que traversé d'humour noir, qui interroge nos ressentiments et nos rancœurs, et rappelle jusqu'où ils peuvent nous mener et les victimes collatérales qu'ils peuvent provoquer...  Un très bon film.

Le monde est à toi : une comédie agitée et tape à l'oeil

François est un petit dealer. Son rêve : décrocher les droits pour la franchise Mr Freeze au Maghreb. Mais sa mère fantasque a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd de la cité, lui propose alors un plan en Espagne pour se refaire... Mais rien ne se passe comme prévu, surtout quand sa mère vient à la rescousse !

Film de voyou, avec ses dealers de banlieue et ses petites frappes écervelées, ses bastons et ses fusillades, avec en plus l'histoire d'un fils à maman qui veut prendre son envol, le monde est à toi aurait pu être une comédie drôle et déjantée... c'est finalement juste une comédie agitée et tape à l'oeil, pas vraiment hilarante. A part les scènes avec le personnage de Vincent Cassel, très drôle, et dans une moindre mesure les caméos de Philippe Katherine et François Damiens. Il y a donc quand même quelques bons moments... mais c'est trop peu pour nous sauver d'un certain ennui.

lundi 13 août 2018

Mary Shelley : un biopic trop classique

En 1814, Mary Wollstonecraft Godwin, 16 ans, entame une relation passionnée avec le poète Percy Shelley et elle s'enfuit avec lui. Mais comme Percy est marié, bien que séparé de sa femme, leur relation fait scandale. Deux ans plus tard, le couple est invité à passer l'été à Genève, dans la demeure de Lord Byron. Et c'est au cours d'une nuit d'orage, à la faveur d'un pari, que Mary a l'idée de l'histoire de Frankenstein.

Mary Shelley est un biopic très classique, à la réalisation soignée mais académique. L'histoire aurait pu être passionnante (sur la création artistique, le lien entre la vie d'un auteur et son oeuvre, l'émancipation des femmes...) mais une grande partie du film se limite à une histoire un peu trop à l'eau de rose à mon goût, le tout accentué par une musique assez emphatique. La partie la plus intéressante du film est trop courte, au moment de l'écriture puis de la parution de Frankenstein... Dommage. Reste la belle interprétation de l'excellente Elle Fanning dans le rôle titre. Mais c'est trop peu sauver le film d'un certain ennui.

Under the Silver Lake : parano, halluciné, étrange... et brillant !

Sam vit à Los Angeles et ne fait pas grand chose de ses journées. Lorsque Sarah, une charmante voisine, disparaît brusquement une nuit, laissant son appartement vide, il part à sa recherche, à l'affût de tous les indices possibles. Sa quête le mènera dans une enquête surréaliste sur fond de conspiration et disparitions mystérieuse, jusque dans les profondeurs étranges d'un Los Angeles excentrique.

Difficilement classable, Under the Silver Lake est un film déroutant mais brillant. Incroyable jeu de pistes paranoïaque et halluciné, saturé de références cinéphiles et pop culture, le film nous emmène dans un véritable cauchemar éveillé. C'est un peu Ready Player One à la sauce lynchienne et dans une esthétique hitchcockienne !

Si vous avez besoin d'une structure classique et logique pour apprécier un film, avec un début, quelques rebondissements et une fin, si vous ne supportez pas de ne pas tout comprendre à l'histoire, passez votre chemin. Mais si vous êtes prêts à vous laisser embarquer dans un trip halluciné, déstabilisant, étrange, alors foncez !

Construit comme une enquête, le film bascule parfois dans l'horreur et l'angoisse, avec souvent un ton cynique, un humour grinçant et parfois absurde. Il nous confronte aux peurs et aux fantasmes d'aujourd'hui, dans une histoire où se côtoient le sexe, une spiritualité plus ou moins chelou, la pop culture, les messages subliminaux, les théories du complot, la paranoïa, le voyeurisme... C'est foisonnant, on ne comprend pas tout, on est constamment surpris. Toutes les scènes du film n'atteignent pas un même niveau mais certaines sont incroyables de folie, de drôlerie ou d'angoisse.

David Robert Mitchell confirme son talent (après It Follows) : la mise en scène est impressionnante de maîtrise. Andrew Garfield est excellent dans le rôle principal. Et le film bénéficie d'une bande originale, très présente, absolument remarquable, signée Disasterpeace, hommage évident et réussi au grand Bernard Herrmann (compositeur de la musique de nombreux films d'Alfred Hitchcock).

Under the Silver Lake est un film étrange, qui revendique sa bizarrerie. Il n'est certainement pas fait pour tous les publics... Mais c'est un film brillant !

lundi 6 août 2018

Mission Impossible - Fallout : un film d'action époustouflant

Ethan Hunt est de retour avec son équipe de l'IMF (Impossible Mission Force), pour sauver l'humanité d'un terrible péril ! Au cours de leur nouvelle mission, Ethan retrouvera de vieilles connaissances (amies et ennemies)...

Ce sixième opus de la franchise Mission Impossible au cinéma (très réussie, surtout depuis l'épisode 4) est un film d'action époustouflant, hyper spectaculaire et complètement invraisemblable. Bref : tout ce qu'on aime dans ce genre de film !

On a droit bien-sûr à des combats à mains nues, avec des armes à feu de toutes tailles ou des armes plus ou moins improvisées. On a droit aussi à des courses poursuites ahurissantes, dans les rues de Paris, sur les toits de Londres et dans le ciel de l'Inde (en hélicoptère !). Du grand spectacle.

Le scénario aussi est très réjouissant (même s'il y a parfois un côté un peu plus sombre qu'à l'habitude) : espionnage et contre-espionnage, méchants psychopathes, gadgets technologiques, chausses-trappes et rebondissements incessants, plus ou moins inattendus (pour qu'on puisse dire : "j'en étais sûr !") et souvent tirés par les cheveux (mais c'est ça qui est bien !). Mais où vont-ils chercher tout ça ? La réalisation de Christopher McQuarrie (le premier à réaliser deux films de la franchise) est nerveuse et terriblement efficace. En un mot, Fallout est LE film d'action de l'été (voire plus...) !

My Lady : un film inégal qui pose de bonnes questions

Fiona Maye est juge de la Haute Cour britannique, elle est réputée en matière d'affaires familiales délicates. Adam, un jeune homme, encore mineure pour quelques mois, atteint d'une leucémie, refuse une transfusion sanguine qui pourrait le sauver. L'hôpital affirme qu'il est sous l'influence de ses parents, Témoins de Jéhovah, la famille prétend que le jeune homme choisit librement et en toute connaissance de cause de refuser la transfusion sanguine. De façon tout à fait inhabituelle, au cours du procès, la juge décide d'aller s'entretenir avec Adam à l'hôpital...

Oscillant entre l'intime et le questionnement éthique, ce film assez sobre et classique pose de bonnes questions sur la justice, la liberté, la religion, le bien et le mal...  Et si, fort heureusement, le film évite un ton moralisateur et des réponses simplistes, il ne va par contre pas suffisamment au fond des choses et nous laisse un peu sur notre faim.

La première partie est la plus intéressante. Elle pose de vraies questions éthiques (du point de vue médical et de la justice) et montre combien il est complexe d'y apporter des réponses. Mais on a un peu l'impression de s'arrêter trop tôt... Et la deuxième partie du film est moins convaincante, entre les problèmes de couple de Fiona et sa relation ambiguë avec l'adolescent...

Reste la découverte intéressante des coulisses de la cour de justice britannique. Et l'interprétation remarquable d'Emma Thompson.