La réalisatrice, Sarah Suco, dont c'est le premier film, s'est inspiré de sa propre expérience pour écrire Les éblouis. Elle a en effet elle-même vécu dix ans avec sa famille dans une communauté religieuse de ce type, avant de parvenir à s’en échapper à l'âge de 18 ans. L’évocation de la communauté religieuse à tendance sectaire est donc très minutieuse, réaliste… et inquiétante.
Pour autant, on n’a pas l'impression que la réalisatrice règle ses comptes avec son passé mais plutôt qu'elle se libère d'un poids. L’histoire nous est racontée du point de vue de Camille, qui voit impuissante ses parents être séduits, embrigadés, éblouis (le titre du film est fort bien trouvé !)... et embarquer avec eux leurs enfants. Le tout est filmé avec justesse et une grande sobriété. L'histoire pointe du doigt la séduction d’un mouvement de type sectaire, et le basculement, presque imperceptible de la fraternité, de la solidarité et du partage, vers la manipulation, le conditionnement et l’humiliation, pour finalement isoler les membres de leur famille et de la société, et les garder sous l’emprise du “berger” sur ses “brebis”... et ce n’est même plus une image mais une réalité dans le film !
Je dois dire, à titre personnel, que j’ai eu un sentiment un peu étrange en voyant le film. Plusieurs fois les gens riaient, tellement certains principes ou certaines attitudes leur paraissaient ridicules… mais moi je ne riais pas trop. Parce que ces principes et ces attitudes, je les ai entendues et vus parfois dans des Eglises que j’ai ou fréquenter (et qui ne sont pas du tout des sectes !). Je pense par exemple aux discours culpabilisants sur des activités censées être dégradantes (ici, le cirque !), aux affirmations naïves disant de ne pas s’inquiéter de laisser un bébé tout seul dans son bain puisque le Seigneur veille sur lui, au sentiment de culpabilité si on ne prie pas avant de manger (y compris au restaurant), ou aux tentations de voir les marques du diable partout autour de nous…
Si toutes les communautés religieuses ne sont évidemment pas comme celle décrite dans le film, il est salutaire de dénoncer sans équivoque les dérives sectaires qui existent, et qui provoquent de terribles dégâts dont les enfants sont souvent les premières victimes !
Il faut souligner enfin le remarquable travail sur la photographie et la lumière dans le film, et la belle performance des différents acteurs. A commencer par une Camille Cottin habitée et la révélation de la jeune Céleste Brunnquell dans la rôle de Camille.
tout à fait juste, les membres d'églises seront édifiés à la vue de ce film
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