lundi 18 septembre 2017

Mother : un concentré d'Aronofsky

Un poète en mal d'inspiration vit avec sa jeune épouse dans une grande maison isolée. Un jour, un homme frappe à la porte et le mari décide de l'héberger. D'autres invités arriveront et perturberont petit à petit l'harmonie du couple.

[spoiler : si vous n'avez pas vu le film, sachez que des éléments de l'intigue seront évoqués ci-dessous... mais ça peut aussi vous aider à comprendre le film ! ;)]

Mother est un concentré du cinéma d'Aronofsky : mystique, excessif,  sombre, radical, torturé. Le film est avant tout une allégorie mystique, j'y ai vu une relecture tourmentée et radicale de la "mythologie" biblique. Il y a d'abord le jardin d'Eden : au début du film la femme dit qu'elle restaure la maison pour en faire un paradis... Mais l'harmonie originelle est perturbée avec l'arrivée d'un intrus, puis de sa femme, figures d'Adam et Eve, qui par leur attitude sans gêne brisent l'équilibre du couple et détériorent la maison. Il y a même l'équivalent du fruit défendu et/ou de l'arbre de la vie avec un mystérieux cristal dans le bureau du poète (le créateur...) auquel il est interdit d'accéder. Un bureau dont l'entrée sera condamnée une fois l'irréparable commis. Puis surgissent les figures des deux frères, Abel et Caïn, le fratricide...

Ensuite, ça se calme... Jusqu'à l'approche de la naissance d'un enfant et de la parution du livre du poète qui a retrouvé l'inspiration. Un livre qui va susciter la vénération d'une foule toujours plus grande. On voit alors s'enchaîner, de manière hallucinante, dans un déluge d'images parfois folles, avec l'excès baroque dont est capable Aronofsky, un condensé de l'histoire de l'humanité, avec la naissance de la religion, rapidement devenue fanatisme, avec ses violences de toute sorte. C'est impressionnant, foisonnant, excessif, parfois très violent, jusqu'à un dénouement à la limite du supportable (avec son allégorie gore du repas eucharistique). Les symboles s'entrechoquent et se mélangent. Jennifer Lawrence est tour à tour figure de la vie, de la terre, Eve ou figure mariale. Javier Bardem, figure humaine, messianique et divine. C'est sans doute un peu trop, parfois un peu fumeux. Mais c'est vraiment impressionnant... avec, chez le réalisateur, une vision toujours très sombre de l'humanité et d'un Dieu finalement à l'image de l'homme (dans la lignée de son Noé).

Mother est un film inclassable, impressionnant voire éprouvant. Certainement pas à pas mettre devant tous les yeux... mais sans doute immanquable pour les fans du réalisateur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire