mercredi 31 janvier 2024

La zone d'intérêt : Un choc qui produit un effet de sidération absolue

 
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Un choc. Un film qui produit un effet de sidération absolue durable, bien au-delà de la fin de la projection. On ne peut pas dire qu’on passe un bon moment devant le film. Au contraire, l’expérience est difficile, perturbante… mais quel grand film ! Avec une reconstitution et un travail de mise en scène d’une minutie ahurissante, le film permet d’évoquer l’indicible horreur absolue de la shoah sans jamais la montrer.

(critique complète ci-dessous ou ici)

Rudolph Höss est le commandant du camp d’Auschwitz. Il est installé avec sa famille dans une belle maison avec un grand jardin, juste à côté des murailles du camp. Ils s’y sont construit une vie de rêve… 

Un choc. Glaçant. Troublant. Un film qui produit un effet de sidération absolue. Et l’effet est durable, bien au-delà de la fin de la projection. On ne peut pas dire qu’on passe un bon moment devant le film. Au contraire, l’expérience est difficile, perturbante… mais quel grand film !

Avec une reconstitution et un travail de mise en scène d’une minutie ahurissante, le film utilise un procédé qui permet d’évoquer l’indicible horreur absolue de la shoah sans jamais la montrer. Tout est dans le hors-champ, ou suggéré en arrière-plan, notamment avec les fumées noires dans le ciel. Tout est aussi dans un bruit de fond presque continu, tout au long du film, avec des cris, des coups de feu, le son du va et vient des trains de la mort, et celui des fours crématoires… Le tout ponctué des harmonies dissonantes de l’excellente bande originale composée par Mica Levi. 

Et au milieu de cette horreur absolue, on assiste à la vie paisible d’une famille, comme si de rien n'était… à quelques pas du camp d’extermination d’Auschwitz. Les pique-niques au bord de la rivière, les balades à cheval, les enfants qui jouent dans la piscine, Hedwige qui fait visiter son petit paradis fleuri à sa mère, le père qui raconte des histoires le soir à ses filles, les repas en famille…  

Le contraste entre ce que l’on voit et ce que l’on devine autour, et ce que l’on sait par ailleurs, crée un immense malaise et de la sidération. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment peut-on aller aussi loin dans la déshumanisation, la monstruosité froide ? Comment l’être humain est-il capable de tomber dans une telle banalité du mal, une banalité absolue pour un mal absolu ? 

La fin du film, étonnante mais riche de sens, permet de rappeler que ce que le film raconte n’est pas une fiction mais une réalité écoeurante, et qu’il est essentiel d’en conserver la mémoire, parce que le mal est encore là, sous une forme ou sous une autre… 

La zone d’intérêt n’est ainsi pas seulement un grand film, c’est aussi un film nécessaire pour garder vivace cette mémoire… 

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La zone d'intérêt, un film de Jonathan Glazer
avec Christian Friedel, Sandra Hüller, Johann Karthaus

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