Le récit joue sur l’ambiguïté et le mystère, il se situe constamment dans la “zone grise”, où les frontières éthiques sont imprécises. Et cela donne un film complexe et inconfortable. (...) D’une maîtrise formelle impressionnante, et incarné par deux actrices exceptionnelles, le film nous donne à voir deux femmes qu’on a du mal à cerner.
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Pour préparer son nouveau rôle au cinéma, une célèbre actrice va à la rencontre de celle qu’elle va incarner à l’écran. Le film qu’elle va tourner racontera l’histoire de Gracie, qui a défrayé la chronique plus de 20 auparavant : alors qu’elle avait 36 ans, elle est tombée amoureuse d’un collégien. Elle a fait de la prison pour cela mais aujourd’hui ils sont mariés et ont eu des enfants ensemble.
Le récit joue sur l’ambiguïté et le mystère, il se situe constamment dans la “zone grise”, où les frontières éthiques sont imprécises. Et cela donne un film complexe et inconfortable, qui crée un malaise, tant par rapport à l’histoire passée qui est évoquée et qui concerne un adolescent mineur, que par rapport à la démarche de l’actrice dont on ne cerne pas forcément bien les intentions.
D’une maîtrise formelle impressionnante, et incarné par deux actrices exceptionnelles, le film nous donne à voir deux femmes qu’on a du mal à cerner. La part de cynisme dans les motivations d’Elizabeth, l’actrice, ressort quand même assez clairement, me semble-t-il. Même s’il y a sans doute aussi une part de recherche sincère, pour son rôle. Mais la dernière scène du film (avec le tournage d’une scène clé du film) parachève l’ambiguïté.
Mais les choses me semblent plus difficiles à cerner pour Gracie et le film a tendance à nous faire changer d’avis constamment, créant un trouble. Qui est-elle vraiment ? Ce qu’elle laisse transparaître d’elle est-il fiable ? Est-elle sincère ou dissimulatrice ? Naïve ou manipulatrice ? Au spectateur de se faire un avis… ou de rester dans l’incertitude.
L’intention du film n’est pas de porter un jugement définitif sur l’une ou l’autre de ces deux femmes. Il cherche plutôt à créer le trouble et à interroger. A-t-on vraiment, peut-on même avoir, toutes les données pour juger de la situation ? Peut-on arriver à la vérité d’une personne en l’observant ou menant une enquête minutieuse sur elle ?
Avec ses jeux virtuoses de miroirs, de paraître et de semblants, le film peut paraître parfois se perdre un peu dans l’exercice de style. Mais l’effet de trouble est remarquablement réussi. Et les questions qu'il pose, même si elles sont dérangeantes, sont pertinentes !
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