★★★★
Conte moral aux allures de thriller psychologique, loin d’être manichéen, Un héros tient en haleine, avec un scénario kafkaïen à la mécanique implacable, et embarque le spectateur, balloté entre compassion et doute pour le héros du film.
(critique complète ci-dessous ou ici)
Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte : il promet de lui verser en cash une partie de la somme qu’il lui doit. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu…
Conte moral aux allures de thriller psychologique, loin d’être manichéen, Un héros tient en haleine, avec un scénario kafkaïen à la mécanique implacable, et embarque le spectateur, balloté entre compassion et doute pour le héros du film. Est-il un homme intègre et un peu naïf, qui se laisse manipuler et instrumentaliser, pris dans un engrenage infernal ? Ou est-il un homme qui, derrière son air innocent, est en réalité un manipulateur et un menteur ? Notre perception tout au long du film balance entre les deux… Mais s’il est intègre, il fait des choix par lesquels il tend le bâton pour se battre. S’il est manipulateur, il trouve dans le cynisme de ceux qui cherchent à profiter de son image une aide précieuse et complice. Le doute n’est jamais complètement levé et l’admirable scène finale nous laisse dans l’expectative et nous invite, d’une certaine manière, à choisir… Elle dit aussi, par un long plan fixe, qu’en Iran la frontière entre la prison et la liberté est ténue…
Une fois de plus, avec Un héros, le réalisateur iranien parvient donc avec maestria à évoquer la réalité de son pays aujourd’hui tout en abordant des thèmes universels. Le film est profondément ancré dans l’Iran d’aujourd’hui, son système judiciaire, sa corruption, son code de l’honneur, son moralisme… L’admirable long plan fixe final laisse entendre qu’en Iran, la frontière entre la prison et la liberté est ténue… Mais le film touche aussi à l’universel quand il évoque les questions de l’intégrité et de la vérité, et il est très actuel en parlant des héros fabriqués médiatiquement, montés en épingle ou descendus en flamme, très actuel aussi en évoquant, à l’heure des réseaux sociaux, l’impact des rumeurs et la difficulté à connaître la vérité. Qui doit-on croire ? Cette question qui nous est posée tout au long du film est une question brûlante aujourd’hui…
Asghar Farhadi est incontestablement un grand cinéaste d’aujourd’hui, qui sait interroger notre humanité, un artisan de la caméra qui sait capter avec finesse la complexité des relations humaines. Un héros en est un nouveau témoignage. Remarquable.
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