lundi 21 juin 2021

La nuée : une parabole horrifique saisissante

 

★★★☆ 
"Film de genre, la nuée est une véritable parabole horrifique qui décrit un engrenage infernal, sous la pression économique et sociale. Le film est à la fois une chronique paysanne et un drame familial. La dimension fantastique du film permet de lui donner une portée symbolique quasi-biblique, la figure des sauterelles étant associée au jugement de Dieu." 

(Critique complète ci-dessous ou ici)

Virginie élève seule ses deux enfants. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle s’est lancée dans l’élevage de sauterelles comestibles. Mais elle n’arrive pas à en produire assez pour s’en sortir. Un éleveur lui propose bien de transformer ses sauterelles en farine pour nourrir ses canards mais il lui en offre une somme dérisoire. Suite à un accident dans la serre où Virginie se blesse, les sauterelles vont boire de son sang. A la suite de cet événement, elle se rend compte que ses sauterelles sont plus grandes et qu’elles se multiplient plus rapidement. Son élevage décolle, elle multiplie les nouvelles serres et produit une grande quantité de farine animale… mais ses enfants ne la reconnaissent plus, leur mère entretenant désormais un lien étrange et fusionnel avec ses sauterelles.  

Film de genre, la nuée est une véritable parabole horrifique qui décrit un engrenage infernal, sous la pression économique et sociale. Le film est à la fois une chronique paysanne et un drame familial. C’est une chronique paysanne contemporaine, qui évoque les difficultés et les dangers du monde paysan aujourd’hui, avec la pression capitaliste, l’incitation à la productivité à tout prix, le risque de jouer avec la nature aux apprentis sorciers. C’est aussi un drame familial, avec une mère qui se saigne - littéralement ! - pour arriver à nourrir sa famille. La dimension fantastique du film permet de lui donner une portée symbolique quasi-biblique, la figure des sauterelles étant associée au jugement de Dieu. 

Le réalisateur, Just Philippot, dont c’est le premier film, s’inscrit dans le mouvement du nouveau film de genre à la française, qui ose assumer pleinement le fantastique et l’horreur, jusqu’ici très peu présents dans le cinéma français : la nuée fait penser parfois, sans être aussi radical, au film Grave de Julia Ducournau. Pour les références cinématographiques classiques, on pense aussi à Alfred Hitchcock (Les oiseaux) ou David Cronenberg (La mouche). 

Dans le rôle principal, Suliane Brahim, de la Comédie Française, est remarqauble. A noter également, l’excellente interprétation de la jeune Marie Narbonne, dans le rôle de Laura, la fille de Virginie. 

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La nuée, un film de Just Philippot




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