Une fable philosophique à la hauteur d'un âne innocent et épris de liberté, qui observe et subit le spectacle souvent affligeant des humains. D’un point de vue formel, le film est d’une inventivité sidérante et offre une expérience sensorielle étonnante, parfois assez destabilisante.
(critique complète ci-dessous ou ici)
EO est un âne. Il appartient à un cirque où il fait tous les jours un numéro avec la jeune Kasandra qui se sent très liée à EO. Mais lorsque le cirque fait faillite, l’âne va changer de propriétaire. C’est le début d’un voyage au cours duquel EO va découvrir le monde et surtout les humains, plus ou moins bien intentionnés, qu’il va rencontrer.
Véritable OVNI cinématographique, EO est une fable philosophique à la hauteur d'un âne innocent et épris de liberté, qui observe et subit le spectacle souvent affligeant des humains. Si le film interroge notre rapport aux animaux et dénonce, explicitement, toute forme de violence à leur égard, c’est d’abord un regard sur les humains que le film propose, par le biais des yeux d’EO. Le film ne manque pas d’humour (le match de foot !), notamment pour souligner l’absurdité de certains comportements humains. Mais le ton global est plutôt celui du drame : le voyage d’EO est souvent cruel… Et même si quelques-uns sont capables de douceur et de bienveillance, il faut bien constater que la plupart du temps les humains dans le film sont malveillants, égoïstes, brutaux… le portrait n’est pas flatteur.
D’un point de vue formel, le film est d’une inventivité sidérante (il faut rappeler que Jerzy Skolimowski, le réalisateur, a 84 ans !) et offre une expérience sensorielle étonnante, parfois assez déstabilisante : vision subjective du point de vue de l'âne, scènes oniriques mystérieuses, filtre de couleur rouge… c'est assez perturbant mais fascinant. Quelle maîtrise de la caméra ! Certains plans sont d'une beauté à couper le souffle. La musique est aussi très présente, enveloppante, dans des styles très variés, et la bande originale composée par Pawel Mykietyn est remarquable.
EO est vraiment une proposition de cinéma étonnante et assez radicale. C'est sans doute le film le plus étonnant de l'année, et qui a bien mérité son prix du jury à Cannes, un film déstabilisant (on n’est pas sûr de toujours tout comprendre) mais dont les images continuent d’accompagner le spectateur bien après la sortie du cinéma.
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