samedi 1 octobre 2022

Blonde : portrait fantasmagorique d’une icône brisée


★★★★

Un cauchemar éveillé fascinant, radical mais aussi assez perturbant, flirtant même parfois avec le genre de l’horreur. La mise en scène impressionne, elle est d’une virtuosité époustouflante - certains diront sans doute un peu trop - et donne à vivre une sacrée expérience de cinéma (même sur un écran de télévision…) !

(critique complète ci-dessous ou ici)

De son enfance douloureuse à sa fin tragique, en passant par son ascension fulgurante et ses amours contrariés, le film évoque la trajectoire de Norma Jeane Mortenson, devenue Marilyn Monroe, icône absolue de Hollywood. 

Blonde n’est pas un biopic, du moins dans le sens qu’on l’entend habituellement. C’est plutôt une évocation audacieuse et subjective de Marilyn Monroe, basée sur le roman de Joyce Carol Oates. L'histoire s’inspire, évidemment, de la vie de Marilyn mais avec une liberté certaine, des épisodes fictifs ou hypothétiques, et surtout un regard personnel, fantasmagorique, qui nous embarque dans un cauchemar éveillé fascinant, radical mais aussi assez perturbant, flirtant même parfois avec le genre de l’horreur. 

Le film divise la critique… Il faut dire que le parti pris artistique et scénaristique a de quoi déstabiliser. Mais le film ne peut pas laisser indifférent. En tout cas, moi, j’ai aimé ! La mise en scène impressionne, elle est d’une virtuosité époustouflante - certains diront sans doute un peu trop - et donne à vivre une sacrée expérience de cinéma (même sur un écran de télévision…) ! Certaines scènes sont vraiment saisissantes, notamment celles qui proposent une vision subjective et parfois cauchemardesque de ce que Marilyn pouvait percevoir et ressentir, de ce qu’elle vivait. De plus, l’alternance entre la couleur et le noir et blanc entretient l’ambiguité entre réalité et fiction. Enfin, l’impact des images est appuyé par la remarquable bande originale composée par Nick Cave et Warren Ellis. 

Sans forcément chercher à démêler le vrai du faux, ou de l’hypothétique, Blonde est l’histoire d’une jeune femme hantée par son enfance et son expérience d’abandon, sa mère malade ayant été internée alors qu’elle était enfant et son père les ayant abandonnées avant sa naissance. Une femme en quête d’elle-même, à l’identité brisée, et sa peur de la folie. Une femme qui cherche à être aimée et qui n’y parvient jamais vraiment, et qui au contraire est souvent manipulée, utilisée, violentée par les hommes qu’elle croise. Une femme qui rêve d’être dans la lumière et de jouer Tchekhov au théâtre et qui se retrouve sur un plateau de cinéma en passant par le bureau, porte fermée, du producteur, ou dans le lit du président JFK. Une star, une icône, piégée par l’image qu’elle s’est fabriquée ou qu’on a construite, en une lutte perpétuelle entre Norma Jeane et Marilyn.

Enfin, il faut souligner la performance impressionnante de Ana de Armas dans le rôle de Marilyn. Tout le film repose sur elle et elle est tout simplement extraordinaire !

-------

Blonde, un film de Andrew Dominik

avec Ana de Armas, Julianne Nicholson, Bobby Cannavale, Adrien Brody



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire