Un très beau film, dont l’excellente idée est de se centrer sur le drame intime de son personnage principal. Ce que le film évoque avant tout, c’est ce qui peut se passer dans la vie, et dans la tête, d’un homme, en l’occurrence un gendarme, dont la vie bascule. Le résultat est un film d’une vérité et d’une humanité remarquables et bouleversantes.
(critique complète ci-dessous ou ici)
Laurent est commandant de brigade de la gendarmerie à Etretat. Il prévoit de se marier avec Marie, la mère de sa fille, avec qui il vit depuis 10 ans. Il aime son métier et est apprécié comme officier. Mais sa vie bascule lorsque, voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider, il le tue involontairement.
Albatros est un très beau film, dont l’excellente idée est de se centrer sur le drame intime de son personnage principal (le procès n’est pas du tout traité par exemple). Le contexte est important (notamment le malaise paysan), la reconstitution est réaliste mais ce que le film évoque avant tout, c’est ce qui peut se passer dans la vie, et dans la tête, d’un homme, en l’occurrence un gendarme, dont la vie bascule. Le résultat est un film d’une vérité et d’une humanité remarquables et bouleversantes.
Le début du film évoque, de manière presque documentaire, le quotidien de la vie d’un gendarme. Il y a d’ailleurs plusieurs vrais gendarmes dans le casting du film. Ils y apparaissent comme les gens normaux, avec les mêmes questions et les mêmes préoccupations que tout un chacun, des gens normaux confrontés chaque jour aux détresses, aux malheurs et à la misère sociale. Des gens normaux ayant comme compagnon une arme à feu qu’ils ne dégainent pour ainsi dire jamais mais qui peut causer la mort en une fraction de seconde.
Et puis le drame survient. Tout bascule en un instant, pour quelques millimètres. Et tout s’effondre pour Laurent. Les procédures administratives et judiciaires se mettent en place, les médias couvrent le fait divers mais Laurent reste extérieur à tout cela, effondré, brisé. Comment faire face au drame et au traumatisme, comment affronter la culpabilité et le remords ? Il était venu pour sauver cet agriculteur qu’il connaissait… et il l’a tué ! Le film nous plonge alors dans les tourments intérieurs de Laurent, avec les effets collatéraux sur ses proches, sa famille. Finalement, il va devoir affronter tout cela seul. Malgré l’aide des proches, on ne peut réellement affronter une telle épreuve que seul. Alors il s’en va, il prend la mer avec son bateau pour affronter seul ses démons.
Au bout du chemin, le film se termine avec une dernière scène magnifique, qui répond de manière lumineuse aux deux premières scènes du film (dont la deuxième est glaçante…), et nous rappelle que le film est aussi une belle histoire d’amour.
La réalisation de Xavier Beauvois, dont on aime le cinéma humaniste (Des hommes et des dieux, Les gardiennes...), est réaliste dans la description du quotidien des gendarmes, tendre dans l’évocation du cocon familial, fiévreuse au moment du drame, mais aussi avec des images en mer magnifiques ou impressionnantes.
Quant à Jérémie Renier, il est absolument magistral tout au long du film !
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