Une tragicomédie noire et cruelle, à la fois très drôle et terrible, absurde et désespérée. Un film puissant et dérangeant, qui parle d'amitié et d’inimitié, ou plutôt comment une amitié peut, parfois sans raison, dégénérer en inimitié, avec des conséquences incontrôlables. Evidemment, l'île fictive du film est sans nul doute une allégorie de l'Irlande.
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Sur Inisherin, une île isolée au large de l’Irlande, Padraic et Colm sont deux amis inséparables. Mais du jour au lendemain, Colm décide de mettre fin à leur amitié. Padraic essaye de comprendre et n’accepte pas la situation, il cherche à recoller les morceaux mais rien n’y fait. Colm ne veut plus de lui. Il avertit même à son ex-ami : toutes les fois qu’il viendra encore l’embêter, il se coupera un doigt et le lui donnera !
Les Banshees d’Inisherin est une tragicomédie noire et cruelle, à la fois très drôle et terrible, absurde et désespérée. Un film puissant et dérangeant.
Le film parle d'amitié et d’inimitié, ou plutôt comment une amitié peut, parfois sans raison, dégénérer en inimitié, avec des conséquences incontrôlables. Evidemment, l'île fictive du film est sans nul doute une allégorie de l'Irlande. L’action se passe dans les années 1920 et tout au long du film, on voit au loin et on entend les bruits de la guerre civile qui meurtrit alors l’Irlande. Cette amitié brisée de façon absurde, c’est l’absurdité de la guerre fratricide irlandaise. Toute l’âme de l’Irlande est sur Inisherin, ses paysages verts, sa musique et son accent, le pub où la bière coule à flot, la religion… et sa mythologie celtique.
Les banshees, qu’on trouve dans le titre, sont des créatures féminines de la mythologie celtique, annonciatrices de la mort. Une vieille femme joue symboliquement ce rôle dans le film, sur lequel plane aussi sans cesse la mort.
Au-delà de l’âme irlandaise, l’amitié est un thème universel. Qu’est-ce qui fait que le miracle d’une amitié se noue, se poursuit ou s’arrête, voire se transforme en inimitié ? A-t-on le droit de mettre fin de manière unilatérale à une amitié ? D’autres liens sont aussi évoqués, entre frère et soeur, entre père et fils, des liens pas toujours sains… et le film parle aussi de solitude, qu’elle soit recherchée ou subie. Toutes ces questions ont une portée universelle.
Le film nous fait passer par toutes sortes d’émotions. On rit beaucoup, surtout dans sa première partie : les dialogues sont parfois hilarants. Mais on est aussi attendris par ces personnages souvent attachants au fur et à mesure qu’on apprend à les connaître, à découvrir leurs fêlures, parfois dramatiques. On est aussi perturbés, bousculés, par certaines révélations ou certaines attitudes. Plus le film avance, plus il devient dérangeant et fascinant… tout en posant, finalement, de vraies questions existentielles.
Devant la caméra parfaitement maîtrisée de Martin McDonagh, on assiste à un face à face de deux acteurs immenses, Colin Farrell et Brendan Gleeson, qui sont extraordinaires dans le film. Ils sont par ailleurs fort bien entourés, notamment par Kerry Condon (dans le rôle de la soeur protectrice de Padraic) et Barry Keoghan (dans le rôle de Dominic, le jeune fils perturbé du policier de l’île). Ajoutez à cela l’excellente bande originale composée par Carter Burwell et vous avez tout simplement avec Les Banshees d’Inisherin un des tout meilleurs films de cette année 2022 !
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