mercredi 21 décembre 2022

Godland : un récit métaphysique âpre, à la photographie stupéfiante

 ★★★★

Godland est un récit métaphysique âpre, sur lequel plane, constamment, l'ombre de la mort. Il évoque les fragilités humaines, face à la nature et face à ses semblables, la foi et la quête de sens, la recherche de Dieu et la peur de Dieu… Car Dieu y est à la fois absent, silencieux, et omniprésent bien qu’invisible.

(critique complète ci-dessous ou ici)

A la fin du XIXe siècle, un jeune pasteur danois est envoyé en Islande pour y construire une église. Il fait le voyage avec tout son matériel de photographie pour prendre des images de la population. Mais avant d’arriver à destination, il devra traverser une partie de l’île et affronter de nombreux dangers. 

A l’origine du film, quelques photos datant du XIXe siècle, les plus anciennes retrouvées en Islande. Le scénario imagine l’histoire qui aurait pu être derrière ces clichés. Le film reconstitue avec minutie le quotidien de ces pionniers en terre inhospitalière (sur le bateau, le traducteur qui accompagne le pasteur lui  explique tous les mots islandais qui existent pour parler du mauvais temps !). 

Mais au-delà de la reconstitution, Godland est un récit métaphysique âpre, sur lequel plane, constamment, l'ombre de la mort. Il évoque les fragilités humaines, face à la nature et face à ses semblables, la foi et la quête de sens, la recherche de Dieu et la peur de Dieu… Car Dieu y est à la fois absent, silencieux, et omniprésent bien qu’invisible. 

C’est aussi un film sur la communication, difficile voire impossible lorsqu’il y a une barrière de la langue ou des inimitiés sous-jacentes (à cette époque, l’Islande était sous domination danoise). Le titre original, d’ailleurs, est justement en deux langues, danois et islandais (Vanskabte Land - Volaða Land). 

Et puis il y a bien-sûr les paysages sauvages et grandioses de l’Islande. Le réalisateur fait un travail incroyable sur la photographie, le cadrage, avec une image carrée, les mouvements de caméra, le montage. C’est du grand art ! Il y a quelque chose de quasi-religieux dans la forme du film lui-même, avec sa lenteur et son âpreté, comme une liturgie implacable et sombre.

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Godland, un film de Hlynur Pálmason
avec Elliott Crosset Hove, Ingvar Eggert Sigurôsson, Victoria Carmen Sonne


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