★★★★
Onoda n’est pas vraiment un film de guerre, même s’il parle aussi de la guerre et de sa folie. C’est plutôt un film d'aventure, un survival à la dimension métaphysique. L’histoire d’un homme d'honneur, qui ne voulait pas abandonner sa mission, et qui ne voulait pas mourir. Le récit d’un rapport à la réalité, et à la vérité, conditionné par une obsession.
(Critique complète ci-dessous ou ici)
A la fin de l’année 1944, le Japon est en train de perdre la guerre. C’est alors que le jeune lieutenant Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines, juste avant que les américains y débarquent. Avec une poignée de soldats survivants, Onoda va rester sur l’île, bien décidé à résister jusqu’au bout. Et même s’il entend dire que la guerre est finie, il n’en croit rien.
Inspiré d'une incroyable histoire vraie, celle d’un soldat japonais qui est resté près de 30 ans, d’abord avec trois autres soldats, et finalement seul sur une île, persuadé que la 2e Guerre Mondiale n’était pas terminée. Pour autant, Onoda n’est pas vraiment un film de guerre, même s’il parle aussi de la guerre et de sa folie. C’est plutôt un film d'aventure, un survival à la dimension métaphysique. L’histoire d’un homme d'honneur, qui ne voulait pas abandonner sa mission, et qui ne voulait pas mourir. Le récit d’un rapport à la réalité, et à la vérité, conditionné par une obsession.
Arthur Harari, le réalisateur français du long-métrage, tourné entièrement en japonais, filme de façon ample et intime ce drame humain poignant. Dans un récit qui prend son temps (le film dure 2h45), le temps s’écoule, pour décrire le monde d’Onoda qui se construit, s’affermit et finit par l’emprisonner. Et le film devient bouleversant, à la fin, lorsque le monde de son héros s’écroule devant la réalité.
Le film garde finalement assez intact le mystère Onoda. Comment a-t-il pu ainsi se persuader, contre toute évidence, que la guerre n'était pas finie ? Comment a-t-il pu se construire ainsi, de toute bonne foi, une réalité alternative ? Et le film interroge aussi, du coup, nos certitudes qui peuvent orienter, voire biaiser notre perception de la réalité… Une interrogation qui trouve un écho particulier en ces temps où le complotisme, sous toutes ses formes, a le vent en poupe, et où chacun semble se construire sa propre réalité sur la base d’a priori et de certitudes indéboulonnables.
Les deux acteurs qui jouent Onoda à deux âges différents sont remarquables, en particulier Kanji Tsuda, qui joue Onoda vieux, que j’ai trouvé assez extraordinaire.
Un film étonnant pour une histoire tout aussi étonnante.
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Onoda - 10000 nuits dans la jungle, un film d'Arthur Hariri
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