Comme son titre l'indique, un film essentiellement fait de dialogues, avec juste quelques flashbacks très courts mais suggestifs quant aux violences subies. La mise en scène soignée, dans une lumière qui atténue les couleurs, avec une belle musique originale, et les interprétations exceptionnelles de ses comédiennes font de Women Talking un drame d’une grande intensité.
(Critique complète ci-dessous ou ici)
Adaptation du roman éponyme de Miriam Toews, lui-même inspiré d’un terrible fait réel impliquant des viols collectifs de femmes par des hommes au sein d'une communauté isolée de Bolivie, de 2005 à 2009, Women Talking est, comme son titre l'indique, un film essentiellement fait de dialogues, avec juste quelques flashbacks très courts mais suggestifs quant aux violences subies, même si ces dernières ne sont jamais montrées. Le procédé peut paraître un peu théâtral mais ce qui est raconté est déchirant et les dialogues saisissants. La mise en scène soignée, dans une lumière qui atténue les couleurs, avec une belle musique originale composée par Hildur Guðnadóttir, et les interprétations exceptionnelles de ses comédiennes font finalement de Women Talking un drame d’une grande intensité.
Au début du film, l’écran affiche un carton avec cette phrase ironique qui en dit long : "ce qui suit est le fruit d'une imagination féminine." C’est en effet un film sur l'importance de la parole des femmes. Des femmes qui, dans cette communauté religieuse, sont réduites au silence, soumises de force et interdites de toute éducation.
Le film évoque en filigrane les justifications abjectes, teintées de langage biblique, d'une domination des hommes sur les femmes, des abus et des violences à tous niveaux. Révoltant.
Le récit est aussi passionnant quant à son propos sur le pardon. Et plus précisément l'injonction au pardon, pour ainsi dire un chantage au pardon, une manipulation spirituelle, qui n’a rien à voir avec le pardon et qui est au contraire un moyen de cacher, de nier, et même d'autoriser l'intolérable.
Et pourtant, au coeur de ce drame révoltant, il y a la foi de ces femmes. Une foi mêlée de doutes, d'interrogations, de révolte, de colère… mais une foi quand même ! Une foi qui rend même possible pour elles une espérance, malgré tout.
Un film ainsi centré sur les dialogues demande un casting d’exception. Et c’est le cas, avec de grandes actrices, toutes extraordinaires, Rooney Mara, Claire Foy, Jessie Buckley en tête, et évidemment Frances McDormand dans un petit rôle mais très marquant. Mais on pourrait mentionner toutes les autres, moins connues, jeunes ou âgées, avec une mention spéciale pour Judith Ivey. A noter aussi l'excellent Ben Whishaw, très touchant, seul homme bienveillant au milieu de toutes ces femmes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire