mercredi 12 février 2025

The Brutalist : Une fresque immense sur le rêve américain… et ses cruelles désillusions

 

Une fresque ambitieuse et ample, et pourtant principalement intimiste dans son récit. C’est le paradoxe d’un film qui se présente au premier abord comme la trajectoire classique d’une ascension puis d’une chute mais qui, en réalité, poursuit un but plus profond.

(critique complète ci-dessous ou ici)

László Tóth est un architecte d’origine hongroise, rescapé des camps de concentration. Dans l’immédiat après-guerre, il débarque en Amérique et est accueilli par son cousin. Un riche industriel, Harrison Lee Van Buren, finit par reconnaître son talent et l’embauche pour un projet pharaonique. 

The Brutalist est une fresque ambitieuse et ample, et pourtant principalement intimiste dans son récit. C’est le paradoxe d’un film qui se présente au premier abord comme la trajectoire classique d’une ascension puis d’une chute mais qui, en réalité, poursuit un but plus profond. 

Le film est en deux parties égales, plus une ouverture et un épilogue, avec même au milieu un entracte de 15 minutes ! La formidable scène d’ouverture entretient astucieusement le doute sur ce qui nous est montré : toute l’ambivalence du récit est déjà là. Quant à l’épilogue, il est essentiel pour pleinement comprendre le film et son ampleur. 

Le véritable sujet du film est sans doute la déconstruction du rêve américain… et l’évocation de ses cruelles désillusions. Ce n’est pas un hasard si la statue de la liberté apparaît à l’envers la première fois qu’on la voit, au début du film, et de même, à la fin du film, quand la croix lumineuse se reflète sur l’autel en marbre et qu’elle apparaît à l’envers quand la caméra regarde vers le ciel… Ce sont bien les désillusions, les hypocrisies, les mensonges et les trahisons de ces rêves que le film entend dénoncer. 

Le film a produit sur moi, après sa conclusion et son épilogue, un effet de sidération, un peu comme l’avait fait La Zone d’intérêt (de manière alors plus intense). Mais The Brutalist a ceci en commun avec le film de Jonathan Glazer qu'il évoque l’horreur absolue de la shoah, sans jamais la montrer, ici avec ses conséquences à long terme sur un couple réchappé des camps, et à jamais marqué. L’un et l’autre, finalement, ne sont jamais vraiment sortis des camps… 

Le grand Adrien Brody est formidable dans le rôle principal, entouré par une bouleversante Felicity Jones et un Guy Pearce dont c'est peut-être le meilleur rôle. Il faut enfin mentionner la formidable bande originale composée par Daniel Blumberg. 

Tout cela concourt à faire de The Brutalist un grand film, qui laisse une forte impression au terme de son premier visionnage, et qui doit sans doute révéler d’autres dimensions encore quand on le revoit. Ce que je ferai !

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The Brutalist, un film de Brady Corbet
avec Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce

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