mercredi 6 décembre 2023

Fremont : chronique intime, entre humour pince-sans-rire et douce mélancolie

 ★★★☆

Une chronique intime toute simple, et même assez minimaliste, qui oscille entre un humour pince-sans-rire et délicat, et une douce mélancolie accentuée par l'image en noir et blanc. C’est en quelque sorte une fable existentielle où les fortune cookies servent un peu de métaphore de la façon dont chacun essaye tant bien que mal de trouver sa voie.

(critique complète ci-dessous ou ici)

Donya est une jeune femme, réfugiée afghane. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle travaille dans une fabrique de fortune cookies à Fremont, en Californie. Lorsque son patron lui confie la rédaction des messages pour les biscuits, elle décide d’y insérer un message personnel, comme une bouteille à la mer. 

Fremont est une chronique intime toute simple, et même assez minimaliste, qui oscille entre un humour pince-sans-rire et délicat, et une douce mélancolie accentuée par l'image en noir et blanc. C’est en quelque sorte une fable existentielle où les fortune cookies servent un peu de métaphore de la façon dont chacun essaye tant bien que mal de trouver sa voie. Les fortune cookies, ce sont ces biscuits qu’on trouve dans les restaurants chinois dans lesquels un message est inséré, avec des maximes ni trop optimistes ni trop pessimistes (comme les définit le patron de la fabrique dans le film), dans lesquelles celui qui les lit parviendra toujours à se retrouver et qui le rassure un peu face à l’inconnu du lendemain. 

Donya, elle, a du mal à se projeter dans l’avenir. Elle a aussi du mal à dormir. Elle a sa petite vie tranquille et routinière : elle loge dans une chambre, proche d’autres réfugiés afghans, elle travaille dans une petite entreprise familiale aux mains d’un couple d’origine chinoise, elle est liée d’amitié avec une collègue américaine et elle va manger tous les soirs dans un petit restaurant oriental. En passant, on se rend compte ici que cette histoire toute simple est aussi, finalement, une façon originale et intimiste d’aborder le thème de l’immigration et du mélange des cultures ! 

Les problèmes de sommeil de Donya trahissent son inquiétude et son sentiment de culpabilité d’avoir pu fuir le pays alors que sa famille est restée en Afghanistan. Dans ces conditions, a-t-elle droit au bonheur ? Et à l’amour ? Doit-elle forcer le destin ou attendre qu’il frappe à sa porte ? La réponse à cette question ne viendra pas forcément de la façon dont elle peut l'imaginer… 

Fremont est un bon exemple de ce que peut produire aujourd'hui encore le cinéma indépendant américain, bénéficiant aussi d'une jolie mise en scène sobre. 

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Fremont, un film de Babak Jalali
avec Anaita Wali Zada, Hilda Schmelling, Avis See-tho

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