Bien-sûr, le scénario prend des libertés par rapport aux évangiles bibliques, il recourt à des extrapolations, des partis pris, quelques emprunts à des évangiles apocryphes (comme l'évangile de Marie). C'est donc bien une vision partiale, forcément discutable, de l'Évangile, mais avec des propositions vraiment intéressantes.
Il y a d'abord une volonté assumée de réhabiliter Marie Madeleine, personnage biblique parfois mal-aimée, alors que les évangiles canoniques lui réservent quand même une place non-négligeable, et font bel et bien d'elle la première témoin du Christ ressuscité ! Mais l'histoire de l'Eglise ne lui a pas toujours rendu justice... La volonté de réhabilitation est, certes, un peu forcé à la fin du film, notamment dans son dialogue avec Pierre et par les quelques lignes de textes ajoutées avant le générique. Mais cette optique a l'avantage d'évoquer la réalité de la condition des femmes au temps de Jésus, et la place étonnante que ce dernier a voulu leur donner. Ce petit côté féministe est plutôt bienvenu !
J'ai particulièrement été intéressé par la représentation de Jésus que le film propose. On sait combien l'entreprise est compliquée... Les quelques récits de miracles choisis pour le film montrent un Jésus plein d'empathie, très tactile dans sa façon d'approcher les malades et de manifester sa compassion. Il l'est aussi dans ses relations avec les gens en général, et en particulier ses disciples. En fait, nous avons là un Jésus très humain, proche de nous. Et qui peut aussi se laisser envahir par la tristesse ou la colère (la scène des vendeurs chassés du temple !) Si, proportionnellement, le récit de la Passion et de la résurrection n'occupent pas une place aussi grande que dans les évangiles bibliques, ils n'en sont pas moins abordés avec force mais sans surenchère (on est très loin de la vision de Mel Gibson !). En particulier la scène de la crucifixion, très forte en émotion, avec ses gros plans sur les visages de Jésus et de Marie de Magdala, puis la tristesse immense de la mère de Jésus tenant le corps de son fils dans ses bras.
Le film n'est donc pas une simple mis en images des évangiles. C'est une vision personnelle, partielle et partiale. Mais il s'en dégage une grande force et beaucoup d'émotion. Le rythme général est assez lent, contemplatif. La lumière est très belle, dans les paysages magnifiques de la Galilée, le tout baigné dans la superbe musique de Hildur Guonadottir et du regretté Johann Johannsson.
Le casting, international (avec quelques français comme Tahar Rahim, Denis Ménochet, Tchéky Karyo ou Ariane Labed), est impeccable. Joaquin Phoenix campe un Jésus assez convaincant et sensible (parfois même tourmenté). Quant à Rooney Mara, elle est une Marie de Magdala absolument magnifique, toute en pureté, à la fois douce et déterminée, touchée par la grâce.
Marie Madeleine est un très beau film (malheureusement assez mal reçu par la critique...), idéal en ce temps de Pâques. C'est un film qui m'a vraiment touché : j'ai été ému comme rarement (comme jamais ?) avec un film "biblique".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire