Avec une caméra vivante et libre, Abdellatif Kechiche filme l'insouciance et les jeux de séduction d'un groupe d'adolescents. On pourrait avoir l'impression qu'il ne se passe pas grand chose et que le film est un peu vain... mais il est bien moins superficiel qu'il en a l'air au premier abord. Dès l'ouverture, un verset de la Bible et un texte du Coran, évoquant la lumière divine, sont mis en exergue ! A plusieurs moments clés du film résonne la musique religieuse de Mozart... Ne peut-on pas percevoir une dimension métaphysique (mystique ?) dans le film ? En tout cas, derrière les marivaudages se cache une quête de l'amour, le vrai. D'ailleurs, le film parle plutôt de la fin de l'adolescence, ce qui rend un peu pathétiques les personnages adultes qui n'en sont pas vraiment sortis (à commencer par Tony). Les badinages amoureux ne sont pas aussi innocents que cela, en revêtent parfois une certaine cruauté, source de souffrances (Charlotte) ou d'illusions (Ophélie).
Le réalisateur prend son temps (près de 3 heures !), et semble filmer ces jeunes en toute liberté, avec une sensualité de tous les instants (sauf, peut-être, dans la scène d'ouverture, très crue mais pas sensuelle). Et, il faut l'avouer, les 3 heures passent finalement assez vite.
Et puis il y a la scène où Amin attend le moment de la naissance d'un agneau, pour la prendre en photo. Une très belle scène, touchée par la grâce, qui annonce peut-être une naissance à quelque chose de nouveau pour le personnage. D'autant qu'elle contraste avec la longue scène en boîte de nuit, qui suit immédiatement, bruyante et sensuelle... avec un Amin de plus en plus extérieur, observateur de plus en plus distant, abandonnant ce soir-là de ses illusions. Et puis on termine avec la scène finale, qui ouvre sur une suite possible, et témoigne peut-être de ce changement...
Moi qui hésitait beaucoup à aller voir le film, je suis finalement curieux de savoir ce que sera la suite de ce "canto uno". Kechiche envisage plusieurs films, pour suivre le personnage d'Amin, qui a indéniablement une dimension autobiographique pour le réalisateur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire