Certes, le film n'est pas sorti au cinéma mais seulement sur Netflix... mais il m'est apparu impensable de ne pas en faire paraître ici une critique !
Un mystérieux phénomène est apparu suite à la chute d'une météorite ou d'un objet venu de l'espace. Une sorte de miroitement (Shimmer en vo) grandit lentement à partir d'un phare. Des drones, des animaux et des humains y ont été envoyé pour l'explorer mais nul n'en est revenu et aucune communication ne passe à travers elle... jusqu'au retour du sergent Kane. Mais il revient dans un état de santé critique. Son épouse Lena, biologiste, décide alors de se joindre à une nouvelle expédition dans le miroitement pour enfin comprendre ce dont il s'agit... et peut-être trouver un moyen de sauver son mari.
Ca commence comme une exploration d'une zone inconnue et mystérieuse, qui se révèle même dangereuse (sans spoiler, attendez-vous à sursauter quelques fois et trembler devant votre écran). Mais dans sa dernière partie, le film prend une tournure métaphysique passionnante, avec une invention visuelle vraiment étonnante. On atteint une certaine radicalité qui fait penser à 2001 l'odyssée de l'espace ou Under the Skin. On pense aussi à l'excellent Sunshine de Danny Boyle ou au formidable Arrival de Denis Villeneuve (pour la rencontre avec une vie extraterrestre complètement différente de la nôtre).
Le film se présente sous la forme d'un récit non-linéaire, qui mêle plusieurs fils narratifs et entretient avec maestria le mystère. Car le mystère caractérise bien Annihilation : le film ne dit pas tout, n'apporte pas une réponse à toutes les questions et la fin peut prêter à plusieurs interprétations.
Par son récit fascinant et complexe, Annihilation aborde de nombreux thèmes et peut avoir plusieurs niveaux de lecture. Il y a d'abord la question de l'auto-destruction comme pulsion intrinsèque à tout être humain, et dont sont toutes marquées, à différents niveaux, les membres de l'expédition féminine du film. Le chaos de mutations génétiques qui règne au coeur de la zone mystérieuse apparaît comme un écho métaphorique au chaos intime des protagonistes. Mais le film parle aussi de la vie, de son origine et sa finalité, de la question de l'immortalité. Il parle de ce qui fait de nous des humains, de mutations génétiques, il a même certains échos écologiques. Et, de façon plus intime, le film parle du couple, de l'amour, du combat contre la maladie...
A noter enfin que le casting est d'un niveau remarquable (Natalie Portman en tête) et la bande originale excellente (signée Geoff Barrow et Benjamin Salisbury). Alex Garland, après Ex Machina, démontre qu'il est un formidable réalisateur et signe avec Annihilation ce qui sera sans aucun doute un des films de SF (le film ?) de l'année. Mais il aurait vraiment mérité de sortir dans les salles de cinéma...
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