Le film privilégie le portrait, l’évocation de l’homme et de son mystère, la plongée dans les affres de la création, avec un récit centré sur la composition du célèbre Bolero. Il évoque de façon très sensorielle le difficile processus de création artistique d’un musicien qui est sans cesse à l’écoute des sons, de la musique, du quotidien. Et le film s’écoule lentement, mélancolique, sensible.
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En 1928, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Mais le musicien a besoin de temps pour composer et il a bien du mal à trouver l’inspiration. Il en sortira pourtant l’œuvre qui lui est aujourd’hui universellement liée : le Bolero.
Bolero est un biopic, certes, mais avec une approche originale. C’est le cas déjà par les libertés prises dans le scénario. Anne Fontaine ne s’en cache pas : c’est une libre adaptation de la biographie du musicien. Ainsi, par exemple, la romance contrariée avec Misia est très hypothétique, pourtant elle parcourt tout le récit. Il faut dire que Maurice Ravel est, à bien des égards, un mystère. Homme secret et énigmatique, on ne sait pas beaucoup de choses de lui, sinon son œuvre, évidemment.
Le film privilégie donc le portrait, l’évocation de l’homme et de son mystère, la plongée dans les affres de la création, avec un récit centré sur la composition du célèbre Bolero. Le récit ira quand même au-delà de la création de l’œuvre, pour évoquer quelque peu la fin de la vie du musicien, avec sa maladie neurologique qui va finir par l’empêcher de composer.
Avec les précautions d’usage quant à la part fictive ou hypothétique de l’histoire, le film dresse un portrait très réussi de Ravel, personnage énigmatique, difficilement pénétrable, un artiste plein de doutes, sur lui-même, sur son œuvre. Le film évoque de façon très sensorielle le difficile processus de création artistique d’un musicien qui est sans cesse à l’écoute des sons, de la musique, du quotidien. Et le film s’écoule lentement, méditatif, introspectif, mélancolique, sensible.
Le film aborde aussi le rapport d’un artiste avec son œuvre. Ravel voit dans son Bolero une œuvre expérimentale et mécanique (inspirée par le bruit répétitif des machines d’une usine), Ida Rubinstein y voit une musique sensuelle, une pulsion érotique. L’œuvre échappe à son auteur… d’autant qu’elle deviendra le “tube” que l’on connaît. Un texte à la fin du film rappelle qu’il ne se passe pas un quart d’heure sans que le Boléro de Ravel soit entendu quelque part dans le monde.
Raphaël Personnaz est tout à fait convaincant dans le rôle du musicien, dans une interprétation toute en retenue et en intériorité, mais aussi dans sa façon d’incarner le musicien, au piano ou à la baguette (ici un peu moins naturel quand même).
Et puis il y a beaucoup de musique, évidemment, principalement celle, géniale, de Ravel lui-même. Jusque dans la scène finale, très réussie, qui souligne, avec la chorégraphie du danseur François Alu, combien l'œuvre est intemporelle, toujours d’une formidable modernité. Un tube de la musique classique, certes, mais aussi un chef d'œuvre d’un grand maître (dont il faut connaître l’ensemble de l'œuvre).
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