jeudi 12 décembre 2019

Une vie cachée : un drame inoubliable !

Franz Jägerstätter est un paysan autrichien. Il est marié et a trois filles. Appelé à rejoindre les rangs de l’armée, il refuse de prêter allégeance à Hitler. Emprisonné, accusé de trahison, il est passible de la peine de mort. Mais une seule signature lui permettrait d’être libéré, s’il accepte de prêter allégeance au Führer…

Basée sur des faits réels, Une vie cachée est un drame d’une profondeur exceptionnelle et d’une puissance émotionnelle rare. C’est un film qui parle de courage, d’héroïsme, de liberté, d'une vie de héros, presque anonyme, qui n'est pas écrite dans les livres d'histoire.

Si Franz refuse de prêter allégeance à Hitler, même pour la forme, c’est au nom de ses valeurs, et de sa foi. Et il est prêt à aller jusqu’au bout. Et ceci malgré les doutes qui l’assaillent, malgré les violences et les humiliations, et malgré les innombrables tentatives de lui faire abandonner son projet. A quoi peut bien servir son obstination ? Elle ne changera pas le monde ni même le cours de la guerre. Alors pourquoi résister ? Ce ne sont, finalement, que des mots, un morceau de papier à signer…

Mais Malick veut rendre hommage à cet homme et son intégrité, et à sa femme aussi. Oui, la résistance au mal a toujours du sens. Non, il ne faut pas céder devant l’horreur et la barbarie. Et cela est admirablement montré dans le film, qui se conclut avec cette citation éloquente de George Eliot : “Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu’elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée et qui reposent dans des tombes que personne ne visite plus.”

Souvent contemplatif et intimiste, le film évoque les luttes intérieures, les doutes, les questions de Franz. Celles aussi de Fani, son épouse. Il décrit aussi la haine, les humiliations et la violence quotidienne qui les entourent, que ce soit en prison pour Franz, ou dans leur petit village pour Fani. Comme toujours chez Mallick, ces interrogations et ces luttes passent par les voix off très présentes, qui donnent toute sa profondeur au film, avec parfois des prières d’une force et d’une beauté sidérantes, comme celle de Fani alors qu’elle confie son mari à Dieu au moment où il va être exécuté.

Car une vie cachée est aussi une magnifique histoire d’amour. Les scènes dans l’intimité, sensuelles, ou dans la famille, lumineuses, sont d’une grande beauté. Et la façon dont l’amour du couple traverse cette épreuve terrible est bouleversante : la scène de la dernière rencontre entre Franz et sa femme est absolument déchirante !

Evidemment, la caméra de Malick est toujours aussi virtuose, sa façon de filmer inimitable et il nous propose toujours des images sublimes. La musique aussi a encore une fois une place de choix, avec plusieurs oeuvres classiques et une magnifique bande originale composée par James Newton Howard. Enfin, les deux acteurs principaux, August Diehl et Valerie Pachner, sont remarquables.

Ajoutons enfin que le film se termine sur une incroyable et magnifique note d’espoir, ou plus précisément une vraie espérance... Un film inoubliable qui rejoint sans peine le panthéon de la filmographie de Terrence Malick, aux côtés de Tree of Life.

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