Ni juge ni soumise, c'est un épisode de Striptease, l'émission de télévision belge culte, sur grand écran. On retrouve tous les codes de l'émission : un documentaire brut, sans commentaire, sans voix off, et une caméra qui capte sans fard le quotidien de personnages le plus souvent étonnants. Ici, le film tourne autour d'une juge d'instruction pas banale, qui se ballade en deux-chevaux dans les rues de Bruxelles et fait preuve d'une personnalité hors norme, et d'un humour parfois décapant.
Il faut dire qu'il en faut de l'humour, pour faire face aux cas parfois très lourds qu'elle croise dans son bureau et prendre de la distance. Le fil rouge du film, c'est une enquête non-résolue d'un double meurtre, ressortie vingt ans après pour profiter des progrès de la science. L'occasion notamment de l'exhumation d'un corps dans une scène très crue, où on voit tout... Mais tout au long du film, on croise dans le bureau de la juge, toute une galerie de personnages, parfois paumés, parfois arrogants, en général sur des affaires de moeurs ou de vol. Les dialogues sont parfois surréalistes : on n'aurait pas osé les inventer dans un film ! Face à ce reflet sordide de notre humanité, madame la juge, avec sa faconde, fait preuve d'une belle humanité et de pédagogie. Mais en tant que spectateur, on passe du rire au malaise, parfois en même temps... parce que ce n'est pas de la fiction. En particulier lors du moment le plus glaçant du film, quand une jeune femme décrit en détail, et sans émotion, comment elle a tué son propre fils de 8 ans, persuadé qu'il était le fils de Satan. Terrible ! C'est une des scènes les plus perturbantes qu'il m'ait été donné de voir au cinéma. Et le plan final de cet épisode, avec la jeune femme le regard vite et la juge à son ordinateur, témoigne que ce film est vraiment du cinéma.
Ni juge ni soumise est un film étonnant par le portrait singulier qu'il propose et passionnant par la fenêtre qu'il ouvre sur les coulisses de la justice.
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