lundi 26 février 2018

Moi, Tonya : tragique et burlesque à la fois, un portrait étonnant et caustique

En 1994, l'incroyable agression de la jeune patineuse artistique Nancy Kerrigan fait les gros titres des journaux. D'autant que sa rivale, Tonya Harding, est soupçonnée d'être liée à cette affaire. Avant d'évoquer cet incident, le film propose un portrait de la jeune fille la plus détestée de l'histoire du patinage artistique...

La première partie de film se déroule autour de l'enfance et l'adolescence de Tonya. Issue d'un milieu populaire, pas très féminine, la jeune Tonya est poussée par une mère dictatoriale et violente, qui ne lui épargne aucune humiliation, à devenir une championne de patinage artistique. On découvre son ascension, malgré le fait d'être mal aimée et sous-notée par les juges, alors qu'elle accomplit des prouesses techniques. Et puis il y a son mariage, très jeune, avec un homme qui se révélera violent envers elle.

La deuxième partie du film s'intéresse à l'incident de Nancy Kerrigan. Et là ça devient assez surréaliste. On y rencontre des personnages pathétiques (le garde du corps !), complètement dépassés par des événements qui prennent une tournure sordide. C'est Fargo dans la vraie vie ! Et Tonya au milieu de tout cela, obsédée par son rêve olympique, mais aussi son désir d'être aimée alors qu'elle subit ce qu'elle perçoit comme une injustice sportive. On la voit ballottée par un entourage mal intentionné, puis sous la pression médiatique qui risque de briser son espoir d'aller aux jeux olympiques.

Le scénario joue avec les différentes versions, selon les protagonistes, et entretient une certaine incertitude sur les véritables coupables et les victimes. Chacun a sa vérité... et beaucoup sont victimes !

Par un montage dynamique, un ton original, allant jusqu'à briser le quatrième mur (les personnages s'adressant directement au spectateur), le film apparaît comme une véritable tragédie burlesque devant laquelle on rit beaucoup, mais on rit jaune souvent... Car le propos est caustique, décrivant une certaine misère sociale mais dénonçant aussi un racisme social dont Tonya Harding a été victime. Il y a bien-sûr aussi l'évocation d'une éducation marquée par l'humiliation et la violence, et toute ses marques indélébiles. Et puis le petit monde du patinage artistique et ses juges pas toujours objectifs...

Finalement, le film est surtout le portrait d'une femme mal aimée (et même détestée !), qui cherche pourtant toujours à être aimée. Une jeune femme cabossée par son éducation, ses rencontres et ses épreuves. L'histoire, quand même, d'une survivante qui devient attachante, malgré ses outrances.

Margot Robbie est pour beaucoup dans la compassion qui naît envers le personnage de Tonya Hardin. Sa performance est vraiment exceptionnelle. Il faut aussi mentionner Allison Janney, géniale dans le rôle de cette mère absolument détestable et effrayante.

Moi, Tonya, est un film brillant, portrait étonnant d'une femme au-delà du fait divers.

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