Martin Scorsese bâtit une immense fresque, impressionnante, ample et crépusculaire. Oui, c'est long et c'est lent... Mais c'est un rythme qui convient parfaitement au sujet. Le film ressemble à une ode funèbre saisissante, en hommage au peuple Osage. (...) En parlant de pétrole, de cupidité, de pouvoir et de violence, c’est bien de notre histoire moderne dont parle le film.
(critique complète ci-dessous ou ici)
Dans les années 1920, dans l’Oklahoma, plusieurs membres de la tribu amérindienne des Osages sont assassinés. Il faut dire que le pétrole trouvé dans leur sol a fait d’eux un des peuples les plus riches au monde, presque du jour au lendemain. Ce qui, évidemment, ne manque pas d’attiser certaines convoitises…
Inspiré de faits réels et basé sur l’ouvrage éponyme de David Grann, paru en 2017, le film évoque une période qu’on a appelé “le règne de la terreur” pendant laquelle toute une série de meurtres (au moins 60) ont été commis sur des Osages. Leur mort permettait, notamment, à certains blancs de récupérer les terres et les richesses des Osages, par le fait qu’ils s’étaient mariés avec des femmes issus de ce peuple. Le film se concentre sur la famille de Mollie Burkhart, particulièrement touchée.
Sur la base de cette histoire terrible, que personnellement je ne connaissais pas, Martin Scorsese bâtit une immense fresque, impressionnante, ample et crépusculaire. Oui, c'est long (3h26) et c'est lent... Mais c'est un rythme qui convient parfaitement au sujet. Le film ressemble à une ode funèbre saisissante, en hommage au peuple Osage. Malgré plusieurs scènes violentes et sanglantes, le film est anti-spectaculaire. Les meurtres, parfois sordides, sont certes évoqués sans détour mais sans surenchère. Il se passe toutefois tellement de choses dans chaque scène, avec une mise en scène au cordeau, dans une sublime lumière, des décors et des costumes somptueux… c’est passionnant !
La fin du film, tout à fait inattendue dans sa forme (mais que je dévoilerai pas pour garder la surprise intacte), évoque de façon assez géniale, non sans malice, comment Scorsese s'est approprié cette histoire, pour en faire un film qui est aussi un manifeste. Après ce final étonnant, et profondément émouvant, et après une ultime scène de danse Osage, je suis ressorti du film animé d'une profonde tristesse, pour cette histoire terrible qui nous est racontée, mais aussi avec le sentiment d'avoir assisté à un grand moment de cinéma.
Le film m’a fait un peu penser à Silence, le précédent film de Scorsese sorti au cinéma, par son ampleur, son rythme lent et sa densité, avec certes un tout autre sujet. Si le film porte un regard implacable sur le drame des Osages, il dit aussi quelque chose de profond sur l’Amérique, et plus largement sur l’histoire occidentale. En parlant de pétrole, de cupidité, de pouvoir et de violence, c’est bien de notre histoire moderne dont parle le film.
Un mot enfin sur les interprètes du film, tous excellents. Les deux acteurs fétiches de Scorsese, Robert de Niro et Leonardo DiCaprio, sont à leur sommet. La révélation, c’est Lily Gladstone, que je ne connaissais pas du tout, et qui crève l’écran.
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