lundi 5 août 2019

Midsommar : malaisant mais extrêmement brillant !

Dani et Christian sont ensemble depuis plus de trois ans mais leur couple bat de l'aile. C'est alors que Dani est touchée par un terrible drame familial, et Christian ne peut se résoudre, dans ces conditions, à la laisser seule. Alors ils restent ensemble... Six mois plus tard, Christian invite Dani à l'accompagner, avec quelques uns de ses amis - sur l'invitation de l'un d'entre eux - dans un voyage d'étude (il est étudiant en anthropologie). Ils se rendent dans un coin perdu de Suède où doit se dérouler un étonnant festival pendant le solstice d'été, qui n'a lieu que tous les 90 ans.

Défini par son réalisateur comme un conte de fée horrifique, Midsommar appartient sans aucun doute à la famille des films d'horreur (ce qui en fait un film qui n'est absolument pas tout public !) mais il relève aussi du thriller psychologique, voire psychanalytique.

La longue introduction, avant le générique de début, est essentielle pour comprendre l'intention du film : il va d'abord parler de deuil et de rupture amoureuse. Peut-être aussi de dépression. Mais il va aussi par la suite ouvrir de nombreuses autres pistes, sans forcément toujours les exploiter, pour laisser au spectateur voir ce qu'il veut voir dans cette histoire troublante : peurs primales, mécanismes d'embrigadement sectaire, interrogation du rapport à la nature, tension entre l'individu et la communauté, affirmation féministe (et castration masculine...) et bien d'autres choses encore...

Le film fascine par la maîtrise et la virtuosité de sa mise en scène. C'est absolument brillant. On est très loin des ressorts faciles dont les films d'horreur abusent souvent pour faire sursauter les spectateurs. Le réalisateur prend son temps pour instaurer une atmosphère lourde et ambiguë. Mais on sait très vite que ça va mal tourner pour les personnages principaux. Et on n'est pas forcément surpris par ce qui survient. Ce qui n'ôte pourtant rien au choc ressenti face à quelques scènes très violentes et/ou très malaisantes. Avec, en plus, cette idée géniale de raconter une histoire glauque et morbide baignée dans la lumière éclatante du solstice d'été, là où il ne fait jamais nuit.

En réalité, le film fait penser à un opéra : on commence par un lever de rideau, il y a beaucoup de musique et des scènes chorégraphiées, et puis il y a un formidable climax final, sur fond de musique aux accents wagnériens. Cette scène finale est d'ailleurs assez extraordinaire, et sa dernière image, dérangeante, laisse plusieurs interprétations possibles...

Il faut aussi souligner la performance extraordinaire de Florence Pugh dans le rôle de Dani. Déjà remarquée dans The Young Lady, elle fait preuve ici d'une présence et d'une palette de comédienne impressionnante.

Un an après Hérédité, Ari Aster, 33 ans, confirme tout son talent de réalisateur. Il a annoncé qu'il allait maintenant se tourner vers d'autres genres que l'horreur, peut-être la comédie ou le mélodrame. On a hâte de voir ça !

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