lundi 22 octobre 2018

First Man : une réussite totale, immersive et intimiste

Le film raconte la trajectoire de Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la lune, depuis sa candidature au programme Gemini de la NASA jusqu'à la mission historique d'Apollo 11.

Après le succès de ses deux premiers films, le surdoué Damien Chazelle s'attaque à un véritable mythe de l'histoire moderne. Et c'est une réussite totale : un film à la fois immersif et intimiste.

Immersif, il l'est dans les scènes de test et de vol, tournées souvent en caméra subjective, avec, aussi, un formidable travail sur le son. Vraiment, on s'y croirait et c'est impressionnant : la scène d'ouverture, les test du LEM, les missions Gemini (avec le test d'amarrage en forme d'hommage à 2001 : l'odyssée de l'espace...), l'incendie d'Apollo 1... et bien-sûr le voyage jusqu'à la Lune qui est un grand moment de cinéma ! La vraie bonne idée, c'est de n'avoir intégré ici aucun plan de coupe sur ce qui se passe sur la terre (à Houston, ou auprès de la famille des astronautes par exemple) pour rester exclusivement avec les trois astronautes, depuis le décollage jusqu'aux premiers pas sur la lune. On attend évidement le moment où Armstrong pose le pied sur la Lune et prononce sa fameuse phrase devenue historique : "c'est un petit pas pour l'homme mais un pas de géant pour l'humanité". Mais un des grands moments est la vue à 360° de la surface lunaire, une fois le premier pas effectué.

Mais First Man est aussi un film intimiste, qui s'attache à l'homme Neil Armstrong, déterminé, perfectionniste mais aussi taciturne, avec un sang froid à toute épreuve. Un homme hanté par le drame familial du décès très jeune de sa fille (le film en parle dès le début). Un drame dont Neil Armstrong ne veut, ne peut pas parler, mais qui l'accompagne jusque sur la lune (et qui est peut-être un de ses moteurs pour y arriver !) comme en témoigne la bouleversante scène finale sur la lune, même si elle n'est pas "historique", mais que je ne vous spoilerai pas ! First Man est aussi un film sur le deuil... Cette approche intimiste se confirme lorsque le film se termine avec les retrouvailles, alors qu'il est encore en quarantaine, entre Neil Armstrong et sa femme. On ne voit même pas d'image de la fameuse parade du retour des héros, dans les rues de New York.

Dans cette veine intimiste, il faut noter aussi les scènes familiales, et notamment les épouses des astronautes, embarquées malgré elles dans l'aventure, impuissantes. Il y a une scène intéressante qui filme en parallèle Neil Armstrong au cours de la mission Gemini 8 et sa femme qui gère le quotidien à la maison, les deux étant connectés par retransmission des conversations radio en provenance de Houston... First Man est aussi un film sur la famille...

First Man est donc un film à la fois très réaliste (sur le plan historique, dans sa reconstitution immersive, avec une précision documentaire) et personnel, avec son optique intimiste. Ryan Gosling y excelle dans le rôle de Neil Armstrong, tout en retenue, avec son regard déterminé mais plein de tristesse. Jolie performance aussi de Claire Foy dans le rôle de Janet Armstrong. A noter aussi la belle bande originale composée par Justin Hurwitz, le complice de Damien Chazelle, qui confirme, quand à lui, qu'il est vraiment un grand réalisateur !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire