Certes, le film est assez âpre et exigeant, avec un récit elliptique, riche de sous-entendus et de symboles, prenant même parfois des atours presque fantastiques. Mais il a indéniablement une profondeur et une force impressionnantes. Les trois actes n'ont pas forcément le même impact. Mais le premier est tout simplement inoubliable !
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Du camp d’Auschwitz au Berlin d’aujourd’hui, le film évoque trois générations d’une famille marquée par l’histoire et la mémoire de l’horreur : Eva, l’enfant miraculée des camps, Lena sa fille et Jonas son petit-fils.
Le récit du film, adapté d'une pièce de théâtre, est construit en trois actes, sur trois générations.
Le premier acte, le plus troublant, est absolument sidérant. On y voit quelques hommes cherchant à nettoyer, avec une énergie folle mais de manière dérisoire, le lieu de l’horreur absolue, peu après la libération du camp d’Auschwitz. La scène se déroule pratiquement sans dialogue, dans la pénombre, où les traces du drame qui s’est joué dans cette pièce lugubre apparaît sous la forme de mèches de cheveux, qui prennent presque une dimension monstrueuse, quasi organique. On pense, ici, au choc visuel qu’avait déjà provoqué le Fils de Saul de László Nemes. Ce premier acte, tel qu'il est réalisé dans le film, produit le même trouble, la même sidération. Jusqu’au cri d’un enfant qui retentit, et le miracle qui se produit. Comment la vie peut-elle surgir de l'horreur des camps d'extermination ? La fin du premier acte est saisissante. Cette première partie du film est inoubliable !
Le deuxième acte nous transporte bien des années plus tard. Eva, l’enfant miraculée d’Auschwitz, est désormais une femme âgée. Elle reçoit la visite de sa fille et on assiste à leurs dialogues autour des souvenirs d’Eva, réels ou fantasmés, de sa mémoire de la Shoah qu’elle a elle-même héritée et qu’elle transmet à sa fille Lena, qui elle-même doit ou non en assumer le poids, constitutif de son identité juive. Un acte poignant qui se termine de manière surprenante.
Le troisième acte se déroule quelques années plus tard à peine, et nous transporte à Berlin. Jonas, le fils de Lena, est adolescent. A son tour, il a reçu l’héritage de cette mémoire et peine à l’assumer, il ne veut pas en rester prisonnier. Et il rencontre Yasmin, une adolescente de famille musulmane…
Evolution est un film sur la mémoire et le poids qu’elle représente, se transmettant de génération en génération, particulièrement lorsque cette mémoire est liée à un traumatisme, et lorsque ce traumatisme est celui de la Shoah. La mise en scène est extraordinaire, essentiellement faite de plans séquences d’une maîtrise parfaite. Certes, le film est assez âpre et exigeant, avec un récit elliptique, riche de sous-entendus et de symboles, prenant même parfois des atours presque fantastiques. Mais il a indéniablement une profondeur et une force impressionnantes. Les trois actes n'ont pas forcément le même impact. Mais le premier est, redisons-le, tout simplement inoubliable !
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