lundi 21 mai 2018

L'homme qui tua Don Quichotte : le geste du film touche, le film lui-même déçoit

Toby est une réalisateur de publicités cynique et désabusé. Sur un tournage en Espagne, il se retrouve à proximité du petit village où il a tourné, une dizaine d'années plus tôt, son premier film, en tant qu'étudiant, plein d'idéaux. En retournant au village, il retrouve le vieux cordonnier qu'il avait embauché pour jouer le rôle de Don Quichotte... et qui est désormais persuadé d'être le véritable Don Quichotte. En voyant Toby, il reconnaître son fidèle Sancho Panza, venu le retrouver. Il va alors embarquer Toby dans ses aventures.

L'homme qui tua Don Quichotte est l'aboutissement d'un projet maudit de Terry Gilliam, vieux de 25 ans, qu'on n'espérait plus voir aboutir. Le premier tournage (avec Jean Rochefort dans le rôle de Don Quichotte,) n'a jamais pu être terminé, pour de multiples raisons. Plusieurs tentatives successives ont avorté jusqu'au présent film, qui a failli ne jamais sortir en salles à cause d'un imbroglio avec son producteur. Et pour couronner le tout, le réalisateur a été victime d'un AVC quelques jours avant sa sortie, en clôture du festival de Cannes.

Bref, étant un grand fan du réalisateur à l'univers si particulier, c'est un film que j'aurais tellement voulu aimer ! Et je suis déçu... Certes, le geste est généreux mais le résultat est bancal. Film foutraque, décousu, il manque de magie, de poésie. Il y a bien quelques jolies scènes (on pense par exemple à celle des géants à la fin du film, ou à certains jeux entre rêve et réalité) mais l'ensemble n'est pas à la hauteur des attentes. Le film fait penser à plusieurs des chefs d'oeuvre de son réalisateur : on pense à Sacré Graal pour l'évocation décalée d'un mythe, mais sans la jubilation absurde ; ou à Fisher King pour la relation du duo au centre du film mais sans la poésie ; les aventures du baron de Munchausen mais avec beaucoup moins de folie et d'inventivité ; Brazil (on retrouve Jonathan Pryce, formidable dans le film) pour sa critique qui se veut acide, ici de l'industrie du cinéma, mais qui tombe un peu à plat. En fait, il y a dans ce film une nostalgie, voire une noirceur sous-jacente, assez étonnante. Celle d'un Terry Gilliam fatigué, comme hanté par les fantômes de ses films. Le geste du film touche... le film lui-même laisse sur sa faim.

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