lundi 3 février 2020

Jojo Rabbit : inclassable, plutôt gonflé... et vraiment réussi !

Dans l’Allemagne des années 40, Johannes (mais tout le monde l’appelle Jojo) a dix ans. Plutôt solitaire, il trouve de l’aide auprès de son ami imaginaire qui n’est autre qu’Adolf Hitler dont il rêve, un jour, de rejoindre la garde rapprochée. Mais quand il découvre que sa mère cache dans leur grenier une jeune fille juive, son monde semble s’écrouler.

Jojo Rabbit est un film assez inclassable, vraiment original. C’est une comédie burlesque et satirique, qui ose l’humour noir, mais c’est aussi un film tendre, poétique, émouvant, et un drame familial au milieu de la guerre et de l’idéologie nazie. En réalité, c’est avant tout un film à hauteur d’enfant, dont l’imaginaire constitue une bouée de sauvetage face à la folie et la haine des hommes.

Contrairement à ce que le pitch (et la bande-annonce) pouvait laisser croire, le film n’est donc pas qu’une simple farce. Loin de là. En mêlant la comédie et la tragédie, autour de l’horreur de la Deuxième Guerre Mondiale et du nazisme, il se situe dans la lignée de ses illustres aînés comme Le Dictateur, le chef d’oeuvre de Charlie Chaplin, ou La vie est belle de Roberto Benigni.

L’ami imaginaire de Jojo est une caricature de Hitler, vu à travers l'esprit d’un enfant, et sa compréhension de la propagande nazie dans laquelle il baigne. Derrière l’ironie, les discours de haine sont bien présents, et le film les dénonce avec la force de la satire mais aussi, à plusieurs reprises, avec celle de l’émotion et d’une certaine poésie.

Le casting est impeccable, avec un jeune Roman Griffin Davis craquant dans le rôle de Jojo, Taika Waititi lui-même (par ailleurs réalisateur du film) dans le rôle du faux Hitler, mais aussi deux très beaux rôles secondaires incarnés par les toujours excellents Scarlett Johansson (Rosie, la mère de Jojo) et Sam Rockwell (en officier allemand contraint de former les enfants de la jeunesse hitlérienne).

Jojo Rabbit est donc un film original, et plutôt gonflé, mais tout à fait réussi. Oui, on peut rire de tout (si c'est fait avec intelligence), y compris du nazisme et de Hitler... surtout quand c'est le pour les dénoncer, et d'autant plus à l'heure où certains de leurs avatars se font à nouveau entendre en Occident. 

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