lundi 3 septembre 2018

Guy : un vrai-faux documentaire, plein d'ironie, de tendresse et de nostalgie

Gauthier, un jeune journaliste, apprend après la mort de sa mère qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet, une vieille gloire de la chanson française, qui est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Pour approcher celui qui pourrait être son père, il propose alors à l'artiste de le suivre avec sa caméra pour, dit-il, réaliser un portrait documentaire de lui.

Le film est un peu un vrai-faux documentaire dont le montage ne serait pas encore achevé, alternant des images dans l'intimité de l'artiste et des images d'archives (et mêmes quelques images de famille du journaliste).

Dans la première partie du film c'est l'ironie qui prédomine, à travers le regard un peu sarcastique porté sur le petit monde du show-bizness, avec ses tournées, les concerts, la promotion dans les médias : passages obligés et jeu de masque. Les dialogues sont incisifs voire caustiques, dans la bouche d'un Guy Jamet cynique, doucement mysanthrope, plutôt désabusé. Et puis il y a les personnages, parfois ridicules parfois touchants, qui gravitent autour de l'artiste. Déjà, ici, l'ironie devient tendre. Et c'est justement la tendresse et la nostalgie qui prennent le dessus dans la seconde moitié du film. Dans l'intimité de la maison en Provence de l'artiste, avec ses chevaux, les masques finissent par tomber. Alors percent les regrets, les remords (l'amour de sa vie, son fils...), la fragilité face au temps qui passe. La comédie devient mélo, même si l'humour est toujours là, un film vraiment touchant.

La performance d'Alex Lutz est bluffante. Sa transformation est impressionnante, grâce notamment à un maquillage très réussi, mais aussi et surtout grâce à l'interprétation de l'acteur, sa gestuelle, son phrasé. Ça ne sonne jamais faux, on a vraiment l'impression d'avoir un septuagénaire devant les yeux !

Il faut aussi mentionner le remarquable travail de reconstitution, avec les fausses images d'archives (les clips et les scopitones !), et les compositions originales plus vraies que nature (avec des mélodies qui restent dans la tête !), et interprétées par Alex Lutz lui-même, talent protéiforme. Rendez-vous, probablement, à la prochaine cérémonie des César.

Cocktail étonnant d'ironie, de tendresse et de nostalgie, Guy est une jolie réussite qui parvient, un peu sur le fil du rasoir, à garder l'équilibre émotionnel et propose au final un hommage mélancolique à la vie d'artiste et une évocation sensible de la paternité et du temps qui passe.

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