Ahmed a 13 ans. Il vit avec sa mère et sa soeur en Belgique. Depuis quelques mois, il est sous l'influence d'un imam radical. Il a laissé tomber sa Playstation et il passe le plus clair de son temps à lire le Coran et aller à la mosquée, il fait consciencieusement ses ablutions et ses prières mais il refuse aussi de serrer la main aux femmes et reproche à sa mère et sa soeur d'être de mauvaises musulmanes. Quand sa professeure décide de proposer à l'école un cours d'arabe à travers des chansons, sans passer par la seule lecture du Coran, Ahmed y voit l'occasion de démontrer qu'il est un vrai musulman...
Le jeune Ahmed est un portrait sobre et réaliste, bien dans le style des frères Dardenne, ancré dans une problématique sociale brûlante. Le film s'intéresse peu au processus de radicalisation. Ce dernier est juste suggéré : le rôle de l'imam, d'Internet, de la figure du cousin mort en "martyr de l'Islam"... La question abordée est plutôt celle de la difficulté à renouer le contact avec un jeune déjà radicalisé. Le film, et c'est son point fort, ne cherche pas à expliquer, à trouver des raisons psychologiques ou sociales. Il décrit, avec une précision documentaire. Il fait voir un drame, chez un adolescent, dans une famille, un drame dont les ressorts profonds restent assez mystérieux. Et il montre l'impuissance d'une mère, d'une enseignante, d'un éducateur... qui pourtant ne cessent de chercher à aider, à aimer.
Le film est un drame certes, mais pas sans lumière. Mais cette lumière émerge difficilement, dans la douleur... jusqu'à un dénouement d'une belle force mais assez terrible.
On retrouve dans le film la sobriété et la force des films des frères Dardenne. Avec de nombreux plans séquences, caméra à l'épaule, au plus près des acteurs, dont le jeune Idir Ben Addi, excellent.
Le jeune Ahmed est un film important, qui se veut un appel à la vie face aux relents mortifères de l'extrémisme religieux.
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